par Caroline Faget
Avant de commencer à peindre, l’artiste a besoin d’une toile vierge et blanche.
L’écrivain, lui, pose des mots sur le papier immaculé.
Toute création a besoin d’un espace libre pour prendre place concrètement et durablement.
Sinon il y a peu de chance pour qu’elle tienne dans le temps.
Une partie de nous, par peur du changement, ne parvient pas à laisser mourir ce qui doit l’être pour passer à autre chose.
Nous bloquons alors le processus naturel de création et d’évolution qui nous dit : « Abandonne l’ancien. »
Laisser mourir l’ancien pour accueillir le nouveau est souvent difficile car il s’agit d’une véritable transformation intérieure et extérieure. (Lire l’article « Le plus court chemin vers la transformation »)
Il s’agit de laisser mourir une partie de nous-mêmes.
Parfois, nous nous obligeons à vivre sur de l’ancien, sur des choses qui ne sont plus vivantes et qui ne nous font plus vibrer.
Nous ressentons alors un manque de joie, d’enthousiasme et de vitalité. Parfois nous avons l’impression de tourner à vide.
Il n’y a plus d’énergie mais nous continuons quand même par devoir, par peur, par manque de projet ou d’espoir. Mais au fond nous savons très bien que quelque chose est terminé. Nous avons suffisamment fait le tour de la situation pour comprendre que rien n’évoluera.
Nous avons bataillé pendant des mois ou des années en espérant que quelque chose change. Nous avons essayé à tout prix de continuer à vivre à partir de quelque chose qui ne fonctionne plus.
Et puis un jour nous baissons les armes car nous avons enfin compris qu’il n’y a plus rien à faire…
Le champ de bataille bruyant, violent et sanglant a laissé place à la désolation d’un paysage macabre et tristement silencieux. Tout est détruit. La guerre est finie.
Mais ici il n’y a ni perdant ni victorieux. Seulement et surtout la prise de conscience qu’un monde en nous est mort.
Nous avons définitivement pris conscience qu’un aspect en nous a cessé d’exister et qu’il est devenu vain de vouloir encore l’alimenter.
Nous sommes fatigués, abattus, vidés.
Alors un miracle se produit…
Après tant de violence, une paix religieuse nous envahit.
Nous avons cessé de livrer bataille et nous nous inclinons face à ce qui est.
Observer ce qui n’est plus et le laisser partir demande de l’honnêteté et du courage. Car cette prise de conscience laisse aussi un immense vide à l’intérieur.
Et c’est justement à partir de ce vide et de cet espace retrouvé qu’autre chose peut naître.
Accepter de ne plus essayer, accepter de voir les choses telles qu’elles sont, accepter de laisser mourir l’ancien. Tout cela nous permet de créer et de libérer l’espace intérieur nécessaire afin qu’autre chose puisse émerger.
Il s’agit d’une véritable réconciliation avec soi-même, à la fois avec un passé qui s’en va et avec l’inconnu d’un futur qui n’est pas encore là.
Nous avons lâché prise et nous sommes dans un espace de transition entre ce qui n’est plus et ce qui n’est pas encore.
Même si le vide est immense et la souffrance profonde, il s’agit d’un moment Sacré. C’est un moment de paix avec le Tout et avec l’immensité de la Vie.
Une porte s’est définitivement fermée mais une autre va pouvoir commencer à s’ouvrir. Nous sommes morts à nous-mêmes et nous allons naître à nouveau.
Nous sommes comme un nouveau-né qui s’abandonne dans les bras de la Vie.
Transmis par :
Et si vous osiez rayonner enfin la lumière que vous êtes ?
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