but-de-la-vie

 Est-ce que la réalité d’un grand but universel unique, que de fait on appelle généralement « Dieu » et Plan divin, rend caducs ou vils nos buts individuels ?

 

Est-ce que parce que le Grand But est inaccessible puisqu’infini, ce qui est la clef de l’origine de l’univers, il rend nos objectifs individuels impossibles ?

 

Est-ce que renoncer à avoir des objectifs personnels est une preuve de haute spiritualité, en tout cas d’extinction de l’ego au profit de l’accueil de tout ce qui vient ?

 

 

Voilà trois questions essentielles pour l’aspirant, celui qui est en recherche spirituelle, et qui vont exiger des réponses tôt ou tard, car la réponse qu’on leur donne est décisive pour nos vies personnelles et pour notre relation au monde.

 

Beaucoup de gens vivent sans but global et fondamental clair. Sans se sentir de « mission », de « vocation ». Tant qu’ils ne l’ont pas trouvée, ils ne vont pas bien. Ce sont ceux qui savent où ils vont qui ont l’énergie pour y aller. Les autres ne peuvent pas avoir cette énergie, car le but engendre l’énergie. Il n’y a pas d’autre source d’énergie possible qu’un BUT. On l’a souvent exprimé et démontré dans ces chroniques, il ne peut y avoir d’énergie dans les expériences passées, dans les mémoires, et donc dans la matière ni dans l’univers. Tout cela est toujours du passé, des mémoires, des apparences illusoires.

 

La seule source d’énergie de l’univers est son BUT, et de cette énergie dépend tous les autres buts, partiels, qui sont les nôtres. Renier l’un c’est renier les autres.

 

On dit souvent en Physique que l’univers est énergie, que la matière est énergie etc. Si l’univers est énergie c’est qu’il est la manifestation d’un grand but. Si la « matière » contient de l’énergie, comme on pense le vérifier avec le nucléaire, c’est parce que la « matière » est un obstacle (une inertie simplement) à la réalisation d’un but, et que lorsqu’on la détruit, lorsqu’elle disparaît, ce but peut de nouveau se manifester.

 

Celui qui n’a pas de but n’a pas d’énergie. Nombre de nos lecteurs sont de thérapeutes ou sont dans la relation d’aide. Ils savent fort bien que lorsque quelqu’un est déprimé ou en-dessous de son potentiel, la première des choses à faire pour l’aider est lui trouver son but. Le bon si possible. Et dès qu’on a mis le doigt sur quelque chose qui plait à la personne, qu’elle a envie de réaliser, un but pour lequel elle se sent fait, tout de suite le visage s’illumine, tout de suite le sourire ou le rire revient, l’énergie est de retour. Et le monde change radicalement autour de la personne.

 

Le but c’est la vie, la vie est une création perpétuelle. On ne peut que périr à vouloir conserver le passé, à chercher la sécurité dans la dépendance par rapport aux circonstances, alors que l’énergie créatrice est là dès l’instant qu’on s’estime libre d’aller vers du nouveau, lorsqu’une vision se fait jour, une lumière vers laquelle on veut aller. Un autre soi-même, un soi-même plus grand, plus épanoui c’est-à-dire plus proche de l’infini, la réalisation de quelque chose, alors qu’auparavant on était dans la stagnation de l’ego toujours reproduit à l’identique avec les mêmes modes de fonctionnement, des habitudes bien installées, des certitudes quant au lendemain semblable à l’hier.

 

Pendant quarante ans j’ai vu un jeune homme plein de vie et d’enthousiasme, de désir de communiquer, d’originalité à exprimer, dépérir en vieillissant année après année, se fondre physiquement dans le moule, perdre toute flamme dans son regard, toute lumière dans son sourire désormais inexistant, simplement parce qu’il avait fait le choix de la sécurité. Visiblement il était artiste, mais n’a pas cru en lui, ou on ne l’a pas laissé croire en lui, et il a choisi d’être guichetier à la SNCF, ce qui est très honorable. Mais cela aurait pu être provisoire et il aurait pu faire quand même sa vie autrement. Mais il est resté derrière son guichet. Quarante ans après il y est toujours. Le même guichet d’ailleurs. Mais ce n’est pas l’homme qu’il aurait pu être. Il est la parfaite caricature du « rond de cuir ». Il n’est pas heureux, cela crève les yeux. Il n’a jamais laissé sa flamme s’exprimer. Il est un peu tard aujourd’hui, et en quarante ans je n’ai jamais trouvé l’opportunité de lui parler vraiment.

 

Je n’ai aucun mépris pour les fonctionnaires bien entendu, j’estime hautement les services publics et heureusement que des gens s’y consacrent. J’ai moi-même été fonctionnaire pendant vingt ans. C’était bien. Mais ce n’était pas pour lui et il le savait. Parfois, si on y trouve la sécurité, on y perd en liberté, c’est sans doute le choix qu’il a fait. Et il y a des moments où il faut choisir.

 

La sécurité permet de conserver. La liberté permet de créer. La sécurité est légitime, mais la priorité est la vie, c’est-à-dire est une création perpétuelle. La conservation n’y joue, en fait, aucun rôle, c’est une pure apparence, sinon le rôle de donner un rythme à l’évolution. L’évolution ne peut être infinie et immédiate. L’univers évolue parce que son but est impossible. C’est la cause du TEMPS. Si ce but était possible, il serait, et il n’y aurait plus d’univers. L’univers n’est qu’un moyen. Ce n’est pas une affirmation, cela a été largement démontré dans ces colonnes, et autant l’origine de l’univers que l’origine de l’énergie et de la « matière », qui vous permettra de comprendre totalement ce que l’existence attend de vous et pourquoi nous sommes là, avec un corps et une destinée, vous les trouverez dans le nouveau livre « Et l’Univers Fut » (Editions Ganymède, uniquement par correspondance). Un livre qui a métamorphosé la vie de bien des gens.

 

On a toutes raisons de consacrer quelques années de sa vie au service commun. Comme un service militaire. Justement parce que les autres et toute la communauté en ont besoin. Mais on n’est pas obligé d’y passer toute sa vie lorsqu’on s’aperçoit qu’on ne s’épanouit pas. Il y a un moment où la mission de vie, si elle est différente, pousse derrière le masque, et il y a un moment où il faut la laisser s’exprimer, sinon on a gaspillé une part de son incarnation.

 

Le souci de réalisme n’est qu’un prétexte pour camoufler la peur face au risque de la liberté. Pour cette raison, le gouvernement d’une nation ne peut pas être laissé aux techniciens, aux « énarques » par exemple, qui ne font que répondre à une analyse de la situation passée. C’est le principe de la « rationalisation des choix budgétaires » (je me rappelle de Sciences Po). La politique c’est inventer un futur, pas gérer en fonction des circonstances. C’est toute la différence entre ceux qui se veulent réalistes et les vrais hommes politiques qui changent le monde. On est des créateurs par nature. Mais comme l’égotisme, le matérialisme, le sécuritarisme, règnent, on tente toujours d’imposer un gouvernement de la peur et de la compétence des élites, prétendus seuls capables de gérer correctement les affaires, alors que c’est le contraire : c’est la foi des visionnaires qui doit guider les peuples. Là où est la sagesse, la vraie, là doit être le pouvoir.

 

On a remarqué combien les Mathématiques sont utilisées pour sélectionner les élites. C’est compréhensible : il s’agit d’imposer le pouvoir du mental et de l’arbitraire, de la logique froide fondée sur des hypothèses vides de réalité, pour éviter que les gens de talent arrivent aux affaires. Mais chacun est responsable car comme Michel Audiard le faisait dire à Jean Gabin : « dans la vie, ne pas reconnaître ses talents c’est laisser le pouvoir aux médiocres ». Ils ne demandent que cela.

 

José Morinho disait à un des footballeurs qu’il entraînait : « tu as un devoir d’ambition. Quand on a un talent, on n’a pas le droit de le laisser inutilisé ». Par souci de sécurité, on peut renoncer à beaucoup de choses. Car exprimer ses talents, imposer sa vision, transformer le monde, c’est la moindre des choses. C’est notre but à tous. Mais cela demande de la décision, de l’audace, du risque, de la liberté. Tout cela n’est un cadeau pour personne, c’est toujours une conquête.

 

René Char disait : « celui qui vient au monde pour ne rien déranger et ne rien troubler ne mérite ni estime ni patience ». Tout être humain est un artiste dont l’univers est et doit être l’œuvre d’art. Il n’y a aucun orgueil, aucune prétention dans cela. Etre, c’est contribuer à la réalisation d’une œuvre collective, et il serait absurde de penser qu’il n’y a rien à améliorer (on parle du monde humain, pas de la nature). Etre, ce n’est pas « conserver » et veiller à ce que rien ne bouge parce que c’est confortable. La liberté n’est pas confortable. Mais la liberté est le devoir de tout être humain.

 

Est libre celui qui s’inscrit dans l’instant présent face à la page blanche de l’univers et DECIDE sa vie. Dans l’instant présent se trouve toute liberté et toute créativité car l’instant présent est nul, sans durée. Il est infini en potentialité, mais il ne contient rien qui soit obligatoire. L’espace-temps, au contraire, est l’illusion qui nous enchaîne à l’ego et nous fait croire que nous subissons cette mémoire, cette apparence matérielle du monde.

 

L’ambition la plus élémentaire est l’ambition de la liberté la plus grande. Il n’y a pas de liberté tournée vers le passé. La liberté c’est l’énergie et l’énergie c’est le but. Tant que je ne décide pas, ne vis pas, ne réalise pas mon but, je ne suis pas libre, et si je ne suis pas libre, je ne suis rien car seule la liberté engendre vie et évolution. S’identifier au passé c’est s’identifier à une chimère illusoire.

 

Sécurité ou liberté, il faut choisir. Théodore Roosevelt disait : « celui qui est prêt à renoncer à un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni liberté ni sécurité ». Il n’aura d’ailleurs probablement ni l’un ni l’autre au bout du compte car l’évolution pousse toujours et tôt ou tard fait s’écrouler les murs de Jéricho.

 

A l’inverse, celui qui est prêt à renoncer à la sécurité pour trouver la liberté est un créateur dont l’univers repose sur du solide : SOI. Et il obtiendra les deux : la liberté ET la sécurité.

 

C’est très métaphysique de renoncer à donner le pouvoir au passé. Le passé est fait pour être aimé, reconnu et accepté comme une création de soi pour le Soi. Et c’est tout. Il n’y a aucun autre pouvoir à lui donner, son essence, l’expérience acquise, étant un bagage présent qui n’a plus rien à voir avec le passé. C’est le but qui doit dominer nos vies. Et chacun est dépositaire d’une partie du Grand But Universel.

 

Chacun est une façon différente d’aller vers le même but. C’est une « intention ». Un chemin. L’incarnation n’est que le moyen de cette quête du but, l’outil permettant de le réaliser, dirigé d’en haut par le Grand But. Tout but personnel est dirigé par le Grand But et y contribue. Le Grand But ne pourrait d’ailleurs pas se manifester sans la réalité de chacun de nos buts personnels, justement parce qu’il est impossible, irréalisable (c’est l’infinité du Néant). C’est l’impossibilité du but infini qui engendre les buts partiels individuels, et cela les justifie tous, sans aucune exception (ce qui ne veut pas dire qu’il faille faire n’importe quoi bien entendu). Si certains culpabilisent du fait de poursuivre des buts personnels, au nom d’un Grand But supérieur qui les dépasserait tous et qui, relativement, les rendrait insignifiants, qu’ils se rassurent : seuls les buts individuels sont effectifs et valides. Ensemble ils permettent de constituer le Grand But qu’est le Tout infini. Mais ce dernier est sans limite, donc impossible, et par suite toutes les limites de nos buts personnels deviennent toutes légitimes et indispensables.

 

C’est le Relatif qui permet l’Absolu. Sans homme, pas de « Dieu ».

 

La réponse à la première question est donc parfaitement claire : il est légitime d’avoir des buts personnels, et en particulier un but de vie, un objectif de cœur, une mission ou une vocation, car l’outil qu’est la personne n’a été construite patiemment et soigneusement que dans le but de réaliser ce but, compte-tenu que cette mission est une étape indispensable dans la réalisation du Grand But, et que c’est un devoir de s’identifier à cette réalisation. Chacun n’est là que par et pour ce But, créateur de toute chose, et n’a rien d’autre à faire que le chercher à travers ses étapes personnelles, et aller au bout de chacun de ses objectifs. C’est à cette réalisation progressive du Tout que sert la vie. A cela que sert l’incarnation. Il n’y a aucune hésitation à avoir.

 

Le fait de se réaliser ainsi permet à l’énergie de circuler parfaitement bien en chacun. C’est pourquoi les gens qui ont un rêve, une mission, une passion, vivent vieux et en bon état, parce qu’ils ont besoin que leur outil corporel s’entretienne pour le réaliser, et le fait d’aller vers quelque chose consciemment est une source de joie et de vie permanente.

 

A l’inverse, la personnalité qui ne joue pas son rôle, qui veut ignorer ce pour quoi elle est faite, qui préfère ne pas risquer de croire à ses rêves pour ne pas être déçue, ou par peur de se reconnaître libre et seul avec la responsabilité que cela implique, ou par peur de l’insécurité, ou qui ne veut rien changer dans la vie par peur d’être rejetée par la communauté de ceux pour qui la vie n’est qu’un mauvais moment à passer ou des loyautés à respecter, tous ceux-là disparaîtront plus vite que prévu, faute d’énergie, faute d’être transporté et animé par la Grande Energie universelle qui n’attend que leur contribution. Et bien souvent, lorsque survient la retraite tant attendue, on disparaît, car on n’a jamais eu d’autre but qu’attendre cette dernière. Quand elle est là, on ne sait plus où trouver son utilité. Sans but, l’énergie fuit très rapidement, on vieillit davantage.

 

Tout ce qui dans l’univers ne joue pas son rôle est éliminé. Ce qui joue son rôle bénéficie du soutien de tout l’univers. C’est pour cela qu’il ne faut pas boire de l’eau en bouteille, qui est stagnante, sans vie, et n’apporte rien. Ni de l’eau du robinet non plus bien évidemment. Des alternatives existent qui donnent une eau parfaitement vivante, énergétisante et hydratante parce qu’elle joue son rôle et circule toujours. Le mouvement c’est la vie, l’énergie c’est le mouvement, le but c’est l’énergie. Si on sort de cette réalité, l’autodestruction n’est pas loin.

 

L’infini est un but, pas une réalité, et pour se réaliser il a besoin d’une infinité de petits buts finis et partiels. Pas de petites réalités. Il n’y a rien de matériel  qui soit réel car tout ce qu’on perçoit est dans l’instant présent qui est nul. Dans la réalité de l’instant, il n’y a que l’intention, le but, la Nécessité.

 

Mon but personnel est nécessaire au Tout. Je n’ai pas à le délégitimer en le comparant au Tout. Ni en le comparant à d’autres, car chacun est indispensable à tous les autres au même titre.

 

La deuxième question « Est-ce que parce que le Grand But est inaccessible puisqu’infini, il rend nos objectifs individuels imossibles ? » n’est pas difficile à résoudre : c’est simplement le But infini qui est impossible, parce qu’il est infini. Mais votre but n’est pas infini. A partir du moment où il est fini, il est forcément réalisable. Il ne sera pas forcément réalisé, mais c’est forcément possible. Le potentiel universel est infini, quand on adhère à son but, on est dans le mouvement de l’univers, le potentiel se met à notre disposition.

 

C’est pour cela que Goethe disait : « la décision crée la magie ». La décision, c’est quand un but devient impérieux. Il s’impose à vous. Vous n’êtes plus tourné vers le passé mais vers une vision, un idéal auquel vous croyez davantage qu’au passé. C’est le commencement de la Foi : croire plus à ce qu’on ne voit pas qu’au passé : ce que l’on voit.

 

Cela crée la magie parce que cela met dans la position du But universel, du Père universel, de ce qui impose la réalisation du monde et en crée en permanence les moyens (illusoires mais « matériels »). L’univers est le moyen de « Dieu » parce que « Dieu » est but. Il n’est pas un état, il n’y a pas d’état infini. Si le but est, alors les moyens sont, parce qu’il n’y a pas de but effectif sans sa manifestation. La manifestation de « Dieu » est l’évolution universelle sans fin. La manifestation de votre but, c’est le fait de rencontrer les bonnes personnes, attirer les situations positives, obtenir les moyens nécessaires comme par miracle. C’est automatique à condition d’être entier dans sa décision : « 100 % d’intention », comme on dit dans les HBM (il y a d’ailleurs un de ces stages début novembre à Paris).

 

Il est totalement sot de s’interroger sur les moyens lorsqu’on a un objectif. La seule chose qu’on doit avoir en tête, c’est l’objectif. Tous les regards tournés vers la vision, et en permanence. Si on se préoccupe des moyens, on tourne son regard vers le passé, et c’est cuit.

 

Si je suis le but, alors les moyens sont là. A moi de les attirer. A moi de les voir. Ce n’est certainement pas en fonction des moyens dont je dispose que je dois décider mes objectifs, ce ne serait que la preuve que je cherche la sécurité, attaché au passé, refusant toute liberté. Les moyens, c’est du passé, de la « matière », de l’illusion, cela n’a strictement aucun pouvoir.

 

Tous les plus grands projets du monde ont été réalisés en partant de rien. Ceux qui partent de quelque chose iront sans doute quelque part, mais pas assez loin pour réaliser leurs rêves, ils ne leur font pas assez confiance.

 

La décision crée la magie parce qu’elle fait de nous le Père, alors qu’on se croyait le Fils. C’est le Père qui décide, qui guide, qui crée. Le Fils suit, fait ce qu’il peut pour imiter, et ne décide rien. Le Père c’est le But, le Fils c’est l’Univers. Entre les deux il y a la dualité de l’esprit-énergie magnétique. Ceux qui ont lu « Et l’Univers Fut » savent de quoi on parle.

 

Ce qu’il est important de comprendre, c’est que de toute façon un vrai but sera toujours un but partiel, et l’Etre, où qu’il se croit, est toujours une incarnation finie et délimitée du Grand But universel. La Nécessité de l’Absolu utilise tel et tel ego pour réaliser telle portion finie du Grand But, et s’il y a 100 % d’intention, cela aboutira. Mais au fond de soi, rien n’est jamais fini. Derrière le but partiel, une fois atteint, se cachera toujours un but plus grand, plus lointain, qui fera qu’une réalisation n’est jamais totalement satisfaisante. Un but en cachera toujours un autre. Car ce qui nous anime est potentiellement infini. Il est donc important de comprendre qu’on peut et doit avoir l’ambition de réaliser ce pour quoi on se sent fait, tout en sachant que ce n’est qu’un prétexte pour aller plus loin, toujours plus loin. Mais cela ne doit pas démobiliser celui qui poursuit le but fini, car sans cela rien ne serait. Le But infini n’est que par la somme de tous les buts finis possible, et chacun est là pour en assumer un. Et un seul à la fois.

 

Avoir plusieurs buts ou plusieurs priorités, comme un gouvernement stupide qui part dans toutes les directions, c’est le choix de ne rien faire. Inconsciemment, c’est la peur de la liberté et de l’absolue solitude du Soi créateur.

 

Il est impossible qu’un ego n’ait pas une mission. Tout outil sert à quelque chose, sinon il n’existe pas. Seul le but est créateur, et si nous sommes l’incarnation de quelque chose, c’est l’incarnation d’un but. Il n’y a rien d’autre. Seul le but est une réalité, c’est pour cela que seule l’énergie est une réalité, et que la matière n’existe pas.

 

Ceux qui cherchent la sécurité dans la « matière » sont perdus d’avance. Il n’y a aucune sécurité dans ce qui dure. La sécurité est dans l’éternel.

 

Beaucoup de gens culpabilisent de poursuivre un but sous le prétexte que ce serait un but égotique. Mais le But non égotique n’est poursuivi par personne consciemment. Il est et reste inconscient. Personne n’a pour but le Néant. Si certains ont pour but « Dieu », ce n’est pas avec l’ambition de l’atteindre, ou s’ils le croient ils se trompent. Le seul moyen de satisfaire « Dieu » c’est de réaliser la mission pour laquelle l’ego personnel a été construit. Il est sans doute quelque peu fallacieux de prétendre qu’on a un but infiniment divin, qui éloigne de toute contingence matérielle. Il est vraisemblable que dans la plupart des cas, c’est juste une façon de ne pas s’incarner. Une façon de fuir le réel, de fuir les responsabilités ou les souffrances de la vie concrète.

 

L’incarnation est l’incarnation d’un but personnel, on ne nous demande rien de plus, c’est en l’assumant qu’on aime et honore Celui qui nous a placé là.

 

Ce n’est pas pour cela qu’il faut se limiter dans ses objectifs spirituels ou se contenter de désirs égotistes, pas du tout, il n’y a pas de limite aux ambitions, et pas de limite à l’évolution spirituelle. Mais de toute façons les réalisations spirituelles seront FINIES car l’esprit ne peut pas se concevoir infini. Ce qui compte c’est que chacun se positionne par rapport à ses objectifs de vie, tous étant légitimes, à quelque niveau qu’ils se placent. L’important est de se positionner comme but.

 

Je suis une intention et rien d’autre. C’est cela qui me définit, qui définit mon « niveau vibratoire » c’est-à-dire ma relation au Grand But. En aucun cas je ne suis un ego, une personne. L’ego n’est que la manifestation de la limitation du but, en tant qu’outil le permettant à un moment donné. Ce sont les « moyens ».

 

La troisième question : « Est-ce que renoncer à avoir des objectifs personnels est une preuve de haute spiritualité, en tout cas d’extinction de l’ego au profit de l’accueil de tout ce qui vient ? » a donc elle aussi trouvé sa réponse. L’accueil de tout ce qui vient c’est renier l’ego. Ne pas se positionner par rapport à sa propre création c’est retirer tout sens à cette création. Ne pas avoir d’objectifs personnels n’est jamais vrai, car il y a toujours un ego, l’ego est une nécessité absolue issu de l’impossibilité de l’infini. L’ego n’est en fait que le moyen précis d’un but précis. Il y a donc toujours un but personnel. Vouloir l’ignorer ne peut être que provisoire. Il reviendra à la charge.

 

Personne n’est un hasard. Personne n’est flou. Tout le monde est quelque chose de précis avec une cause précise. Cette cause est que le Grand But a besoin de ce petit but pour constituer son infinité.

 

Il n’y a jamais lieu d’éliminer une partie de soi, ni l’ego ni le mental ni le corps. Seulement leur donner le rôle qui est le leur en restant le chef : SOI. S’ouvrir à rien et tout, se laisser manipuler par les apparences et les circonstances sous prétexte qu’elles sont de nature divine elles aussi, c’est fuir la responsabilité de choisir et de créer le monde sous une forme personnelle. Les grands hommes dont on se souvient et qui ont métamorphosé l’humanité sont-ils des gens qui n’avaient pas de but personnel ? Les Gandhi, les Jésus, les Mandela, les Martin Luther King, les Léonard de Vinci, les Elvis Presley ou les Charlie Chaplin ? Qui prétendrait que ce n’est pas spirituel d’aller au bout de ses ambitions pour soi comme pour le monde ? Ce n’est pas parce que c’est une mission personnelle que c’est un désir égoïste. Bien au contraire. Une mission, le véritable but d’un ego, n’est jamais égoïste. Il est toujours fait pour rendre au monde le service spécifique que seul cet ego peut rendre. La réalisation de soi est toujours au bout du compte une remise en cause de l’ego, un effacement de l’ego au profit de quelque chose de plus grand. C’est cela le but personnel de chacun d’entre nous, et cela peut parfaitement être inconscient : combien se sont sentis entraînés dans un rôle qu’ils n’avaient pas prévu au départ, mais qui au bout du compte était leur destinée et qui ont marqué le monde de leur empreinte ? Combien en sont morts, d’ailleurs ?

 

On a tous besoin de consacrer son énergie à quelque chose qui nous dépasse, et si on s’en tient à la confirmation de l’ego pour son bon plaisir, il est certain qu’on a gaspillé une incarnation. Ce n’est jamais grave car on recommencera, mais il n’empêche qu’on n’est pas là pour attendre que cela se passe. Et hélas, lorsqu’on a la sécurité pour objectif, on n’a pour objectif que la confirmation de l’ego, du passé, et on ne fait pas de son univers une œuvre d’art plus belle.

 

Cela étant, renoncer à des objectifs personnels au profit d’œuvres collectives ou de missions que l’on se donne est également parfaitement légitime. Aucun problème avec ça. Même si cela peut paraître une fuite dans certains cas, on finit par s’apercevoir que le destin réalisé était le vrai but et qu’il a fallu s’appuyer sur des névroses ou difficultés psychologiques pour être amené là où on ne serait jamais allé sans elles.

 

Ce discours n’est donc pas un encouragement à n’en faire qu’à sa tête pour son profit personnel, bien au contraire. L’épanouissement optimum de soi passe toujours par un rôle collectif, incarné individuellement, qui peut se vivre même dans une solitude extrême, mais qui sert la communauté planétaire d’une façon ou d’une autre. Parfois ce rôle peut être d’une discrétion ou d’une humilité extrême, cela n’y change rien. Ce qui compte c’est de se sentir investi par quelque chose à réaliser. Tant que la mission n’est pas là, impérieuse, c’est qu’on ne veut pas encore la voir ou qu’on préfère voir autre chose. Il y au fond de chacun une passion qui n’attend qu’à être libérée comme l’énergie coincée dans l’atome apparent.

 

Mais bien souvent on passe à côté toute sa vie et on attend derrière le même guichet que la vraie vie se présente, et peut-être nous emmène ailleurs. Elle ne passera pas s’il n’y a pas de décision. Alors comment voir son but si on ne le voit pas ?

 

La première chose est d’être convaincu qu’on a un but. C’est le rôle de la Métaphysique de nous en convaincre, comme on a essayé de le faire ici. Si on a un peu compris ce que sont l’Etre et l’univers, il va être difficile de ne pas le voir. On ne voit grosso modo que ce à quoi on croit ou est prêt à croire. Mais c’est facile de ne pas voir sa mission ou de n’en pas avoir conscience, il suffit de croire que le monde est le monde, que le passé est le passé, et qu’il n’y a rien de réel que ce qu’on voit. La peur de la liberté et de la solitude.

 

Ce qui d’ailleurs ne veut pas dire qu’on ne la vivra pas ou ne la réalisera pas. Souvent on subit un destin inconnu qui s’impose. Avec la foi et la connaissance c’est plus facile et plus sûr, mais le but est toujours là et nous guide. Et si on gâche sa vie, ou estime qu’on a gâché sa vie, ou croit qu’on l’a vécue pleinement alors qu’on est passé à côté de l’essentiel, cela peut ne rien changer au fait qu’on a rempli la mission de l’ego : « il n’appartient pas à l’homme qui marche de diriger ses pas », comme on l’a déjà dit, mais cela ne veut pas dire qu’on n’a pas à assumer son but. Décider, choisir, tout faire pour réaliser ce dont on rêve, cela est une voie de première importance qui met l’énergie en route. De toute façon l’énergie va vers un but qui nous dépasse.

 

On la renie on va où on peut comme on peut mais on y va, on le décide on y va avec joie.

 

Alors souvent, on se croit gentil et bienveillant en laissant le pouvoir aux médiocres, en ne prenant pas l’univers en main, en ne respectant pas ses idéaux et sa vision d’un univers meilleur, par « réalisme ». Et voilà où en est le monde… On en vient à donner des Prix Nobel de la paix à des hommes politiques dont ce devrait être en fait la mission toute naturelle.

 

Nous cherchons tous la paix au fond de nous mais pas au point de remettre en cause le confort de notre ego qui préfère se soumettre. Alors la paix est toujours un combat, comme la liberté. Tout est dans l’incarnation. Il ne se passe rien en dehors de l’incarnation. L’incarnation est la lutte permanente des Fils de la Lumière et des Fils des Ténèbres. Les deux parties de nous qui se contredisent, la liberté et la sécurité. Les mondes non physicalisés piaffent d’impatience pour s’incarner et nous envient de pouvoir agir concrètement. Et nous, nous gaspillons notre pouvoir pour rester tranquilles en attendant la retraite.

 

« Nous avons toute la mort pour nous reposer » chantait Moustaki.