renoncement

par Bertrand Duhaime – les Chroniques de la Presse Galactique

Dans le contexte habituel, le détachement exprime l’état de celui refuse les liens nuisibles, mais, en spiritualité, il désigne la faculté d’envisager tout sous un angle idéal, considérant que les choses et les êtres existent en fonction d’eux-mêmes et de leur destinée, dans une quête de servir l’intérêt de tous les êtres, dans toutes les circonstances, plutôt que de représenter, pour celui qui veut se les approprier ou s’en servir,  des moyens au service de son ego.  La Loi unique accepte qu’il soit permis de penser à soi dans la mesure que ce choix soit amoureux et se fondes sur la pureté d’intention, à savoir qu’il sert son But ultime ou que l’évolution générale en bénéficie, mais pas s’il retarde l’accomplissement de sa mission ou concourt au détriment personnel.

Sauf que, quand le temps est venu de laisser partir quelqu’un ou quelque chose, il faut s’y astreindre de bon cœur dans la sérénité pour s’éviter des complications et des entraves, surtout pour s’empêcher d’entrer sur le sentier de la régression.  En cela, ce qu’il faut laisser aller, c’est ce qui nuit, fait souffrir, retarde sur la Voie évolutive, engendre des freins et des obstacles à son expansion.

On dit souvent que la Vérité libère.  Or sa connaissance ne représente jamais une entrave puisqu’elle n’enlève jamais rien de ce qui vaut la peine d’être vécu ou possédé.  Ainsi, celui qui laisse la Vérité agir, pour guider ses choix, elle fait en sorte que seuls les biens nuisibles, de peu de valeur, se dissolvent et finissent par échapper à un être.  Justement, elle stipule qu’un être gagne à renoncer à l’égoïsme, à la crainte et à tout ce qui attache au point de produire un blocage, de retarder son évolution, de paralyser son action.  Pour cette raison, chacun gagne à cesser de tenir à ce qui ne lui convient pas ou ne le sert pas, ce qui identifie tout ce qui ne peut être amené sur les plans supérieurs ou en bloquerait l’accès.

En fait, il appartient à chacun de considérer sa vie comme une expression privilégiée et nécessaire de la Vie totale et il de se convaincre que la meilleure manière de ménager ses propres intérêts, c’est d’assumer ses responsabilités, d’assumer correctement son existence, en tenant compte de celle des autres.  Nul ne gagne de se lier de cœur aux valeurs futiles, éphémères, transitoires, périssables qui amènent à se faire l’esclave de la matière et à exercer sur autrui, par peur de perdre, des jeux de pouvoir.  Il importe que chacun agisse dans la gratuité, sans autre récompense que celle de la rétribution naturelle, autant pour ses actes que pour ses services.  Surtout, il doit défendre son espace psychique et éviter d’envahir le territoire subtil des autres.

Dans cette perspective, le développement amène à se former un état d’esprit dans lequel un être se sent bien dans sa peau, à l’aise, en sécurité, parce qu’il recourt aux choses pour ce qu’elles sont, des moyens de parvenir à une fin évolutive, mais en s’abstenant toujours d’y attacher son destin au point de souffrir de leur disparition éventuelle parce qu’il en aura rempli sa vacuité intérieure, au lieu de se remplir de lui-même dans la découverte de sa véritable réalité.

Il faut comprendre qu’il n’est pas question de renoncer à ce qui fait la joie de vivre, de se soustraire au monde, de vivre dans l’isolement, de renoncer à ce qui a de la valeur.  Car, tant que l’être incarné vit dans la matière, il lui est loisible de rechercher tout ce qui enrichit son expérience.  Ainsi, il peut apprécier la santé, la richesse, la considération, les justes retours, sa carrière, son couple et sa famille, les valeurs sociales constructives, les sentiments humains, les menus plaisirs du quotidien, mais en évitant d’en dépendre et d’en faire le but de sa vie.  Un principe stipule : un peu de tout, mais sans abus.

Pour tout dire, cela revient à appliquer le principe de la modération ou la règle du juste milieu qui appelle à refuser de s’identifier à son pouvoir, à ses possessions, à ses affections, à son environnement et le reste au point d’en faire la substance de ses pensées, la cible de ses ressentis, bref, un véritable moteur d’action.  Car, renoncer, n’est-ce pas une manière de faire de la place à la Lumière, à sa propre Lumière éternelle?  N’est-ce pas vider les outres de leur vieux vin pour les remplir de vin nouveau?  N’est-ce pas accepter de mourir au vieil homme pour que l’Homme cosmique apparaisse?  Qui y perd plutôt que d’y gagner, et à quel point?

Renoncer, c’est quitter l’Illusion pour accéder au Réel, c’est lâcher l’ombre et saisir la proie, c’est mettre la charrue derrière les bœufs, c’est remettre son univers à l’endroit.  C’est relâcher l’effort conscient, qui impose le labeur, pour accéder à la Grâce de la Providence.  Du coup, c’est éliminer la confusion et la frustration dans l’acceptation d’abandonner sa destinée aux bons soins de son Centre divin, afin de grandir en confiance, en foi et en Essence.  C’est se détourner du point de vue de la conscience extériorisée pour accepter le point de vue intime de la Vie relativement à soi-même.

De toute évidence, le fait d’abandonner la tension des désirs et de la volonté personnelle, dans leurs aspects excessifs, chimériques, captatifs.  Ce n’est qu’alors qu’un être entre vraiment en contact avec son Pouvoir vrai.  En effet, le détachement implique qu’un être cesse de dépendre uniquement de lui-même, à savoir, de sa présumée force personnelle et de la défendre avec vigueur, au point de s’épuiser et s’étioler, et qu’il se dégage de la nécessité de prendre autant de précautions qui n’arrivent à rien sauver.  Car la réalité, c’est que «sans Toi, je ne suis rien et ne peut rien».  En somme, c’est savoir demander au Pouvoir divin de rayonner par ses diverses dimensions, de la Monade à la réalité matérielle ou au monde visible.  C’est, dans le même mouvement, se détacher de l’ego ou du moi inférieur, dans le rejet de toute fausse alliance avec sa personnalité mortelle, afin de confirmer son adhésion à l’Alliance divine éternelle.

Dans ce contexte, le vrai sens du sacrifice, ce n’est pas de se mortifier pour s’associer à la mission du grand sacrifié que fut Jésus et pour mériter le Paradis, mais simplement renoncer à ce qui distrait du But véritable et qui obstrue sa voie, l’amène à prendre une mauvaise direction, celle de la poursuite de la densification, ce qui s’oppose à la Réalisation dans la Lumière spirituelle.  Qui veut s’élever très haut doit rompre les amarres et délester sa montgolfière.

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