par Bertrand Duhaime
L’ESPOIR
L’espoir représente l’aspect humain et contingent de l’espérance qui, elle, est une vertu spirituelle. Il est lié aux projets et aux désirs qu’un être entretien pour l’avenir. «L’espoir fait vivre», dit-on communément, laissant entendre que, sans lui, un être ne devient plus que l’ombre de lui-même et ne peut que vivre dans l’inquiétude, l’amertume et la tristesse. Pour l’être incarné, avoir de l’espoir, c’est croire qu’il peut recourir à sa propre énergie pour atteindre un objectif ou améliorer la qualité de sa vie. Tout commence avec l’idée que tout a un sens et que rien n’est jamais désespéré. L’espoir l’empêche de renoncer, sauf si l’objectif visé dépasse d’évidence ses moyens réels ou sa compétence, auquel cas il doit savoir accepter et s’adapter de bonne grâce. Car l’espoir n’appelle quand même pas à dépenser en vain son énergie. Mais il rappelle que, même en cas d’échec, le jeu n’est pas terminé.
Par bonheur, dans toute situation, même la plus pénible, un être peut toujours trouver un petit rayon lumineux, filtrant dans les ténèbres, auquel il peut se raccrocher. Il y a toujours une occasion à saisir, une possibilité nouvelle à explorer. Chose certaine, un être met plus d’énergie à se tirer d’un mauvais pas s’il croit qu’il existe une issue. Et plus la solution semble accessible ou imminente, plus son espoir grandit.
Mais il existe des formes d’espoir qui amènent à vivre dans la passivité en raison de cette conviction que tout finir par se régler de soi. C’est de la fatalité. Chacun doit garder ses affaires en main et veiller à la résolution de ses problèmes dans l’immédiat. Nul ne peut attendre de l’extérieur ou de l’avenir la solution que lui seul peut apporter en engendrant de nouvelles conditions ici et maintenant.
«L’espoir fit vivre», dit-on communément. C’est le sentiment qui amène à se coucher dans la croyance que tout peut aller mieux le lendemain ou plus tard. C’est donc aussi le sentiment qui permet de se lever un peu plus confiant et serein parce qu’il y a, par l’expérience acquise, la certitude que tout ne peut pas toujours aller mal et que tout finit par se régler. Sauf que l’avenir rêvé ne s’accomplit à peu près jamais comme un être l’avait espéré. L’espoir est presque toujours déçu, dans sa part d’attentes précises, se révélant, plus souvent qu’autrement, comme une illusion. Mais il n’en donne pas moins une raison de vivre et de continuer à vivre.
L’espoir comporte le sentiment de confiance qui porte à assumer qu’une réalisation, fondée sur le désir du bien, est atteignable. Il détient le souhait qu’une réalité soit vraie ou se réalise, mais sans aucune certitude que tel puisse être le cas. C’est le moteur qui active un potentiel, il attire une nouvelle énergie qui illumine un moment de ténèbres et qui permet de remettre sa vie en question, d’attirer un heureux renversement de situation, ce qui aide à mieux comprendre la dynamique de la vie.
L’espoir se fonde sur l’intuition, de caractère irrationnel, qui, comme une lumière faible et fragile, engendre un état d’attente ou d’expectative, même s’il ne dissout pas entièrement les ténèbres. Il n’exprime jamais la conviction absolue en la réalisation d’un projet précis, dans la solution certaine à un problème, dans la perception de la direction claire d’une voie à suivre, mais un vague sentiment inexplicable qui laisse croire que bientôt pourra se lever un nouveau jour. Il illustre comment la volonté de vivre peut garde un lien avec les ressources mystérieuses et nécessaires qui laissent entrevoir une possible issue salutaire, même dans les pires catastrophes ou dans les moments les plus sombres. Lorsqu’une personne réussit à percevoir ainsi la moindre lueur, qui émane en fait de son Étoile intérieure, sa vision des difficultés s’en trouve radicalement changée.
Cette lueur ne prend jamais naissance dans son intention, mais dans les ruines mêmes de son passé écroulé, appelant à agir comme si, dans sa chute ou sa déchéance, il souhaitait tirer un bénéfice ou un bonheur d’une telle expérience. Alors, on peut percevoir l’espoir comme cette part de soi qui, en dépit des chagrins et des épreuves, cherche encore à s’accrocher à une signification ou à un avenir possible. En spiritualité, on dit qu’il procède du Père divin et de la Mère céleste puisqu’il provient du Christ. Il invite à éviter de perdre le contact avec le Ciel ou avec son Centre intime. Car, lorsqu’on a fait de son mieux, on peut vivre dans la confiance et escompter que la Providence s’occupera du reste. Mais il faut prendre bien garde que cet aimant de la réalité future n’empêche ce qui est déjà là et réprime l’action efficace et pertinente.
Un certain Albert Trinh a dit : «Sans la capacité à imaginer un futur possible, nous n’avons plus qu’en ligne de mire ce passé sombre qui noua conduit à ce présent tragique.»
L’ESPÉRANCE
L’espoir est à la raison, donc à la tête ou au mental, ce que l’espérance est à la foi, donc à l’âme, dit-on.
Dans la Tradition chrétienne, l’espérance désigne une vertu théologale, donc capitale, qui implique le sentiment qui fait entrevoir comme probable la réalisation de ce que l’on désire ou par lequel on s’attend toujours au mieux parce qu’on fait confiance à Dieu qui est infiniment bon, juste et aimable. L’espérance chrétienne repose sur la certitude d’un salut par procuration qui rend possible l’accès au Royaume céleste pour celui qui mène une bonne vie, donc qui accomplit la volonté de Dieu. L’espérance spirituelle maintient une confiance totale en Dieu et dans son Plan parfait. Elle se fonde sur la certitude que Dieu, qui a créé l’homme à son image et à sa ressemblance, a placé en lui tout ce dont il a besoin pour s’accomplir, ce qu’il peut progressivement découvrir, à travers les hauts et les bas, au gré de ses expériences. «Avant même que vous ayez demandé, vous avez déjà tout reçu.»
L’espérance implique le fait que, puisqu’il n’y a pas de hasard, chaque expérience représente ce qui est à vivre dans l’immédiat et qui fait partie du pas quotidien sur le Sentier évolutif. Ainsi, pas à pas, chacun peut compter finir par s’accomplir dans la Lumière ce qui ne peut se faire qu’à son rythme et à sa manière, selon sa compréhension et ses moyens. L’espérance du chercheur spirituel, c’est qu’il est déjà sauvé. Ainsi, dès qu’il connaît la bonne nouvelle, il n’a plus vraiment besoin d’espérance pour poursuivre sa route.
Au sens religieux, l’espérance est une vertu théologale, donc capitale, soit une réalité dont l’objet est Dieu et que seul ce dernier peut donner à l’homme. Au sens catholique, il s’agirait de la confiance d’obtenir dans l’avenir, par les mérites de Jésus-Christ et par l’obéissance personnelle aux lois divines ce que le Créateur a promis, c’est-à-dire, d’abord, sa grâce (faveur ou aide gratuite) sur la Terre et, en outre, le salut éternel au Ciel. Ainsi, dans cette perspective, l’espérance serait le moyen par lequel un être désire, comme bonheur suprême, le Royaume des cieux et la vie éternelle, en plaçant sa confiance dans les promesses du Christ, en raison de ses mérites, et en prenant appui, non sur ses propres forces, par exemple, dans une vie conforme à la doctrine, mais surtout sur le secours de la grâce du Saint-Esprit. Ainsi, l’objet de l’espérance serait le salut, le bonheur béatifique, la participation éternelle à la gloire de Dieu.
Comme on le comprend fort bien, dans cette acception religieuse, l’espérance est une vertu capitale, sœur de la foi et de la charité. Dans les religions, on la dit théologale parce que, devant être infusée par Dieu, elle impliquerait une transcendance, d’où elle ne pourrait être d’aucun secours pour l’incroyant ou l’athée. Certaines sectes, comme les Mormons, la conçoivent comme une attente confiante et un vif désir des bénédictions promises aux justes, la vie éternelle, par les mérites de Jésus-Christ.
En fait, en spiritualité, on dit plutôt que, chez l’être incarné, elle résulte, comme un lointain écho, d’un vague souvenir du Monde idéal des origines auquel il aspire à retourner et de sa Puissance innée qu’il souhaite récupérer. Dans son aspect contingent, celui du quotidien, c’est l’état d’être qui aide l’être humain à entrevoir comme probable la réalisation de ce qu’il désire, à savoir, d’abord, l’accomplissement spirituel et, en proportion, l’accroissement du bonheur, comme fruit de ses efforts quotidiens dans son choix d’ouvrir sans cesse davantage sa conscience. C’est la petite flamme qui confère la patience et assure la constance et la persévérance dans le projet évolutif. En spiritualité, elle devient la confiance qu’au terme des tribulations de l’expérience terrestre, l’être incarné parviendra un jour à participer à la Gloire de Dieu. Elle repose sur la promesse du Créateur, qui ne fait qu’Un avec l’humanité, de maintenir avec ses créatures une Alliance éternelle qui donne l’assurance qu’il ne les laissera jamais tomber, qu’il les ramènera, en temps opportun, au Foyer originel dans la Félicité parfaite. Le Plan divin implique de facto cette issue bienheureuse.
Tant qu’il croit à quelque chose qui puisse lui apporter plus de savoir, de bien-être ou de réalisation, l’être incarné cherche à le manifester. Lorsqu’il ne ressent plus une réalisation comme possible, frustré, il déprime et abandonne. Voilà pourquoi ce merveilleux état de conscience l’aide à toujours s’attendre au mieux, pour sa réalisation, parce qu’il met sa confiance en l’Absolu, conçu comme omnipotent, fiable et infaillible. Il fait croire que, dans un monde de conception divine, au bout du compte, il n’existe aucun danger, pas davantage de quête vaine, d’échec complet, d’expérience inutile, de souffrance stérile. C’est un fait que, dans toute expérience, heureuse ou malheureuse, l’être incarné apprend, ce qui lui permet d’avancer sur le Sentier de la Vérité, de l’Amour et de la Sagesse.
Ainsi, l’espérance ne procède pas d’un vain souhait, mais d’une attente fondée sur une intuition, prometteuse du bien auquel son porteur aspire. Elle permet d’avancer dans la confiance et la sérénité, de répéter les expériences ou d’en choisir de nouvelles, afin de l’atteindre. Elle se fonde sur la certitude de l’existence d’une Puissance infinie, toujours disponible, que rien ne peut contrecarrer et qui empêche d’échouer pour de bon, ce qui ranime sans cesse la volonté et stimule la détermination de poursuivre l’exploration du monde et de son Être. Au gré des jours, elle permet à travers les difficultés de l’être incarné d’affiner ses facultés jusqu’à rendre possible les impossibles apparents. Elle amène un être à se reprendre encore et encore jusqu’à ce qu’il découvre qu’il ne peut trouver son unique plénitude, au-delà de la vie contingente ou ordinaire, que par la fusion dans l’Absolu.
Dans l’espérance, il y a moins de certitude que de vagues, mais lancinantes, probabilités. Elle provient de l’Alliance divine éternelle, ce pacte de mutualité que le Créateur a conclu avec sa créature mentalisée. Pour l’être incarné, elles proviennent du souvenir diffus, par son lien spirituel avec la Source unique, de ses origines spirituelles, à titre de créature engendrée à l’image et à la ressemblance de son Concepteur. Cependant, par les confirmations qu’elle engendre au fil de l’expérience, par la loi d’Attraction, dans la mesure où elle est soutenue, elle mène à des certitudes qui renforcent la foi et amplifient la charité, faisant grandir dans l’Amour pur de l’Absolu.
L’espérance relie à Dieu. Sans la notion de l’Absolu, elle devient vaine. Autrement dit, si Dieu n’existe pas, chacun peut y avoir de l’espoir, mais nul ne peut y avoir d’espérance, puisque l’espérance se fonde précisément sur la confiance dans la Promesse éternelle du Créateur, dit Dieu. Or, si elle vient à manquer, tout s’écroule et elle devient impossible. Du moins, elle perd son sens. De ce fait, l’espérance représente l’une des forces dont l’être incarné a besoin pour vivre. Elle prend toute son importance dans la perspective des obstacles à vivre qui parfois obnubilent la conscience et font plonger dans le doute. Car l’espérance prend toute son importance surtout quand tout s’assombrit et que tout se complique.
C’est rarement quand tout va bien qu’on se pose de bien grandes questions, qu’on se pose les bonnes questions. Ainsi, l’espérance devient la petite flamme qui, aux heures pénibles, empêche de sombrer dans la tristesse, la confusion, le désespoir complet empêchant de croire que la vie n’ait pas de but, ce qui ne pourrait que remplir de crainte, d’amertume et d’une envie de démissionner. Elle prend ses racines dans le fait que Dieu ne peut tromper ni se tromper, qu’on peut se fier dans sa parole infaillible et irrévocable. Elle inculque le mouvement sans cesse en avant vers une réalité meilleure. L’être incarné a besoin de l’espérance, car, sans elle, il ne saurait vivre. Elle détermine la place qui est à faire, en soi, dans l’immédiat, pour que tout se maintienne dans la bonne direction et s’accomplisse au mieux.
Mais ce désir doit d’abord concerner l’avancement spirituel et l’accroissement du vrai bonheur. Cette vertu se fonde sur l’intuition que, dans un monde de conception divine, il n’existe nul danger, nul échec, nulle contradiction, nulle expérience inutile, nulle souffrance stérile. Et, dans un monde évolutif, toute expérience, heureuse ou malheureuse, permet d’apprendre et de progresser sur la Voie de l’accomplissement. Cette énergie en relation avec la volonté et la détermination, qui donne l’impulsion vers la beauté, émane de la Lune par l’influence de l’ange Gabriel. Loin d’être une attente vaine, elle porte à calmer son esprit et à invoquer la Puissance infinie, que rien ne peut contrecarrer, maintenant hors de l’obscurité. Alors, même dans les moments les plus durs, elle permet au flot de l’énergie de s’écouler à travers soi et d’élargir peu à peu son chenal menant à la réalisation de son aspiration.
L’espérance fait croire que, dans un monde divin, il n’existe pas de danger, pas d’échec, pas d’expérience inutile, pas de souffrance stérile, au bout du compte. Dans toute expérience, heureuse ou malheureuse, l’homme apprend, l’homme avance sur le Sentier de la vérité, de l’amour et de la sagesse. D’après la Cabale, l’espérance, c’est l’énergie émanée de la Lune, diffusée par l’ange Chamaël (Kamaël). Elle est en relation avec la volonté pour motiver l’homme à l’aspiration spirituelle par le biais de la purification constante et de la recherche de la beauté. Quand on croit au bonheur, on cherche à le manifester. Or la Lune constitue le Paradis terrestre, le Lieu édénique, le Royaume perdu, la Maison de la Félicité déchue que l’être humain cherche constamment, de façon consciente ou inconsciente, à retrouver en premier, avant d’aller explorer d’autres Cieux.
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