par Bertrand Duhaime
Un bouddhiste, Chögyan Trungpa, enseigne: «Il faudrait envisager le donner-et-recevoir comme un échange naturel, quelque chose qui se produit tout simplement.»
Pour les plus âgés, encore aujourd’hui, pour les Chrétiens, c’est depuis leur plus tendre enfance qu’ils entendent parler de la valeur du don. Pour eux, savoir donner et recevoir, cela fait naturellement partie du partage et de l’échange, tel que le stipule la Loi cosmique. Ainsi, pour la plupart, ils ont appris à donner assez spontanément, sans attente, sans compter, sans espoir de retour comme l’une des conditions de plaire à Dieu et de mériter leur salut, ce qui en fait des victimes facilement exploitables par les jeunes. Ils devaient s’astreindre à donner à autrui, à échanger avec eux, à partager le meilleur de leur être, de leur temps et de leur avoir, à les aider quand ils étaient dans le besoin, même si cela ne leur convenait pas toujours ou s’ils n’en avaient pas le goût, s’imposant de se rendre disponibles, au détriment de leurs propres nécessités, par exemple lors de corvées d’entraide auprès de nécessiteux, après une catastrophe ou un cataclysme. Il leur fallait simplement donner comme témoignage d’amour ou de charité, de civisme, de solidarité, de fraternité, d’humanité, parce que, disait-on, il n’y avait rien de plus noble que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. Mais les formateurs de l’époque ont bien peu parlé de la nécessité de savoir recevoir. Ils ont négligé d’expliquer qu’avant de donner, il faut avoir appris à recevoir. Car qui peut avoir sans avoir accepté de recevoir?
N’est-il pas étrange que ces gens, pourtant intelligents, aient appliqué la loi du don et du redon en insistant sur le don, mais en oubliant l’aspect du redon? Ainsi, ils ont imprégné la conscience de ceux qu’ils ont formés du principe du don, du partage et de l’aide à autrui, mais ils ont oublié l’aspect du rechargement, qui passe par le savoir recevoir dans le même amour, la même simplicité et la même dignité qu’il faut savoir donner.
Pourtant, celui qui donne, donne et donne encore, veillant à ne se recharger par lui-même, sous prétexte qu’il ne doit accepter de recevoir qu’en cas de dernière nécessité ou qu’il ne veut rien devoir aux autres, repousse la réalisation de ce qu’il désire ou de ce à quoi il aspire. L’échange à sens unique épuise et dévitalise, confinant à l’inanition… et à une disparition prématurée. Qui refuse ou néglige de recevoir dans le même état d’esprit qu’il sait donner se refuse le droit à la croissance, à l’expansion, à la prospérité, à la plénitude, d’où il ne peut que se flétrir et régresser.
En fait, c’est une manière de priver un auxiliaire d’incarnation du privilège de jouer son rôle fonctionnel d’instrument ou de véhicule de l’Approvisionnement divin, ce qui l’amène à s’écarter pour aller accomplir ailleurs sa mission, sans avoir pu s’identifier. Car, par contrat antérieur à l’incarnation, tout être incarné s’est fait accompagner d’auxiliaires lui permettant, s’il en maintient le choix, autant de développer ses compétences, d’affiner ses connaissances ou de démontrer les forces qu’il s’est découvertes, que d’accepter que d’autres suppléent aux carences qu’il porte dans d’autres domaines, puisqu’il ne peut tout apprendre et découvrir en une seule vie.
Il est certain que, pour éviter que l’eau d’une citerne, symbole ici de l’énergie omniprésente, stagne et se corrompe, il faut qu’elle circule constamment. Mais le fait de circuler constamment implique autant un dispositif d’évacuation qu’un autre d’alimentation. Car nulle citerne ne peut donner ce qu’elle ne contient pas ou ne contient plus : nulle citerne vide ne peut assurer la survie d’un assoiffé, encore moins d’un grand déshydraté. De même, tout appareil électrique fonctionnel comporte un dispositif d’entrée de l’énergie et un autre de sortie.
Dans toute communication, qu’elle soit de l’ordre de la conversation ou d’un autre ordre d’échange et partage, il faut deux pôles : un pôle émetteur et un pôle récepteur d’égale valeur. Dans l’ordre de la semence et de la moisson, un riche ne pourrait apprendre la nécessité et la grandeur de donner généreusement dans l’amour inconditionnel et impersonnel, sans jugement ni attente, s’il n’existait pas de pauvres. Il est aussi difficile de maîtriser la technique du véritable don amoureux que celle de la réception amoureuse. Après des années d’études, un médecin ne parviendrait pas à parfaire sa compétence sans l’existence des patients ou clients que sont les malades. Le diplôme d’enseignement d’un professeur ne servirait à rien, ne pouvant même pas lui servir de gagne-pain, s’il ne trouvait une institution lui permettant d’instruire d’éduquer des étudiants. De même, les parents qui ne peuvent procréer des enfants ou en adopter ne peuvent pas découvrir et comprendre grand-chose de ce rôle traditionnel de l’éducation, à part ce qu’ils peuvent saisir par l’observation de l’expérience d’autrui. Qui veut se divertir ou s’exercer au jeu du lancement d’une balle doit autant accepter de la lancer que de la saisir au vol, quand un partenaire de jeu la lui relance.
Celui qui dirige trop son énergie sur lui-même, ne sachant que prendre et accumuler, devient une citerne qui s’expose à exploser. Celui qui oriente trop son énergie vers les autres, ne sachant que remettre et donner, devient une citerne qui s’expose à imploser. Toute citerne doit rester ouverte à son niveau supérieur, comme à niveau inférieur, ce qui assure la libre circulation de ce qui y entre. Pour assurer que le niveau de l’eau y reste stable ou y augmente, il faut que le débit reste le même à l’entrée qu’à la sortie ou qu’il augmente à l’entrée.
Du reste, dans l’ordre du partage et de l’échange, un être ne doit partager que ses surplus, puisque la plus large part de ce qu’il s’attire doit servir à combler ses propres besoins, à lui assurer le nécessaire (qui est de l’ordre de la survie, même de la vie dans le bien-être) et l’essentiel (qui est de l’ordre de l’accomplissement personnel ou de l’évolution individuelle). Les vases communicants qui partagent par le bas amènent deux vases à s’équilibrer au point d’équilibre de ce que contiennent l’un et l’autre vases : la plupart du temps, l’un y perd beaucoup tandis que l’autre y gagne d’autant. Ceux qui partagent par le haut assurent que le vase le plus plein ne déverse dans l’autre que ce qui fait part de ses surplus, sans soustraire de la part qui assure sa propre efficacité et qui comble les besoins de sa propre vie : l’un partage, comblant une part de la vacuité de l’autre, mais sans s’appauvrir et sans s’exposer au danger de régresser, tandis que l’autre s’en trouve grandi ou enrichi.
Qui sait observer la Nature avec attention en tire toujours de salutaires leçons puisque tout se passe en haut comme en bas, mais de façon inversée. De même au Ciel, de même sur Terre, dans un Jeu amoureux éternel de réflexion du Sujet divin à son Objet, de son Image (sa Réalité) à sa Ressemblance (son Reflet ou sa Projection). Qu’une citerne reçoive trop par rapport à ce qu’elle émet ou qu’elle émette trop par rapport à ce qui l’alimente, il s’établit un déséquilibre inquiétant. Il en va ainsi de la vie que celui qui va faire ses courses ou ses emplettes gagne à apporter ses propres sacs lui permettant le transfert des denrées ou des biens d’un endroit à un autre. De même, celui qui veut recevoir doit préparer des paniers pour accueillir ce qu’il désire. Mais, dans toute transaction, comme dans tout achat, il devra offrir sa quote-part qui lui permet que l’échange se produise. Et il ne gagnerait rien à acheter des produits sans les rapporter à la maison, car ils ne les auraient pas au moment où il en aurait besoin.
Dans un univers où le Grand Approvisionneur cosmique, qui n’est nul autre que la Providence divine, s’exprime dans l’Unité, chacune des étincelles du Grand Tout doit être prête à recevoir les dons de la vie, comme à les partager avec ses semblables, voire avec toutes les créatures. L’acte de recevoir est aussi sacré et indispensable que celui de recevoir, et inversement. Tout ce qu’un être se voit proposer représente, en quelque sorte, un présent d’amour divin à travers l’un de ses instruments incarnés. À lui de déterminer s’il en a besoin ou pas, s’il lui convient ou pas, s’il capte la leçon qu’il peut en tirer.
Par sa loi de Causalité (action et réaction ou cause à effet), l’Univers ne comble que ceux qui savent trouver l’équilibre entre l’accueil et le don, s’ouvrant ensuite à l’accueil du retour tout en veillant immédiatement à la part de redon (environ dix pour cent de ce qui est reçu). Donner et recevoir font partie du même processus de partage et d’échange, sauf que l’acte de recevoir doit précéder celui de donner. N’est-ce pas le message que lance l’enfant nouveau-né, dans son dénuement et sa dépendance jusqu’à sa maturité?
Du reste, c’est même un service cosmique à rendre à ses compagnons d’incarnation que d’accepter de prendre ce qu’ils proposent d’offrir, si cela est d’une quelconque utilité ou d’un quelconque bénéfice. Il s’agit de recevoir, de bénir amoureusement, de partager et de rester ouvert à une plus grande abondance. C’est ainsi qu’un être apprend, en s’efforçant de lui ressembler, à devenir opulent comme son Créateur qui, à titre de Source de toute richesse, est d’une abondance infinie. Il suffit, même quand on a beaucoup, de continuer d’accueillir, de rester détaché de ce qu’on reçoit, de savoir remercier sincèrement pour ce qu’on est et pour ce qu’on possède déjà.
Nul être ne recevra jamais ce qu’il désire ou ce à quoi il aspire s’il ne s’ouvre pas à recevoir autant qu’il donne. Qui ne sait pas recevoir ne peut pas voir sa situation changer pour le mieux, attirer ce qu’il désire dans sa direction, car il exprime alors tacitement, en repoussant ce qui lui revient, le fait qu’il n’est pas digne de croître et de prospérer, qu’il ne mérite pas qu’il en soit ainsi pour lui. Il en est de même lorsqu’il économise inutilement : il proclame qu’il n’a pas droit à ce qui est cher, coûteux, onéreux ou qu’il n’est pas digne de se procurer une réalité au prix demandé. Il s’évalue à rabais, payant, par un retour de plus grande pénurie, le prix de sa piètre évaluation.
Car il appartient à chacun de s’évaluer dans l’accomplissement de ses œuvres, pas à Dieu. Ce qui fait la différence entre un riche et un pauvre, c’est que le riche sait se donner, se permet de dépenser sans compter, dénué de toute peur du manque, alors que le pauvre se croit emprisonné dans son rôle misérable pour la vie. De par l’arbitraire du destin, il se croit né pour un petit pain, il se fait valet au pays des rois. Pourtant, celui qui se réduit, jusqu’à se faire tapis, n’a pas à se surprendre qu’on s’essuie les pieds sur lui.
Comme je l’ai appris dans ma propre expérience, celui qui donne trop se dévitalise et s’appauvrit et il s’expose à l’ingratitude des autres au point, après trop de blessures apparemment injustes, de devoir s’isoler un jour dans une solitude amère. Les autres prennent trop rapidement pour un dû ce qui représente une offre gracieuse et un surplus dans leur vie, mais qui est fourni ou présenté régulièrement. Il est peu apprécié, dans son être et dans ses créations, parce qu’il s’évalue à rabais, s’installant dans un certain état d’infériorité, même si son motif secret consiste, dans sa dépendance affective, à acheter l’amour d’autrui. Nul n’accorde une grande valeur à ce qu’il réussit à se procurer à vil prix. Mais, dans un juste retour, c’est se faire bien payer pour son incompréhension de la dynamique de la vie.
En revanche, celui qui ne donne pas assez, s’attire la suspicion sur ses intentions. Considéré comme un égoïste, un exploiteur, un pilleur, un prédateur, il est repoussé, isolé. Souvent, dans sa possessivité et son accaparement, c’est lui qui, comme un misanthrope, choisit de s’écarter des autres par peur de se faire prendre injustement. Il s’assèche, il se crispe comme un rapace, il devient suspicieux, sévère et hargneux, très diviseur. Il voit un ennemi potentiel dans tout être qui l’approche. Pourtant, curieusement, c’est souvent l’être le plus généreux qui est le plus suspecté d’exploiter les autres. Mais cela, c’est une autre histoire…
N’est-il pas étonnant que des gens dépensent autant en achats superflus, vains et inutiles, qui ne servent qu’à masquer les apparences, à perpétuer la dualité, à renforcer la densité ou à entretenir les illusions, notamment la peur de vieillir et de s’enlaidir, alors qu’ils n’ont jamais d’argent pour se procurer les documents qui pourraient les instruire et former leur conscience à un plus grand bonheur et à une plus grande plénitude. Et ce sont souvent les Européens qui sont les plus pingres, les plus subtils et les meilleurs dans cette tentative de prédation.
Ainsi, combien de fois les gens ne me font-ils pas savoir, dans un désir de m’émouvoir de leur sort et de m’amener à leur fournir mes documents gratuitement : «Pour avoir lu certains de vos document inspirés, je sais à quel point ils sont pertinents et instructifs. Mais, à mon grand déplaisir, parce que je suis étudiant ou autre chose, je dois admettre que je n’ai pas l’argent pour me les procurer». Et si je ne me soumets pas à leurs attentes indues, dans un arrangement ou une concession, on me boude, on m’invective, on me traite d’imposteur qui monnaie la Lumière, on se retire de la liste d’amis virtuels, on ne donne plus de nouvelles, on passe ailleurs pour poursuivre son frauduleux manège de tenter de tout obtenir pour rien. Je comprends ce réflexe, jusqu’à un certain point, car, du temps où j’étais moins argenté, je trouvais toujours trop cher et je trouvais souvent à redire. Mais, avec l’expérience, j’ai découvert que celui qui économise s’attire la pénurie qu’il craint, ce qui est encore plus vrai de celui qui s’empêche de rémunérer les autres à leur juste valeur, surtout en matière de partage d’énergies lumineuses, car le juste retour, le choc en retour ou l’effet boomerang devient plus puissant. Surtout que la Providence n’apprécie pas trop ceux qui méprisent ou négligent ses messagers.
Dans la réalité, rien ne donne rien: nul ne peut tirer le moindre avantage d’un enseignement spirituel, s’il n’offre pas sa quote-part. Il se leurre s’il croit le contraire. En effet, chacun, dans sa responsabilité, n’est-il pas appelé à savoir déterminer ses priorités et à investir en conséquence de l’importance qu’il accorde à chaque réalité, puisque nul n’a le droit de recevoir ou de prendre sans d’abord donner? Si on juge une chose importante et qu’on n’a pas les moyens de se la procurer, ne devrait-on pas s’en passer et chercher en soi ce qui fait obstacle à l’Approvisionnement universel plutôt que de projeter son amertume sur autrui? En tout cas, pour ma part, j’ai toujours su être généreux et compréhensif pour ceux qui n’ont vraiment pas les moyens, dans la mesure que je sais qu’ils savent s’aider eux-mêmes. «Aide-toi, et le Ciel t’aidera!»
Même chez les gens qui se disent éveillés, on veut tout obtenir pour rien, en oubliant qu’on ne peut prospérer que par la semence et la récolte. Tel on évalue un autre, tel on est évalué. Alors, basta les critiques et les appréciations malveillantes! Ce ne sont là que des prétentions et des balivernes qui surgissent, chez un être ignorant, tiède ou indécis, de l’incompréhension des lois de la Vie! Se procurer ce qui fait le nécessaire assure la survie, mais se procurer ce qui représente l’essentiel, fait la vie, permet d’être vraiment. C’est ce qui ouvre la conscience et rapproche de l’accomplissement. Et cela, c’est question de savoir ce qui importe le plus de manière à bien établir ses priorités. Si j’avais agi ainsi, du temps de ma formation, je ne serais toujours qu’un endormi qui se prend pour un éveillé, pour avoir tenté de spolier en vain le savoir d’autrui. Ce qu’on ne sait pas apprécier à sa juste valeur ne rapporte jamais les bénéfices escomptés.
Investir où cela importe, c’est un don amoureux qu’on se doit à soi-même. Chacun gagne à savoir se procurer au prix indiqué ce qu’il juge important pour son évolution. Pourquoi un autre accomplirait-il ce geste gracieux à son endroit quand, dans sa peur de la pénurie, il n’a pas le courage de se donner à lui-même et ne fait pas confiance en l’Approvisionnement universel? En cela, la cause précède l’effet.
Recevoir, c’est se préparer à donner, quand donner, c’est se préparer à recevoir plus encore. Autrement dit, ici-bas, tout être reçoit pour donner et il reçoit par la suite dans la même mesure qu’il continuer de recevoir, tout en acceptant de redonner. C’est la seule manière de maintenir l’énergie vitale en circulation et de l’amener à se multiplier au centuple, dans la mesure où le don est accompli dans la pureté d’intention, la spontanéité, la sincérité, la confiance, l’amour, le détachement, le non-jugement, donc sans attentes ni arrière-pensées.
ÉTABLIR UN JUSTE ÉQUILIBRE ENTRE LE DONNER ET LE RECEVOIR
L’équilibre se situe toujours au point du juste milieu entre deux extrêmes, qui représentent des abus ou des excès néfastes. Or, en tout, il faut savoir trouver en tout l’équilibre entre le trop et le pas assez. De ce fait, la loi du partage et de l’échange n’échappe pas à cette nécessité. Le don doit s’accompagner autant de l’accueil rempli de gratitude que du redon joyeux.
Il est un fait que c’est en donnant qu’un être reçoit, pouvant compter sur le centuple de sa générosité sincère. Et nul ne peut recevoir sans d’abord donner, c’est la Loi, puisque, même dans la plus grande pénurie, un être a toujours quelque chose à donner, ne serait-ce que le partage de ses énergies, par exemple des rayons d’amour. Sauf que chacun reçoit selon la graine qu’il a semée, rien d’autre. Nul ne peut récolter sans semer, mais il doit semer dans une terre fertile. Analogiquement, chacun doit semer dans un sillon lumineux. Mais ce n’est qu’en donnant qu’il devient digne de recevoir. Aussi, s’il poursuit sa quête par lui-même, cela n’écarte pas, pour lui, la nécessité de donner de lui-même et de ses biens aux autres. Nul ne peut s’attendre à recevoir sans partager et échanger ce qu’il acquiert peu à peu. Il est légitime pour un être de poursuivre ses intérêts, de combler ses désirs et ses besoins dans la mesure où il n’oublie pas les intérêts, les désirs et les besoins d’autrui. C’est en apprenant à faire don de son être et d’une part de ses biens de tout son cœur que le sentier vers les plus grandes réalisations se révèle.
Chacun doit se souvenir que c’est en donnant qu’il peut le mieux recevoir, non en demandant aux autres de combler ses vides, ses carences et ses besoins, en thésaurisant ou en économisant sans cesse. Un être doit donner de lui-même à autrui pour se trouver. On ne peut pas s’attendre à recevoir les dons de la vie intérieure, les réponses à ses questions et les solutions à ses problèmes si on cherche continuellement pour soi uniquement, peu disposé à prendre en considération l’intérêt et les besoins des autres. Sur ces points la Loi est claire : «Il sera fait à un être comme il fait aux autres et il recevra en plus grande abondance s’il donne aux autres.» Ainsi, c’est en apprenant à faire don de soi de tout son cœur que le chemin vers les plus grandes réalisations se révèle, car il n’y a rien de difficile ni de caché sur la Voie de l’Évolution. Ses secrets se révèlent naturellement à l’être qui exerce sa générosité avec discernement, sagesse, amour et transparence. Par son don, chacun peut rapidement constater que ses efforts ouvrent sans cesse les portes, une à une, dévoilant un monde toujours plus beau et plus intéressant.
Une des meilleures façons de vivre une meilleure réalité, c’est de donner aux autres de bonnes choses. Tout ce qu’on donne revient multiplié. En énergie, il faut donner tout ce qu’on désire recevoir. Il faut donner librement, non par dans l’intention de recevoir quelque chose en retour. Le retour est automatique d’où il ne faut même pas l’attendre. Et il importe, pour le recevoir en retour, de donner aux autres ce dont on croit manquer le plus. Souvent, on ne reçoit pas ce retour parce qu’on ne reste pas ouvert pour recevoir des autres ce qu’ils désirent donner. Il faut permettre aux autres de partager leur amour avec soi sous la forme qu’ils peuvent le faire, de toutes les manières qu’ils le font. Ils donnent de la manière qu’ils aimeraient recevoir. Leur façon de donner peut ne pas correspondre à ses attentes, mais il faut au moins reconnaître l’amour dans toutes les manières dont on se fait offrir quelque chose.
C’est ce que l’on donne de soi-même, gratuitement, qui a de la valeur. L’essentiel est de donner tout ce que l’on peut, car ce qui est en soi doit circuler, rayonner. Il faut donner et s’ouvrir à recevoir, croyant être digne de beaucoup plus qu’on ne peut imaginer recevoir. Il faut donner et recevoir librement, sans la moindre suspicion sur le geste posé. Il faut recevoir en reconnaissant l’amour qui accompagne le geste au lieu d’imaginer qu’il cache une ficelle fictive. Nul ne doit se sentir coupable de recevoir tout ce qu’il désire, craignant d’enlever quelque chose aux autres. Le Réservoir cosmique est infini, nul ne peut le vider. Derrière tout don, c’est le Grand Pourvoyeur, l’Être de Plénitude, qui donne ce qu’on est prêt à recevoir. Aussi gagne-t-on à donner toujours plus et à s’ouvrir pour recevoir toujours davantage. On recevra aussi librement qu’on a donné. La plénitude n’attend que d’être demandée, de recevoir sa permission de s’installer dans sa vie quotidienne.
Chaque fois que l’on reçoit un don, il faut en faire participer autrui et informer le donateur de son intention de le faire. Ainsi, ce geste pourra poursuivre son effort de réconfort et d’assistance. Quant au donateur, il doit immédiatement oublier son geste pour se maintenir dans l’impersonnalité et recevoir le retour au centuple. Tout manque de discrétion ou de pudeur de sa part constituerait sa seule récompense, et il est probable que, ainsi, il se rétribuerait au rabais. Le devenir d’un don ne doit présenter aucun intérêt ni aucune attente pour celui dont il émane. Malheureusement, l’être humain est porté à donner aux autres ce qu’il n’oserait se permettre, mais qu’il apprécierait, d’où il reste très attaché à ce qu’il offre, cultivant des attentes secrètes, notamment par rapport à son usage.
Dans la vie, il faut donner et savoir donner, comme il faut recevoir et accepter de recevoir. Celui qui reçoit ne doit accepter un don que si celui-ci ne limite en rien sa liberté et s’il a l’intention d’en partager une part, reconnaissant que rien ne lui appartient en propre ni ne lui est dû, que tout lui est prêté par le Grand Pourvoyeur et qu’il doit bien en assumer l’intendance. Quant à celui qui donne, il doit se considérer comme l’intermédiaire impersonnel de Dieu, donc donner sans restriction ni arrière-pensée. Nul ne perd jamais ce qu’il donne et il ne perd jamais rien à donner. Il faut également transmettre aux autres, avec discernement, ce qu’on apprend. Ce qu’on garde pour soi seul, on le perd, alors que ce que l’on partage se multiplie au moins au centuple.
Il apparaît suspect de donner plus qu’on accepte de recevoir. En général, cela résulte du fait que, suite à des frustrations antérieures, au niveau affectif, on se prive d’un dû sous de fallacieux prétextes qui reposent souvent sur la suspicion par rapport aux intentions d’autrui, notamment par rapport à la sincérité de leurs actes. Même si on aime donner, il importe de savoir ce que l’on peut accepter de recevoir, ce que l’on mérite naturellement. Le meilleur indice qu’on ne sache pas recevoir réside dans le fait qu’on se sente peu apprécié dans ce qu’on donne aux autres ou fait pour eux. On se dit qu’on se vide de ses énergies pour plaire ou faire plaisir.
L’ordre de l’échange impose que, entre les êtres, l’énergie circule équitablement, dans les deux sens. Non pas que le donneur doive s’attendre à un juste retour ou à de la reconnaissance de la part de celui à qui il donne, car il gagnerait à ne pas trop y penser. D’une part, les attentes déterminent le retour qui peut être moindre que celui auquel l’Univers l’aurait estimé. D’autre part, il vaut mieux croire qu’une autre personne que celle à qui on a donné pourra servir d’intermédiaire du juste retour, sans qu’on en fasse une attente, dans l’ordre de l’économie cosmique qui rend le bien au centuple.
Par exemple, un riche qui donne à un pauvre pourra peut-être s’attendre à recevoir un service d’un pauvre qu’il aide, mais probablement pas d’argent. S’il s’agit d’un prêt, autant oublier le retour. Toute insistance pour se faire rembourser augmenterait la frustration du créditeur et l’aversion d’un débiteur qui deviendrait de plus en plus fuyant. On devrait bien mesurer les probabilités de remboursement d’un prêt avant de le faire. Pour le reste, toute semence portant le fruit de son espèce, l’argent donné reviendra généralement d’une autre source.
Chacun doit donner généreusement mais, également, savoir recevoir dans l’ouverture, la simplicité, l’humilité et la gratitude. Nul n’est invité à partager plus de dix pour cent de ce qu’il s’attire, mais ce centième doit être appliqué à tout ce qu’il reçoit, pas seulement à l’argent ou aux biens.
N’empêche que, dans la vie, si celui qui ne donne pas assez peut-être qualifié d’égocentrique et d’égoïste, s’exposant à terminer ses jours dans un isolement amer et torturé, celui qui donne trop pourrait être considéré comme un être en hémorragie qui épuise en vain ses énergies et sa substance. Afin qu’il reconnaisse son abus, il lui arrive souvent que son débiteur en vienne à considérer ce qu’il lui offre librement et gratuitement comme un dû. Et s’il cesse de le combler, il en recevra rapidement l’hostilité et le mépris. De toute manière, un être qui donne trop est rapidement considéré, par le commun des mortels, comme un être bonasse dont on peut abuser en l’exploitant et en lui infligeant tous les traitements les plus odieux.
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