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C’est le néant qui donne son sens à l’univers

 

suite de l’interview réciproque entre Alain Facélina et Frank Hatem

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Alain & Frank

Alain Facelina : Quand tu dis qu’il n’y a pas d’univers, on n’y comprend rien. Tout le monde vit dans l’univers. Dire qu’il n’y en a pas peu paraître absurde. Je suppose qu’il ne faut pas prendre cela au premier degré, il doit y avoir une autre signification par rapport à la manière tu parles du Néant. Est-ce que tu peux me l’expliquer simplement ? Quelle est ta vision du Néant et en quoi est-ce utile ?

 

Frank Hatem : Du fait qu’on s’interroge sur l’Être et sur l’univers, j’en conclus que le Néant est le concept le plus important. Pour moi, c’est vraiment la chose importante, la chose décisive.

 

Alain F. : Donc, la question est intéressante.

 

Frank H. : Oui, il n’y a pas plus intéressant que ça à demander. Le néant semble une nécessité immédiate parce que l’Être pose problème. Tout être, enfin j’ai l’impression, tout être s’interroge sur sa raison d’être. Il est là, il dit « pourquoi je suis là ? ». Alors, s’il dit « pourquoi je suis là ? », c’est qu’il trouverait normal qu’il n’y ait rien. Évidemment, cela serait « normal » qu’il n’y ait rien. Cela ne poserait aucune question. Donc, l’être, en tant que questionnement, exprime le fait que le Néant va de soi. Le Néant est normal. L’Être est « bizarre ». C’est bizarre, d’être. Ça ne paraît pas logique. Ça paraît incroyable. Donc, le Néant a une supériorité là-dessus. Il n’y a pas besoin de l’expliquer. Il n’y a pas besoin de le démontrer. Il n’y a pas besoin de cause pour le Néant. Alors que pour l’Être, il y a besoin d’une cause. S’il y a l’Être, d’où vient l’Être ? Évidemment, si on se pose la question de l’Être, et qu’on veut rester dedans, on ne peut pas en sortir. On ne peut pas comprendre une chose, en étudiant cette chose. Puisque la chose, c’est l’effet. La cause, elle, est invisible, puisque l’effet est ce qui est visible. Donc on peut étudier tout ce qui est visible, on ne verra jamais rien de la cause. Tout ce qui est visible c’est l’effet, l’Être c’est l’effet. Le Néant c’est son absence, donc ce qui nous intéresse c’est le Néant, ce n’est pas l’Être. Ce n’est pas d’étudier l’Être, c’est d’étudier le Néant qui est judicieux, je trouve. On peut croire qu’on va en avoir vite fait le tour, mais bon. Ce n’est pas si sûr.

 

Alain F. : Est-ce à dire que l’on pourrait imaginer le Néant comme la lampe d’un projecteur de cinéma ?

Je reste dans les images, on parlait de miroir tout à l’heure, pour faire le lien. Est-ce que, en fait, je pourrais imaginer que ce qui est projeté sur mon écran c’est cette créature, cet effet. Mais la cause c’est la lampe. Si j’éteins la lampe, la projection disparaît immédiatement. Et au coeur de cette lampe, il y a la lumière. Quand on parle de Néant, on a tendance à imaginer un truc sombre.

 

Frank H. : Oui, on a toujours tendance à lui donner une image.

 

Alain F. : Alors que c’est peut-être justement inconcevable.

 

Frank H. : Il n’y a pas d’image possible en réalité.

 

Alain F. : Il n’y a pas d’image. Quitte à choisir une image, je la mettrai plutôt comme une espèce de lumière, ou un système de projection, quel qu’il soit. Est-ce tu imagines le Néant comme un système de projection ?

 

Frank H. : Ce serait tout autre chose que le Néant. Le système de « lumière » dont tu parles, le projecteur, c’est autre chose : c’est la cause. C’est le processus qui nous fait avoir l’illusion de tous ces univers. Mais ce n’est pas le Néant. Le Néant n’est pas une cause, c’est simplement ce qui devrait être. Je trouve que la Kabbale donne encore une bonne idée de çà : la carte du bateleur, la lettre Aleph qui est l’infini des possibles. Donc, il n’y a rien, puisqu’il n’y a qu’une infinité de possibilités. Qui tient le rôle de la lampe ? Parce que cela dépend de quelle lampe on parle. Il y a la lampe qui projette un film précis. Et puis il y a la lampe, la méta-lampe, qui par principe projette, indifféremment, qui projette tout. De quelle lampe parlons‑nous ? Le Soi, le processus d’illusion, ou bien le filtre qui fait que cette illusion a une forme ? Ce qui explique l’univers, les univers apparents, ce qui explique la multiplicité alors que c’est l’unité, ce qui explique les egos alors que c’est le Soi, ce qui explique l’être sous une infinité de formes alors que c’est le Néant, c’est le fait que « produire Tout » est impossible.

 

La cause, c’est le fait que l’infini est impossible. Il n’y a pas d’infini effectif, il n’y a qu’une nécessité d’infini. Et du fait qu’il ne peut pas y avoir de projection infinie, il n’y a pas de réalisation infinie de l’infinité des possibles. Il n’y a qu’une projection multiple, un « multivers » comme on disait tout à l’heure. Et pas UN univers parce que UN univers cela serait infini. Il serait Tout. Et ce qu’il faut, c’est qu’il soit limité, sinon, ce n’est pas un univers. Et s’il est limité, il est multiple. Il ne peut pas y avoir un univers unique délimité et précis. S’il est délimité et précis,  il ne peut pas être Tout, donc il y en a une infinité pour réaliser ce Tout. Donc, il y a le principe de projection, c’est une chose, c’est la cause et puis il y a le résultat de la projection, la multiplicité des films qui changent tout le temps. Nos univers. Mais il n’y a que ces multiples illusions d’univers, il n’y a pas UN univers unique, précis, délimité, réel. On n’est pas des observateurs voyant déformé un monde qui serait réel. On est un système de visualisation qui donne non pas toutes les images possibles d’univers en même temps, mais une évolution d’images, une succession d’images, parce que l’image totale et infinie est impossible, et donc elle ne peut être constituée que d’images partielles. C’est pour cela que nous vivons tous un monde fini qui paraît réel, et non un infini qui devrait être, mais ne peut pas être.

L’infini est une nécessité absolue. Il est nécessaire que l’univers soit tout, donc qu’il soit infini. Mais ce n’est « que » une nécessité absolue. Et cela reste éternellement une nécessité absolue. Ce n’est jamais quelque chose. Il n’y a pas d’infini effectif. Ce n’est jamais réalisé. Et c’est pour cela que l’Être est en évolution permanente.

Pour que l’infini soit effectif, il faudrait qu’il s’applique à quelque chose, sinon il n’est pas infini. L’infini, s’il est, c’est obligatoirement le Néant. Mais ce n’est jamais le Néant, puisque l’infini est impossible en tant que réalité ! Le Néant comme l’infini, c’est la même chose, c’est une nécessité. Cela reste, éternellement, une nécessité. C’est simplement l’absolu indispensable qui n’a jamais été, qui ne sera jamais, qui n’a jamais été atteint et qui ne peut pas être atteint. Et tout l’univers, et toute notre évolution ne sont que la manifestation de ce paradoxe, de cette impossibilité pour l’absolu d’Être. D’où le relatif.

 

L’infinité d’une unité étant impossible, il y a la multiplicité. Comme l’infinité des nombres, c’est une nécessité. Il y a forcément une infinité de nombres, néanmoins il n’y a pas de « nombre » infini. On ne peut pas dire qu’il y a un « nombre » infini. Il n’y a pas un nombre infini de nombres, cela n’existe pas, c’est juste une nécessité. Et cette nécessité, étant impossible, étant quand même une nécessité, fait que toutes les limites existent. Tous les nombres existent. Et chacun d’entre nous, chacun de nos univers, car nous sommes chacun un univers (et tout être, toute chose, toute vie est un univers) est un de ces nombres. Chacun d’entre nous est une des limites, mais aucune de ces limites n’est absolue. Chacune de ces limites est nécessaire, mais elles ont toutes pour but l’infini. Toute limite est fugace, est en recherche d’autre chose, est en dépassement permanent, est à la recherche de l’infini, tout le temps. Nous ne sommes que la manifestation d’une recherche perpétuelle et universelle d’infinité. Sans jamais atteindre quoi que ce soit. C’est un « jeu » qui n’aboutit jamais. Simplement, le trophée c’est de reconnaître ça. C’est se reconnaître comme une recherche éternelle. Non à une étape de cette évolution. Sans comparer un résultat provisoire, « moi », l’ego, à un idéal absolu qui pourrait être atteint. Comme l’idéal absolu ne peut pas être atteint, et qu’il a donc besoin de mon ego, mon ego est parfait en lui-même. Il n’est pas à comparer à « Dieu », à comparer à une perfection, ou à comparer à un autre ego. Il y a juste une infinité des imperfections et c’est ça qui est parfait. Et donc c’est là qu’on a gagné. Si on peut gagner quelque chose.

 

Alain F. : Il y a un mot que tu n’as pas employé…

 

Frank H. : Il y en a plus d’un !

 

Alain F. : … mais qui, dans ma perception, est important comme état pour qualifier cette perfection, c’est le mot « Paix ». Est-ce que cela te conviendrait ?

 

Frank H. : De remplacer le mot « Néant » par le mot « Paix » ? Ce n’est pas exactement pareil. La Paix c’est l’image qu’on se donne du but, du Néant en fait, parce que pour qu’il y ait Paix absolue, il faut qu’il n’y ait rien, pas de relativité.

 

Alain F. : Non. Pas de remplacer le « Néant », mais de dire que comprendre la règle du jeu amène un grand sentiment de Paix.

 

Frank H. : Oui, la Paix est l’expression concrète du Néant. C’est même la meilleure expression concrète du Néant. Le conscient n’est jamais à la recherche de Néant. Cela n’existe pas, il est à la recherche de Paix. La Paix relative n’est pas un absolu inaccessible. C’est seulement un absolu inaccessible si on veut la Paix de façon éternelle et absolue. Il n’y a pas de Paix infinie éternelle, cela serait le Néant. À titre individuel, il y a des moments de Paix. Et on cherche à les multiplier. En tout cas, c’est ça qu’on recherche, ce n’est pas le Néant, c’est évident.

La Paix, c’est l’harmonie des relations. L’harmonie de « La Relation ». Il n’y a pas plusieurs relations. Est-ce qu’il y a plusieurs relations ?

Il y a plusieurs relations quand on n’est pas en Paix. Mais si on est dans la Paix, c’est qu’il n’y a qu’une seule relation. Tu comprends ce que je veux dire ?

 

Alain F. : Oui, tout à fait.

 

Frank H. : Si on est dans la Paix, c’est qu’on est dans le Présent. Et dans le Présent, on est une relation unique avec Soi, avec son univers, en reconnaissant que son univers est Soi. Ce n’est pas une multitude de relations, qu’il faut toutes gérer. Parce que cela, c’est vraiment le contraire de la Paix. Et c’est cette croyance qu’on est quelque chose de limité et non une relation totale avec la totalité, en devenir de paix, qui fait qu’on n’est pas dans la Paix. Évidemment ! Alors que pour être en paix, il faut cesser d’être ses limites et commencer d’être la relation, l’évolution qui transcende toutes les limites.

 

Alain F. : D’où la nécessité, à un moment donné, quel que soit le chemin à parcourir, de grimper au sommet de la montagne pour comprendre, peut-être, que tous les chemins se réunissent. Que de toutes les relations que j’ai pu vivre, que de tous les ennemis que j’ai pu me faire, ou de tous les amis que j’ai pu rencontrer, en fait, à un moment donné il y a cet état de plénitude.

 

Frank H. : Quand on s’aperçoit que toutes ses relations, c’était une seule relation.

 

Alain F. : Oui.

 

Frank H. : Parce qu’on ne peut croire à la multiplicité des relations, que tant que l’on ne s’identifie pas à « La Relation ». Si on s’identifie à « La Relation », il n’y en a qu’une. C’est cela, la Paix !

Si on s’identifie à « La Relation », cette relation ne peut plus ne pas être Paix. Je me trompe ?

 

Alain F. : Non ! Je te suis bien, sur ce coup-là.

Si je m’identifie à un pôle, je suis en recherche d’harmonie. Cette relation est dynamique. Si je suis cette relation, j’ai conscience d’une harmonie. Cette harmonie peut être, comment dire, « fluidique » ?

 

Frank H. : C’est une harmonie. Une harmonie, très bien, c’est ce que l’on fait de mieux. Une harmonie, c’est dans le domaine du relatif et donc c’est provisoire. Il y a et il y aura toujours une relation et cette relation ne sera pas toujours harmonieuse.  Crois-tu qu’elle puisse l’être ? Totalement, définitivement, harmonieuse ?

 

Alain F. : Non, c’est un peu comme notre oiseau qu’on a attrapé tout à l’heure, si je fige les choses. C’est pour cela que dans la Règle du « Je », n’y a-t-il pas cette volonté délibérée d’oublier l’unité pour pouvoir continuer à jouer ? Si on a un instant une vision parfaite de ce Néant dans sa plénitude, si cela s’installait définitivement, la création n’existerait pas et donc on finirait de jouer. Ce qui va faire la différence, me semble-t-il, c’est de quitter les parties pénibles du jeu qui sont dans la souffrance, dans la douleur, et où l’on se dit qu’on a des relations multiples que l’on subit, on subit l’univers, pour une partie où l’on se dit « tiens, effectivement il y a un jeu, mais je peux le vivre de manière très joyeuse, je peux le vivre de manière très harmonieuse et je peux générer des harmonies ». Et je pense que, globalement, c’est ce que nous sommes en train de vivre comme passage, collectivement. C’est-à-dire une prise de conscience, passage d’un état de relations subies, vécues, douloureuses, à dire « en fait, on peut être créateur de quelque chose et jouer de manière très joyeuse et très agréable ».

 

Frank H. : Celui qui prend conscience qu’il est le créateur, ou le responsable, d’une situation où il souffre, a toutes les chances de se mettre à en rire. C’est vraiment risible, il y a vraiment de quoi s’esclaffer. Si l’on continue d’être conscient d’une situation absurde et qu’on y est attaché, on ne peut que rire de soi. Qu’est-ce que l’on peut faire d’autre ? Et donc, on s’en libère. Mais, peut-être, ce n’est pas la disparition de la souffrance, la disparition des tribulations, la disparation des dysharmonies qui est l’illumination, mais le fait d’en être spectateur comme l’on verrait un film burlesque. Parce que c’est un film burlesque. Quand on voit le gars se casser la figure en portant son échelle, on rit. Parce que l’on trouve vraiment qu’il est idiot. Et c’est nous, ça, qu’on voit et dont on rit. Cela n’empêche pas l’événement bien sûr. On n’échappe pas à la vie. Mais on se voit créateur de nos tribulations.

 

Alain F. : Cela me rappelle une image, une expérience. Près de mon travail, il y a une petite rue que nous allions traverser, avec des barres sur le trottoir avant le passage piéton.  En face de nous, de l’autre côté de la rue, arrivait pour traverser aussi, quelqu’un d’handicapé sur son fauteuil qui était poussé par quelqu’un d’aveugle, de non-voyant.

 

Frank H. : Intéressant !

 

Alain F. : Intéressant déjà ! J’étais d’un côté de la rue et je vois ce couple arriver. Donc, l’aveugle pousse, le fauteuil passe, mais en fait l’aveugle se prend l’une des barres entre les jambes.

 

Frank H. : Du coup, il a lâché le gars ?

 

Alain F. : Ce qui est extraordinaire, c’est qu’il a eu le choc de la douleur, l’autre sur son siège, s’est retourné a vu ce qui lui arrivait et ils se sont mis tous les deux à éclater de rire. Et nous aussi, on n’a pas pu s’en empêcher. Tout le monde est parti dans un éclat de rire joyeux. La situation était complètement burlesque, mais ce qui était magnifique c’était cette espèce d’explosion de joie de tous les participants, même de celui qui s’était fait piéger.

C’est important parce qu’on peut aborder les choses sérieusement, mais ne pas se prendre au sérieux est fondamental.

 

Frank H. : Le rire, c’est quelque chose de sérieux !

 

Alain F. : C’est très très sérieux, le rire !

 

Frank H. : Cette histoire de handicapé et d’aveugle, c’est génial ! Il faut qu’on fasse un film avec ça. Cela va être le film le plus simple, le moins cher et le plus drôle de l’année. Il y a des tas de gags à imaginer avec ça. Mais, c’était un truc vrai ?

 

Alain F. : Oui, oui, j’ai des témoins.

 

Frank H. : Alors, tout le monde a rigolé, et eux aussi.

 

Alain F. : C’est ça, eux aussi.

 

Frank H. : Il faut absolument faire un film. Je ne sais pas si ce sera un film métaphysique, mais en tout cas… ce sera la vie de tout le monde. La partie de moi qui est aveugle guide la partie de moi qui est handicapée. Et plouf.

 

Alain F. : C’est quoi, la métaphysique ? Cela fait partie des questions que j’avais sur ma liste. Puisque tu utilises le mot, j’en profite.

 

Frank H. : C’est l’aveugle qui retrouve la vue, et donc en même temps le handicapé qui retrouve la possibilité de marcher, de créer sa vie. Cela me fait bâiller.

La Métaphysique, dans le sens où je l’emploie, c’est la science des causes, par opposition à la physique qui est la science des effets. Voilà.

La physique s’imagine qu’il y a des causes dans les effets, parce qu’elle est aveugle aux causes invisibles. Elle croit qu’une chose cause une autre. Moi, je dis « pas du tout », une cause est toujours invisible, elle n’est jamais un effet. Il n’y a aucune cause parmi les effets. On ne peut voir aucune cause parmi les effets, c’est une tout autre science.

 

Alain F. : Très bonne réponse ! C’est ta réponse.

 

Frank H. : C’est ma réponse, et je suis d’accord avec elle !

 

Alain F. : Voilà, elle ne peut être qu’excellente, à l’unanimité.

 

Frank H. : Et toi, tu avais une autre définition ?

 

Alain F. : Ah non, je n’ai même pas de définition.

 

Frank H. : Aucune ?

 

Alain F. : Aucune.

 

Frank H. : Tu ne t’es jamais posé la question ? Tu n’as pas employé le mot métaphysique ?

 

Alain F. : Non, franchement je ne l’ai pas employé.

 

Frank H. : Prudent.

 

Alain F. : Oui, c’est une forme de prudence, je pense. Non, j’aurais pu dire plein de choses sur la Métaphysique, mais cela aurait été de l’ordre de l’opinion.

 

Frank H. : De toute façon, quand on parle de la relation on est dans la Métaphysique, on n’est plus dans la physique. C’est automatique, la relation n’a rien de physique. Où est-elle la relation sur le plan physique ? On va analyser quoi ? La seule chose qu’on peut analyser en physique, c’est moi et toi. Mais la relation, elle échappe. Et c’est la relation qui engendre moi et toi et qui fait qu’on rigole et tout. On n’y est pour rien, nous. C’est ça la métaphysique. Donc, c’est ce qui est important. Voilà, tout le reste on s’en fout.

Le physicien collègue d’Einstein disait la même chose : « la relation est mutuellement constitutive ». C’est génial. Il a raison. C’est notre relation qui engendre Alain et qui engendre Frank, et seule la relation est. Frank et Alain sont des illusions.

S’il y a paix et harmonie entre nous, c’est que nous assumons davantage cette relation que nous ne nous identifions à ces deux supports égotiques. En d’autres termes, nous faisons vivre davantage ce qui nous relie que ce qui nous distingue. Et pourtant ce qui relie sépare, et ce qui sépare relie. Comme un aimant qui se met toujours en attraction malgré et grâce à la répulsion.

 

Alain F. : À propos d’Einstein, puisque certains ingénieurs disent au Ministère de l’Industrie, qu’il existe un « Einstein » français méconnu qui s’appelle Hatem, comment pourrais-tu me décrire l’apport de ton père sur ce sujet-là ? Parle-moi de ton père, après avoir fait l’arrière-grand-père.

 

Frank H. : Encore un sujet bien vaste. Nos lecteurs attendront la prochaine chronique. D’accord ?

 

Alain F. : D’accord.

 À suivre…