peter deunovLa Nature Vivante, dans sa totalité, est la manifestation de forces intelligentes, d’êtres très raisonnables de divers degrés, vivant en pleine harmonie, dans les meilleurs rapports et dans une union parfaite. Ils ont tous un but auguste, que nous appelons Dieu, – Raison Suprême – c’est-à-dire ce qui est sans limites, sans commencement, ce en quoi tout existe, se meut et se développe. Il est évident que lorsque je parle de la «Nature Vivante» je n’entends pas ce que les naturalistes contemporains désignent sous ce nom. Pour nous, la Nature est quelque chose de sublime, non seulement par son organisation mais aussi par son intelligence, par cette raison suprême qu’elle manifeste.

La Nature Vivante est l’ensemble des êtres pensants qui représentent les « atomes » du grand, de l’auguste monde. Tout l’espace dans lequel nous vivons et nous nous mouvons, est rempli d’êtres de catégories et de cultures différentes. De sorte que lorsque nous parlons de l’univers, nous comprenons la totalité des êtres intelligents ayant entre eux des rapports d’une harmonie absolue. Ce sont précisément ces êtres vivants qui donnent un si grand prix à tout le cosmos. Et voilà pourquoi, pour ceux qui ont la conscience cosmique, le cosmos tout entier avec sa nature est un être vivant dans lequel tout s’unit. Et ce cosmos peut être « illimité » et « limité », grand et petit : un admirable attribut de l’Eternel est de pouvoir prendre les formes qu’il veut. Devant le regard spirituel des grands Initiés de tous les temps et de toutes les époques, l’univers entier ou, comme on l’appelait dans l’antiquité, tout le « macrocosme » a la forme de l’homme – le Grand Homme Céleste. En contemplant l’image de cet Homme Cosmique, ils ont saisi les correspondances qui existaient entre lui et l’homme ordinaire, le petit homme, « le microcosme ».

C’est pourquoi je vous dis que l’homme, en qui chaque cellule du corps est éveillée et consciente, peut entrer consciemment en communication avec toute la Nature Vivante.

En regardant le ciel vous y voyez les étoiles comme des points lointains et brillants. Mais chaque étoile de la voie lactée ou de n’importe quel système galactique a ses centres réceptifs dans le cerveau humain. L’homme peut recevoir instantanément les vibrations qui viennent des différentes étoiles. C’est dans ce sens que je dis que l’homme peut s’entretenir avec tout le cosmos. Si pour les habitants de la terre les étoiles ne sont que des points brillants, pour un ange ce sont des mondes immenses habités par des millions et des millions d’êtres. Et ces millions d’êtres qui y vivent ont une culture de beaucoup supérieure à la nôtre.

Retenez donc que ce qui est manifesté, nous l’appelons la Nature Vivante intelligente. Et ce qui n’est pas manifesté, nous l’appelons l’Ame-Idéatrice de l’être. L’éternel, le sacré, le non-manifeste, c’est cela qui est Dieu, c’est cela l’auguste Principe de la Vie. Il est lié à ce qui est manifesté. Aussi appelle-t-on parfois la Nature lecorps de Dieu. Cependant ceci n’est qu’une métaphore. Mais beaucoup d’hommes sont tellement fascinés par cette métaphore qu’ils vont jusqu’à soutenir que la Nature et Dieu sont une et même chose. Mais si la Nature et Dieu sont une seule et même chose, alors Dieu est un être limité. Nous savons positivement que la Nature est « le manifesté » et Dieu est « le non- manifesté », l’illimité, qui éternellement se manifeste et reste toujours non-manifesté. Les gens ordinaires, qui voient un petit coin du monde, pensent que la Nature est quelque chose de mécanique, quelque chose qui est entièrement dépourvu de raison et où règne l’imprévu, le hasard. Il est évident qu’ils se projettent eux-mêmes dans la Nature. De fait, dans la Nature il n’y a rien d’accidentel ; rien n’y est arbitraire : tout s’y édifie et s’organise selon l’immuable mathématique divine. Et ainsi, tout ce que la Nature fait est strictement et intelligemment déterminé.

Cette haute raison se remarque partout dans la Nature Vivante. Quel que soit l’organisme que nous considérions, si nous le soumettons à un examen approfondi, si d’un clair et pénétrant regard nous pouvons saisir le côté merveilleux de son organisation, de ses fonctions où tout se fait conformément au but poursuivi nous resterons éblouis devant cette suprême Sagesse de la Nature qui dirige si admirablement toutes choses.

Il va sans dire qu’il faut à l’homme un esprit clair et perspicace, des capacités bien développées et ce don de fine et pénétrante observation pour qu’il soit à même de saisir les subtilités de la souveraine Raison qui se manifeste dans la Nature.

La Nature Vivante a une langue qui lui est propre, et celui qui veut bien la comprendre doit s’efforcer d’apprendre sa langue. La Nature se sert toujours d’images. Elle parle par images, par symboles. Sa langue ne ressemble en rien à notre langue contemporaine – conceptions sèches, pauvres formes logiques de l’intellect analytique. Sa langue est vivante, imagée, symbolique ; c’est la langue de la grandiose et magnifique diversité. En général la Nature ne tolère pas l’uniformité ; elle ne se répète pas. Elle aime la diversité dans sa marche progressive et ascendante. Aussi produisent-ils le mal ceux qui, dans la vie, veulent tout réduire à une uniformité mécanique. Tandis que ceux qui créent selon les lois de la diversité et de l’harmonie, comme le fait la Nature, font le bien.

La Nature Vivante aime la diversité et l’abondance, mais elle ne tolère rien de superflu. Et elle réagit dès que ses énergies ne sont pas raisonnablement utilisées, dès qu’on les arrête dans leurs cours continu et leurs transformations, ou lorsqu’on les enserre dans le cercle sans issue de l’uniformité. Dans la Nature il n’y a jamais d’arrêt. Il y a en elle un éternel mouvement, une création éternelle réglée par de sages lois. Dans ces lois nous remarquons un rythme constant, une périodicité qui se trouve au plus profond de l’essence même de l’Etre, dans les lois de sa manifestation. C’est sur ce rythme cosmique que reposent les deux grands processus de la Nature Vivante – l’involution où nous avons un mouvement du centre vers la périphérie, et l’évolution qui représente le mouvement de la vie de la périphérie vers le centre. Dans ces deux processus s’éveille l’énergie indispensable à la création de toutes les conditions dans lesquelles la vie universelle peut se manifester.

Il y a deux grands courants – l’un de l’infini, qui diminue graduellement et descend vers l’infiniment petit, vers la cellule ; l’autre qui grandit constamment allant de l’infiniment petit, de la cellule vers l’incommensurable, l’infini. Et c’est lorsque ces deux courants cosmiques se rencontrent chez l’homme que d’admirables capacités et vertus naissent dans son âme. Tout ce qui existe dans le monde, la Nature Vivante l’enveloppe de son aura. Elle est claire, pure, pleine de raison et de douce bonté. La Nature Vivante a tout déposé en l’homme et elle travaille continuellement au développement des germes semés dans son âme. Comme une mère pleine de sollicitude, elle tient à chaque instant sa conscience en éveil, et par toutes sortes de voies et manières, elle attire son attention sur tout ce qui se passe autour de lui.

Les hommes contemporains font fausse route en pensant qu’ils peuvent se rendre maîtres de la Nature. Et si vraiment ils avaient réussi dans leur dessein, toute la terre eût été détruite et pas un seul être vivant n’eût pu y rester. Mais la Nature Vivante ne se laisse pas conquérir. L’unique chose qu’elle permette à l’homme, c’est d’atteler les forces naturelles à son char de travail. Mais il n’y a que l’homme intelligent, celui qui se conforme à ses lois qui puisse faire un emploi judicieux de ces forces. Tout être qui n’agit pas conformément à ses lois est anéanti. Et l’expérience a démontré que ceux qui ont vécu avec l’illusion d’avoir dominé la Nature, se sont enfin trouvés ensevelis sous les débris de leurs rêves écroulés. Bien des gens s’imaginent qu’ils doivent lutter contre la nature afin de la subjuguer. Cependant on a toujours constaté qu’ils ont été cruellement déçus dans leurs espérances juste au moment où ils étaient arrivés au faîte de leur entreprise et se préparaient à en goûter les fruits. Au dernier instant la Nature les a privés du fruit de leurs efforts et les a mis en devoir de recommencer à travailler et à peiner afin de réparer toutes leurs fautes et de revenir de leurs erreurs.

L’homme ne doit pas lutter contre la Nature car le résultat est infailliblement la défaite. Et savez-vous ce qu’est cette défaite ? – La mort. La cause de la mort de l’homme réside dans le fait qu’il se trouve en lutte continuelle contre la Nature vivante, qu’il s’efforce de soumettre. Car retenez bien que la Nature ne pardonne pas très facilement. Vous pouvez vous repentir bien des fois sans que pourtant elle vous pardonne vos fautes. La Nature ne pardonne à l’homme que lorsque celui-ci se conforme à ses lois, à la volonté de Dieu, et pas seulement d’une manière extérieure, mécanique, mais consciemment. Tous ceux qui s’efforcent de soumettre la Nature, tous ceux qui luttent contre elle, tous ceux qui lui résistent sont, si l’on y regarde plus profondément, au « dehors » d’elle. Je parle allégoriquement. La Nature leur a fermé sa porte ; elle reste pour eux un monde inconnu. Et voyez-vous (quelles beautés renferme ce monde, quels êtres y habitent ?

Les hommes qui rampent aujourd’hui sur la terre peuvent être appelés « les élèves renvoyés de la Nature des prisonniers. C’est dans ce sens que l’on peut dire qu’ils sont « hors » d’elle.

Pour ceux-là, la Nature a ses « maisons de correction  » où elle entre souvent elle-même armée de sa verge !

Mais pour les hommes raisonnables, la Nature Vivante est un monde admirablement ordonné. C’est le monde de l’harmonie, de la musique, de la beauté.

Et lorsqu’un jour les yeux des hommes s’ouvriront ils entendront de partout dans le monde la sublime musique de la Nature. Il y a une musique toute particulière dans la Nature Vivante. Parce qu’elle ne chante pas non plus toujours. Il arrive qu’elle se taise. Un silence indicible règne alors dans son sein. Mais ce silence a un sens intérieur imposant : au plus profond de son sein germe une idée grandiose, et jusqu’à ce que cette idée prenne forme et naisse, l’auguste Nature se tait. Mais à peine est-elle née que la Nature entonne un chant nouveau.

Et si vous vivez d’une vie consciente, si votre âme est toujours en éveil et disposée à aimer tous les êtres vivants vous percevrez la divine musique de la Nature comme un tressaillement intense dans tout votre être. Par cette musique vous seront transmises les pensées de toutes les hautes Intelligences. La vie de tous les êtres supérieurement intelligents de la Nature Vivante vous parviendra avec une rapidité dépassant de beaucoup celle de la lumière, et vous éprouverez l’indicible joie de vous sentir citoyen de son royaume souverain.

Source: http://herosdelaterre.blogspot.ca/