L’acte V débute par un rêve éveillé.
« Je vois flotter dans l’espace un vaisseau habillé d’une texture à la fois transparente et lumineuse. Il ressemble à un galion entouré de filaments de lumière qui dansent sous les vents solaires. Le vaisseau est composé de centaines de compartiments plus ou moins lumineux. Le centre est composé de zones très lumineuses et la périphérie de zones plus sombres. »
Le vaisseau est une représentation de mon âme. Chaque compartiment évoque une incarnation, un voyage. Les compartiments lumineux correspondent à des incarnations accomplies et les compartiments sombres à des incarnations qui ont laissées des zones d’ombres.
Ce rêve éveillé permet de comprendre qu’un des rôles de l’incarnation consiste à accueillir et éclairer les zones d’ombres afin de nettoyer son âme. Chaque incarnation est un voyage.
Maintenant, souvenez-vous, nos voyages ont débuté il y a bien longtemps…
Le nombre des années ne se compte plus. Mais le temps importe peu ici.
Les compartiments sont composés de mémoires qui vivent et persistent hors du temps.
Durant le voyage des fenêtres de mémoire s’ouvrent parfois. Nous sommes alors soudainement confrontés à des ressentis agréables ou désagréables. Ces ressentis n’ont pas d’objets, de raisons d’être. Ils nous « tombent » dessus. Ces mémoire sont telles des échos d’un monde invisible qui viennent parfois s’échouer sur les berges de la conscience. Elles ont été polarisés ou programmés par des expériences anciennes, et remontent à la surface de notre conscience, telles de grosses bulles.
Les ressentis désagréables trouvent bien évidement toujours des prétextes pour se justifier dans le monde visible. Il y aura toujours quelqu’un pour incarner et justifier ce ressenti désagréable au travers d’un jugement par exemple. Mais lorsque nous prenons conscience que nous voyons le monde au travers de nos propres filtres, nous pouvons arrêter ce processus qui consiste à juger en sortant de la rancœur et redécouvrir le monde avec un regard nouveau qui n’est plus entaché de préjugé. Nous sommes alors sur la voie de l’innocence…
Si le contenu de ces bulles de mémoires qui remontent à la conscience sont variés, ils ont tous un dénominateur commun : une irrésistible aspiration à retourner à la Maison, à recouvrer notre identité originelle. Parce que se nettoyer c’est remonter à la Source. C’est pour cette raison que la sagesse la plus profonde consiste à se connaître soi-même.
Tout ce qui remonte participe à nous construire. Aussi bien les zones d’ombres que les états de grâce. Ce sont les deux polarités d’une même aspiration à retourner à la Maison. Et nous ne pouvons pas y retourner en choisissant l’une ou l’autre. Elles sont toutes deux complémentaires et donc nécessaires. Il n’y a pas à choisir mais à accueillir pour éclairer…
Ce que le voyage nous apprend c’est de regarder autrement. Ce que le voyage nous apprend c’est de devenir ce que nous regardons. Je regarde l’arbre et je deviens l’arbre. Je regarde l’océan et je deviens l’océan. Je regarde la joie et je transpire la joie. Je regarde la peur et je deviens la peur…
Ce que le voyage nous apprend c’est d’ouvrir des espaces de communication entre ce que nous sommes et ce que nous regardons.
Le voyage nous met à nu…
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Ce que nous cherchons, ce que nous souhaitons réellement retrouver ne se trouve pas en ce monde. Nous faisons l’expérience de la matière, de l’incarnation terrestre par choix et non par contrainte.
Nous sommes en ce monde mais ne sommes pas de ce monde. Nous sommes principalement en ce monde pour nettoyer notre âme…
Nous souffrons d’amour, nous souffrons de ne pas nous aimer et nous nous tournons souvent vers le monde afin qu’il nous apporte paix, amour et stabilité. Mais le monde extérieur ne peut rien nous apporter de plus que ce que nous lui apportons nous-mêmes. Nous pouvons nous tourner vers la richesse, vers la puissance ou même vers les plus beaux textes de spiritualité sans pour autant effleurer ce que nous sommes réellement.
La réalité, pour chacun d’entre nous, c’est bien ce que nous sommes au fond de nous-mêmes. C’est là que se trouve notre chemin. Un chemin unique et précieux. C’est le sens profond du voyage que nous avons entamé depuis des éons.
Il n’y a pas d’amour en dehors de nous-mêmes. Il n’y a pas d’amour qui nous sauvera, autre que celui que nous portons au plus profond de nous-mêmes. Nous savons intuitivement tout cela car c’est notre âme qui nous invite avec insistance à retrouver notre identité originelle. Cet appel est parfois si fort qu’il nous met à genoux et nous déchire de contradictions…
Et nous savons bien que ce ne sont plus les mots qui nous sauveront de nous-mêmes. Tous les mots que nous croisons, toutes les théories que nous effleurons, tous les efforts faits pour nous distraire nous paraissent de plus en plus insipides.
Quelque chose qui est entrain de naître dans le présent ; une présence, notre propre présence à nous-mêmes. C’est l’union de nos différents plans de conscience qui s’amorcent dans l’instant présent. Et cette union efface tous les faux-semblants, tous les artifices qui nous envahissent de croyance et de peur…
Il y a comme une lumière qui souhaite faire germer tous les possibles que nous avons semés dans nos terres intérieures : des possibles qui peuvent nous sembler aujourd’hui encore impossible…
La plupart des enseignements extérieurs que nous croisons sur notre chemin ont atteint leurs limites. Ils ne peuvent dire plus que ce que nous sommes. Et nous n’avons pas besoin d’entendre ce que nous sommes. Nous avons besoin de faire germer une vie nouvelle dans nos consciences. Et il y a là matière à travailler car nous sommes d’une nature paradoxale et la contradiction est notre pain quotidien. Si le monde nous semble parfois fade c’est parce que cette aspiration à autre chose est si forte qu’elle éclipse même le soleil du quotidien…
Il y a comme un vent frais intérieur qui nous souffle :
– Regardes-toi, plonges en toi-même afin de retrouver ce qui t’appartient de toute éternité, ton propre soleil intérieur.
C’est Cela qui arrive. C’est Cela qui retient toute notre attention. C’est Cela que nous pressentons comme la réalité.
Au-delà des mots, des théories et des enseignements de sagesse, le dormeur s’éveille et commence à retrouver ses mémoires…
Nous sommes entrain de connaitre les prémisses de l’accouchement et c’est maintenant un voyage d’éternité qui baille à la frontière de nos consciences…
Fraternellement,
Alain