mirror-477484_960_720-compressor

par Christian Duval

Le sang des poètes coulait dans ses veines. Non pas un liquide mièvre et douceâtre permettant de flotter au dessus des réalités, mais un sang fougueux, plein de vie, de désirs de jouissances, de créer, de transformer, de s’exprimer, un sang neuf et ardent qui désirait un monde nouveau quitte à tout bouleverser.

En son âme, il était un peu poète, vagabond et révolutionnaire. Son regard volait au-delà des mièvreries du quotidien. Dans tout homme des barricades, dans tout Gavroche se cache un poète, un Victor Hugo, un Baudelaire, un Musset, un Molière, un Fabre d’églantine. Sa nature ardente était à la fois sa Muse et son ennemie mortelle, sa Morgane des profondeurs, celle qui par sa passion pouvait le mener à sa perte.

Comment un poète peut-il encore vivre de nos jours, dans un monde aseptisé, bétonné, goudronné, compartimenté, divisé, rationalisé, stérilisé, pasteurisé, endimanché, conditionné, manipulé Comment peut- il encore laisser sa Muse exprimer ses ressentis et émotions face à un mur de béton ou à une bouche de métro puante et grouillante d’humanoïdes gris à l’extérieur comme à l’intérieur.

Un poète ne peut se contenter de vivoter, d’accomplir chaque jour à la même heure des actes mécaniques et robotisés, d’obéir à des lois et horaires contraignantes et à des habitudes sclérosantes.

Yves était son prénom – son nom il ne s’en souvenait même pas- il l’avait oublié. Il avait tout simplement envie de « vivre et de laisser vivre », de sucer la moelle de la vie à chaque instant comme un gourmet qu’il était. Vivre ce n’est pas que penser c’est aussi agir et cela il le savait.

Les poètes aiment à imaginer un monde meilleur, parallèle à la réalité, embelli, un monde de paix où le fleuve de vie coule et jouit à chaque instant sans être obligé d’entrer dans des moules tous faits. Yves était ivre de liberté. Il voulait être libre de penser ce qui lui plaisait, de parler, de chanter, de danser comme il le voulait, d’aimer qui il souhaitait sans avoir aucune autorisation à demander à la sainte église, au maire du village, ou au Maître d’école. Il voulait accomplir chaque acte librement et en acceptait toutes les responsabilités ; il désirait avant toute chose agir librement et sans mesure, oser faire ce que d’autres n’osent pas faire ou dire sans avoir de compte à rendre à personne.

Cependant il se pliait à la voix de sa Muse et respectait la seule règle acceptable : l’acte accompli se devait d’être positif dans son aboutissement même si son accomplissement provoquait le chaos, le désordre ou choquait la morale ou la religion.

Il avait lu l’histoire de ce fou tibétain, de ce Bouddha peu connu -Drungpa Kunley , ce provocateur dont chaque acte était une bénédiction . Ce moine fou ayant réussi à se faire héberger dans un monastère tenu par des moines constipés qui se languissaient à longueur de journée en répétant des formules laxatives pour se sentir soulagés de leurs péchés nés de leur peur de vivre. Il leur avait apporté le chaos en leur racontant des histoires paillardes, en rotant à souhait, en buvant ou mangeant à outrance, en ronflant et en se baladant pratiquement à poil tout en exhibant à ces chers moinillons le pieu puissant donc le ciel l’avait pourvu. Pieu qu’il ne se lassait pas de montrer où qu’il soit .Ce qui lui permit aussi d’attirer de nombreuses donzelles dans son pieu afin de leur faire connaître l’extase de l’amour …

C’était un Maître dans l’art du tantra yoga et le Kâma-Sûtra n’avait aucun secret pour lui. Les jeunes vierges déflorées se trouvaient rapidement prises du désir d’illumination et nombreuses furent celles qui ont trouvé celle-ci suite à cette aventure insolite. Certes ce « fou » provoquait une belle pagaille mais que de lumière il avait aussi apporté par ses propos qui, quoique paillards et crus n’en coulaient pas moins du fût de sagesse et de compassion qui était en son cœur. Bousculer les habitudes était son occupation préférée – Yves était du même acabit.

Il savait qu’en chaque humain, habitaient deux personnages : celui extérieur qui se montrait à tous ; aimable, sociable, obéissant, poli, convenable, mesuré, raisonnable, manipulable, achetable, corruptible, instable, menteur mais diplomate, rentable , ajustable, conciliable, constipé, malade, colérique, frustré, réactif, ambitieux, critique et batailleur. Celui-ci r étant le Maître incontesté chez la plupart des individus. Quant à l’autre, celui qui est « dedans » est le poète, le troubadour, le jouissif, l’innocent, le naïf, le joueur, le clown, appelé aussi enfant intérieur, espiègle, rêveur, joueur, qui se complait à imaginer et à construire un monde meilleur.

Yves avait rencontré  » son enfant  » et il avait longuement dialogué avec lui. Il avait compris que tant que ce dernier serait frustré, limité, il ne pourrait pas trouver le bonheur. Il avait rapidement fait le rapprochement avec cet enfant divin dont parlent les écritures bibliques, ce petit Jésus innocent qui ne demande qu’à jouir de la vie. Mais alors pourquoi ? s’était-il dit, laissons nous Hérode , ce tyran ,ce mental qui veut tout maîtriser tuer ce petit être d’amour jusqu’à le crucifier …Il fit de cette révélation sa religion.

Pas question de crucifier ce petit chérubin qui habitait en son cœur. Mais il fallait l’aider à grandir et Yves avait décidé d’y consacrer son existence. Cependant, les résolutions ne suffisent pas, encore faut il accomplir des actes et seuls les actes démesurés, inhabituels peuvent permettre d’avoir un autre regard. Jésus n’a t’il pas marché sur l’eau ! Transformé l’eau en vin ! Ressuscité des morts !, guérit des malades le jour du sabbat !…que d’actes inhabituels et démesurés mais si révélateurs !

Il va sans dire que Yves ne fréquentait plus guère les Eglises de pierre, sauf quand il avait besoin de prendre le frais. Il s’était fait de nombreuses fois piéger par les « projections » dans le futur en allant consulter des « voyants » qui lui avaient décrit son avenir probable ,jusqu’au jour où il avait rencontré une voyante particulière. Voici une narration de cette rencontre peu banale :

-cher monsieur, vous voulez connaître votre avenir ? lui dit la voyante

-oui, bien sûr !

-voulez vous que je vous délivre un secret ?

-oui ! je vous en pries.

-si vous voulez connaître votre avenir, écoutez vos pensées d’aujourd’hui, elles vous indiqueront ce que vous vivrez demain.

-????????

– eh oui! Mon brave monsieur. Tout ce que vous pensez détermine ce que vous vivrez demain, devenir Maître de ses pensées c’est maîtriser son destin. Voulez vous toujours connaître votre destinée ?

-à vrai dire je ne sais plus trop que penser. Mais pourtant certains de vos collègues m’ont décrit certaines choses que j’ai vécu, ils ne se sont pas trompés

-normal, tant qu’on est manipulable, on subit son destin !

-que voulez vous dire ?

-dés qu’on prédit un événement on le provoque. Le futur c’est nous qui le créons dans le présent. Ces « voyants » ont induit dans votre inconscient une image née de la vision qu’ils avaient de votre aura de l’instant ; .comme s’ils avaient lu dans vos pensées, dans des pensées dont vous n’êtes pas conscient.

-comme si leur œil était une sorte de laser !

-exactement. ! et tant que vous ne maîtrisez pas suffisamment votre esprit, votre inconscient prend toutes les dispositions nécessaires pour que la prédiction devienne réalité. Voyez- vous, toute prédiction est une sorte de prise de pouvoir, rien n’est écrit d’avance.

-mais alors pourquoi faites-vous ce métier ?

-je ne prétends pas être voyante, je ne fais pas de prédictions mais des prévisions. .Mes connaissances en astrologie et tarot me permettent de connaître les influences du moment, un peu comme le fait un météorologue, je perçois la force des vents, les dépressions atmosphériques, les énergies planétaires .Je me refuse à faire des prédictions.

-Mais pourtant certaines prédictions sont agréables, et si elles se réalisent n’est ce pas un bien ?

-hélas non I, ce n’est pas toujours un bien. Vous pouvez gagnez au loto demain, ce qui vous permettra de faire le voyage autour du monde auquel vous rêvez mais qui sera peut-être votre dernière aventure si votre avion se crashe dans l’océan. Une prédiction même bénéfique n’est toujours que manipulation. Avez-vous remarqué que ceux qui fréquentent assidûment les salons de voyance sont déçus si la personne consultée ne leur dit pas ce qu’ils attendaient ?

-si ! c’est vrai.

– ceux- là sont encore pire car ils cherchent à se faire manipuler – sans le savoir – en voulant eux mêmes manipuler le voyant – pour que celui ci leur dise ce qu’ils attendent et ils sont ainsi manipulés par eux mêmes, ce qui leur coûte fort cher. !

Ce n’est qu’ensuite que la voyante lui révéla la signification des arcanes tirées…. elle termina la consultation ainsi :

-faites ce que vous aimez et aimez ce que vous faites. Soyez innocent comme la goutte d’eau qui sort de la source, laisser vous coulez doucement, soyez cool, faites confiance totalement à la vie et ne vous encombrez pas d’un amas de connaissances inutiles.

En fait son message ressemblait fort à celui du Fou tibétain. Yves avait ensuite erré quelque temps et lui de nombreux livres sur le lâcher prise, la liberté de penser et tout en notant soigneusement tous les phrases qui résonnaient en lui.

Puis, Il se mit à fréquenter les conférences sur des médecines naturelles, l’écologie, les thérapies nouvelles ce qui ne faisait que l’embrouiller davantage. Il tomba même sur certaines prédictions qui indiquaient clairement la fin du monde pour l’an 2012. Alors il s’était dit « , A quoi bon se creuser la tête pour changer les choses puisqu’on ne peut rien modifier, il y a juste à attendre.

Mais quoi ? Dieu existe vraiment ?, ou est-il une création de l’homme ?est-il possible qu’un Grand Etre ait tout décidé, en détails, et que nous soyons ses marionnettes ?, si je créais comment le créerait je moi ? Tels était ses sujets de réflexion.

Il rencontra des gens merveilleux, formidables, mais aussi de nombreux paumés qui rêvaient d’un meilleur monde, demain, ailleurs, dans un paradis situé dans une autre dimension….était ce possible. ? Tout cela ne l’amenait qu’à penser encore et encore sans aucun répit et s’en trouva fort insatisfait.

N’est ce pas encore une fuite que cette imagination tournée vers demain ?si Dieu est esprit et que je suis une partie de Lui, il est évident que je dois créer et pour cela il me faut surveiller mes pensées. Mais si je suis Dieu, je ne peux avoir peur de rien, il me faut oser, donner, avoir l’audace de vivre avec une certaine démesure, construire la maison de mes rêves, qu’elle soit ronde ou ovale ou bizarroïde, m’habiller comme je le sens, imaginer ma vie autrement, devenir un héros de légende…..celui de ma propre existence. » J’ai le choix se entre continuer à gémir et à attendre des miracles en croyant à une Source extérieure ou à devenir moi- même cette Source et subvenir à tous mes besoins.

La voyante lui avait parlé de goutte d’eau, désormais il se sentait Source.

Yves avait un franc parlé. Un langage de rue. Il employait parfois des mots argotiques qui choquaient certains de ses auditeurs. Il n’aimait pas tourner autour du pot et n’avait que faire de mots bien séants, et quand il disait « j’ai cru péter les plombs» c’était suffisamment imagé pour éviter toute explication complémentaire.

Il en avait rencontré des espèces de fous, des comiques, des provocateurs, de certains qui osaient prendre les sens interdits Certains le faisaient pour leur gloriole personnelle mais d’autres le faisaient vraiment avec leur cœur pour montrer à la foule bêlante et geignante qu’on peut « vivre autrement ».

La chèvre de Monsieur Seguin n’avait elle pas montré le chemin ? Et tous ces gens de plume : Molière, Rabelais, La Fontaine, Saint-Exupéry pour ne citer qu’eux n’ont ils pas emprunté la même voie. ?

La poésie qu’Yves désirait faire entrer dans le quotidien n’était pas une suite de mots calibrés, alignés, comptés en pieds ou quatrains, alignés sur une feuille blanche ….mais une poésie vivante…Oser mettre de l’irrationnel dans le rationnel, des couleurs dans un monde gris, de la fantaisie dans un monde rigide.

L’acte du poète se doit d’être révélateur et pour cela il est parfois provocateur. Oser faire ce que l’on sent profondément en soi libère une énergie, et fait exploser cette barrière qui retient l’enfant intérieur dans une prison étroite élaborée depuis la plus tendre enfance. Lorsqu’un bébé doit naître en ce monde, il est indispensable que le vagin de sa mère soit ouvert sinon il meurt N’en est-il pas de même avec cet enfant intérieur?

Lorsqu’il rencontrait quelqu’un mal dans sa peau, Yves sentait intuitivement le malaise qui habitait la personne, ce fantôme qui la hantait et par un acte conscient et délibéré, parfois choquant permettait à cette énergie d’être expulsée …

Il savait que tout mal-aise, non extirpé de la nature profonde de l’humain le ronge de l’intérieur.

Petit à petit il grignote le psychique et puis s’attaque au physique par le biais d’une maladie grave .Choquer pour guérir, était le remède qu’avait choisi Yves. Combien d’entre eux ont il prit le temps de penser que ce soir ils seront peut être morts ou malades, ou ruinés, ou cocus, ou prisonniers de fanatiques ? … probablement aucun.

Dans un monde bien huilé, confortable, aseptisé, conforme, réglementé, on n’a pas le temps de penser à ces balivernes. Mais lui, il y pensait, il savait parce qu’il avait vécu toute son enfance et une bonne partie de sa vie dans un monde mal huilé, sans confort, miséreux, et instable comme peuvent le vivre certains errants, ou clochards qui ne possèdent que le ciel pour toit.

Mais cette expérience lui avait été profitable, parce qu’il avait ainsi appris à accepter les changements dés qu’ils arrivaient : coucher ici ou là, faire l’amour avec la blonde ou la brune, vivre à Paris ou à Mexico, peu importe. Rien n’est jamais acquis définitivement, parce que rien n’est définitif …tout change à chaque instant….

La vision extérieure des choses ne lui brouillait plus la vue. Lorsqu’il mangeait il savait que ses aliments allaient nourrir les vers qu’il avait dans les intestins, quand il faisait l’amour à une femme ayant une poitrine superbe il lui arrivait de penser à ce qu’il y avait la dessous, peut-être de la silicone injectée, ou tout au plus des glandes mammaires, de la chair remplie d’hormones prêtes à fabriquer du lait. II n’était plus attaché aux apparences.

Un jour il rencontra une jolie femme, aux seins provocateurs et siliconés, aux fesses raffermies, à la peau retendue .Quand elle fut à poil devant lui – c’est-à-dire sans aucun poil- il eut soudain conscience que sa pilosité remarquablement présente le faisait ressembler à un singe et il fut pris d’un fou rire qu’il eut du mal à contrôler. Sa partenaire lui demanda alors pourquoi il riait ainsi et il lui dit « j’ai eu l’impression d’être un singe qui faisait l’amour à une poupée gonflable ». Il va sans dire que « madame » n’a pas du tout apprécié ce genre d’humour, susceptible qu’elle était, elle le gifla.

Yves était toujours prêt à accepter les responsabilités inhérentes à ses actes Son seul souci était d’aider l’autre à voir plus clair et madame « seins siliconés » à certainement suite à cet événement été amené à réfléchir sur l’événement. Cela l’a probablement amené à réviser son statut de femme. Etait- elle vraiment cette poupée Barbie pour qui on le prenait ? était elle consciente que les hommes couchaient avec elle uniquement pour baiser comme ils le feraient avec une poupée gonflable. ..Une Barbie pour assumer leurs fantasmes …. Était ce vraiment ce qu’elle voulait ? Cela s’avéra fort révélateur.

De plus en plus Yves était conscient de ses actes, aussi fous soient-ils. Il se prenait à penser « tant que mes actes sont répétitifs ils ne m’ouvrent pas de nouvelles perspectives , il est donc indispensable que j’aille au bout de mes actes au lieu de me contenter de petites actions minables et mesquines qui ne m’amènent qu’a éclater de colère suite à toutes mes frustrations. » .

Certes il fit des erreurs mais toute expérience comporte des risques. Provoquer ne doit pas être le but, « réveiller » est plus louable mais parfois les deux sont indissociables. Dans sa période d’apprentissage, il s’était fait piéger par qu’il avait plus réagi qu’agi spontanément et tout acte provoqué par une réaction aboutit à une destruction négative et cela n’était pas son but.

Il percevait l’existence comme un jeu de rôles permanents, selon l’action à accomplir. Il pouvait s’identifier à un acteur, l’imiter, essayer de penser comme lui, parler comme lui. Son théâtre à lui c’était la rue, le quotidien.

Pour jouer la pièce de sa vie il n’avait ni besoin d’élaborer des scénarios, de trouver des partenaires acteurs professionnels, de réaliser des décors grandioses, de louer des salles, de placarder des affiches, de vendre des programmes ou promulguer des tournées. Il se contentait de ce qui venait .Tout d’abord c’était le décor. Ce pouvait être une maternité, un cimetière, un supermarché, une église, un bordel, un bar, peu importe. Il prenait ce qui venait.

Après avoir jeté un coup d’œil sur le décor, il regardait les personnages présents, infirmières, caissières, putains, gendarmes, chiens, chats etc …et ce qui était en train de se passer. Après avoir perçu la globalité du scénario possible, il se décidait à entrer en scène et devenait à la fois acteur et metteur en scène. L’acte qu’il posait devait être suffisamment fort pour provoquer un choc, suscitant un début de scénario grâce aux intervenants présents qui ainsi devenaient acteurs sans le savoir.

L’acte suscitait des revendications, des approbations, des discussions, des disputes, ou tout le contraire. Il ne cherchait pas à s’amuser au détriment des personnes présentes mais bel et bien à révéler autre chose, à démontrer que le pouvoir de modifier les ambiances, les rôles, les situations était l’apanage de tout individu.

Un jour il rencontra une femme prés d’une fontaine. C’était en hiver. Il faisait très froid. Elle femme était accompagnée d’un petit garçon qui avait malencontreusement posé son bateau jouet sur l’eau de la fontaine. Et le petit navire s’en était allé naviguer au milieu de vasque. Là ou personne ne pouvait plus l’attraper. La mère en colère invectiva son garnement et lui ordonna d’entrer dans l’eau pour aller récupérer le jouet. L’enfant pleurait. Il ne voulait pas entrer dans l’eau glacée. La mère insistant, Yves se décida à entrer en scène et dit à l’enfant.

-non petit ! n’entres pas dans l’eau. Ce qui naturellement fit réagir la mère :

-c’est mon enfant, je fais ce que je veux !

-non madame ! sa vie ne vous appartient pas. Si vous tenez tant à ce bateau, allez le chercher vous mêmes. !

La mère fulmina et l’injuria mais Yves resta calme mais fermé ancré dans ses positions.

-quelques clochards attirés par l’événement approuvèrent Yves et la mère finit par céder. Elle alla se procurer un manche à balai dans une boutique proche et récupéra le jouet. La foule se dispersa et Yves continua son chemin.

Son intervention, aussi banale fut elle a probablement sauvé la vie de ce garçon qui aurait pu mourir d’hydrocution. Une fois calmée la mère comprendrait certainement la leçon, car il est certain qu’elle aimait son fils et grâce à Yves elle n’aurait pas à se reprocher pendant le reste de son existence d’avoir « tué « son fils en l’obligeant à entrer dans l’eau glacée.

Chaque personnage de cette saynète à pu ainsi extérioriser ce qu’il était en lui .Chacun joua son propre personnage. Yves qui était fin observateur s’était rendu compte que l’éducation sociale .religieuse, et morale de la société amenait les individus à endosser le rôle d’un personnage stéréotypé : le gendarme, le collecteur d’impôts, …un personnage qui joue le rôle qu’il a appris par cœur, tel un acteur conditionné par le texte de sa pièce.

C’est ainsi qu’à son insu il devint une sorte d’acteur des rues, improvisant ici ou là quand le besoin se faisait sentir et chaque intervention provoquait un petit miracle. La magie ne commence t’elle pas dans les actes tous simples comme l’a dit bien démontré Amélie Poulain qui avait été une sorte de Muse inspiratrice pour Yves.

Il permettait ainsi à chacun de jouer son rôle différemment : on peut-être gendarme et ne pas se comporter comme tous les gendarmes, ou être un percepteur est aimé pour sa générosité, sa sympathie plutôt que détesté. Yves par sa poésie réveillait la poésie de chacun et permit ainsi à chacun de jouer un rôle sans être identifié à un archétype culturel ou social.

L’avantage de ce théâtre quotidien c’est que la représentation est unique. Le décor change an permanence, les intervenants sont différents, les scénarios sont tous uniques. Il n’était point besoin de répéter la pièce, d’apprendre des phrases par cœur mais de laisser la trame s’improviser toute seule.

L’occasion lui fut donnée un jour de participer à un atelier de « « théâtre impro ». Il fut fort t surpris de constater que certains participants voulaient « improviser » tout en cherchant à l’avance ce qu’il allait dire. Ils montaient sur scène, remplis de trac face à cette situation inconnue.

Lors d’une séance d’expérimentation – et non de répétition car l’improvisation est incompatible avec celle ci – un événement « imprévu » força la petite troupe à une improvisation « improvisée ».

.

Le spectacle devait se passer à l’extérieur. Le ciel était bleu azur. Tout allait donc bien et la saynète débuta : le décor de celle ci consistait en une belle journée d’été dans un champ moissonné. Mais le ciel décida de faire une farce à la troupe.

Les anges de la pluie s’amusèrent à amener de gros nuages qu’ils percèrent à l’aide d’épingles affûtées tout en riant aux éclats. La pluie dégoulina à grosses gouttes sur la troupe alors qu’un acteur était en train de dire « nous allons certainement avoir une année de sécheresse ». Mince çà ne collait plus ! Il fallait tout changer.

Mais grâce à son talent d’improvisateur Yves modifia la trame du scénario et fit intervenir Dame la pluie qui s’était invitée dans l’histoire. Ouf I on est sauvé pensèrent les acteurs – il allait sûrement pleuvoir un bon bout de temps -donc il fallait assumer de continuer à jouer, trempés de la tête aux pieds …La trame de la pièce glissa allègrement vers les inondations mais les anges de la pluie donnèrent un grand coup de pied aux nuages pour les envoyer un peu plus loin. La pluie cesse sur le champ, le soleil darda à nouveau ses rayons et il fallut encore modifier le scénario.

Celui-ci se modifia multiples fois tout au long de la répétition et ainsi l’histoire s’écrivit toute seule. Yves était aux anges. Il comprit que le Ciel jouait avec lui et avec nous tous et que les êtres assis là haut sur les nuages étaient au spectacle et raffolaient de nos aventures. Ils n’arrêtaient pas d’intervenir, de jouer avec nous- comme le font aussi les animateurs des télés réalités.

La vie sur terre n’était elle donc qu’une grande farce pour faire rire Dieu et les Anges ?…en tout cas Yves en était convaincu et laissa alors le Poète qui vivait en lui exprimer toute sa joie, sa folie, son humeur, son extravagance, sa spontanéité, quoi qu’il arrive.

Certains se demanderont peut- être? Mais de quoi vivais t’il ? quel métier faisait-il pour « gagner sa vie» ? Lui même ne le savait pas. Il ne fonctionnait qu’a partir de sa propre loi et celle ci était « si je fais ce que je dois, que j’aime ce que je fais et que je fais ce que j’aime et que mes intentions sont pures, l’argent nécessaire viendra d’une manière ou d’une autre » et c’est ce qui se passa.

Jamais il ne thésaurisa « dame argent » il avait établi avec elle un pacte de pure improvisation. L’argent liquide ne doit-il pas rester fluide comme tout élément liquide ? À quoi bon investir dans la pierre, dans le dur ? Dans le figé ? Dans le cristallisé » puisque tout est éphémère.

. Quand il rentrait de l’argent il utilisait celui ci pour permettre à une personne de ses relations à exprimer ce qu’elle désirait et à réaliser son rêve. Il devint « faiseur de rêves ». Il œuvrait pour faire la nique à cet elfe gris qui souvent s’installe dans la tête des gens et s’amuse à les tourmenter, a leur imposer des croyances, obligations, a leur instiller des peurs jusqu’à les transformer en robots ou zombies.

Yves était à la fois créateur de rêves et chasseurs de fantômes. Dés qu’il sentait la présence d’un fantôme du passé dans la tête d’une personne, il se mettait en action pour chasser cet intrus et permettre ainsi à la personne de libérer leur enfant intérieur et ainsi réaliser leurs rêves.

Certains érudits constipés de la tête et autres intellectuels endoctrinés de croyances le prennent pour un fou mais où est la limite entre la sagesse et la folie ! Quelle différence y a-t-il entre folle sagesse et sage folie ; nul ne le sait ! Est-il vraiment sage de continuer à vivre dans un monde pris d’un vent de folie ? Probablement pas !

Yves percevait le monde de folie qui était omniprésent alentour. Ce sont les croyances qui engendrent les fous. Les fanatiques religieux sont tous des « croyants ». Yves avait cessé de croire pour Etre, il puisait son inspiration dans le jardin d’Eden de son cœur, là où son Enfant intérieur s’amusait à jouir et à se réjouir de chaque instant qui passe.

Christian Duval

banner_alchimie

GUIDANCE ALCHIMIQUE PERSONNALISÉE & ÉTUDE DE VIE

PROPOSÉS PAR CHRISTIAN DUVAL ICI…

 

 

Retrouvez toutes les chroniques de Christian Duval sur la Presse Galactique !

[widgets_on_pages id= »COPYRIGHT »]