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par Bertrand Duhaime

En principe, dans le langage commun, la spiritualité s’oppose à la matérialité, soit au domaine de la densité, de la sensualité et à la dualité.  Pourtant, en évitant de confondre spiritualité et mysticisme, notre Maître, Janakanandâ, nous invitait toujours à concevoir la vie comme entièrement naturelle ou spirituelle, mais à cesser de diviser les réalités cosmiques en Esprit et en matière.  En fait, tout est Esprit, même la matière qui, par un effet d’éloignement apparent de la Source suprême, devient de l’Esprit densifié ou cristallisé.  Effectivement, un être gagne à devenir une entité qui fonctionne normalement sur tous les plans de la Conscience infinie, évitant d’induire une séparation entre le spirituel et le matériel.  Se mettre au service de la matière amène à se densifier à outrance, ce qui représente une fuite vers le bas, tandis que le fait de se mettre au service de l’Esprit, amène à se raréfier à l’extrême, ce qui représente une fuite vers le haut.  Or, pour l’être humain, fait de chair et d’Esprit, toute fuite de la réalité produit un déphasage et un déséquilibre qui tire hors de l’Ordre divin et rompt l’harmonie.  Ainsi, la spiritualité invite simplement à élever la perspective de l’existence, à la situer dans celle de son But ultime.

Pour l’être humain, ce qui importe, dans la vie contingente, c’est de mettre chaque chose à sa place : garder les moyens au service de la fin.  En effet, l’Esprit est le but à atteindre, par le retour au Royaume éternel du Père-Mère, mais cela ne peut se faire que par l’expérience du monde terrestre, en fusionnant le Ciel et la Terre.   C’est une manière de rappeler que, pour évoluer sereinement et harmonieusement, il suffit de mettre les moyens au service de la fin, plutôt que l’inverse, ce qui est le cas de la majorité des êtres humains.  C’est ainsi qu’il peut apprendre à se connaître, par la découverte de ses multiples potentialités, et s’élever progressivement dans les plans de la Conscience divine.

Ces derniers propos représentent une invitation à devenir conscient, soit à devenir amoureux, simple, humble, authentique, efficace, convenable, honnête, dépourvu de toute peur et de toute culpabilité, soit à se révéler à soi dans sa totalité, pour éviter la désincarnation qui rend utopique, orgueilleux, rigide et fumiste.

Beaucoup de gens croient que, s’ils s’engagent sur la Voie de la spiritualité, la Voie droite et lumineuse, ils devront renoncer aux plaisirs terrestres.  Ce choix ne pourra s’imposer à eux que lorsqu’ils auront naturellement épuisé les expériences nécessaires pour dominer les divers plans inférieurs de la Conscience cosmique.  En fait, alors, il ne s’agira plus d’un  choix, mais d’une réalité qui s’impose d’elle-même sans susciter de chagrin, de regrets ou de remords.  Autrement dit, la transition d’un état à un autre se produira spontanément, s’imposant, sans réticence et sans condition, mais de toute nécessité, soit par la force des choses.

De ce fait, puisque Dieu est Tout, la spiritualité vise d’abord à proposer des moyens menant à mieux comprendre le phénomène de la vie, qui, diversement modulée, résulte de la Vibration de la Source unique, et de se servir de ce que proposent les plans inférieurs, pour mieux les apprécier et en jouir, afin de développer un sentiment de certitude, de complétude, de permanence, de plénitude, de félicité.  Elle apprend à être davantage jusqu’à vibrer à plein cintre, à la manière de la Source créatrice.  Ainsi, chaque expérience, parce qu’elle s’inscrit dans une évolution toute intérieure, ramenant de l’extérieur vers l’intérieur, prend une dimension purement cosmique.

Dans la vie ordinaire, les gens ne sont pas vraiment heureux, toujours limités ou frustrés sur un point ou un autre.  En raison de principes moraux étriqués, ils en viennent à se sentir coupables de prendre du plaisir, y éprouvant de l’inquiétude, du remords ou de la honte.  La spiritualité n’invite un être à rien d’autre que de partir d’où il en est et de ce qu’il est, un être de chair et d’Esprit, afin d’en venir à ressembler à son Créateur, qui est la Totalité, donc en exprimant tous ses aspects.  Par là, elle empêche qu’un être s’identifie entièrement à son corps et à la matière ou entièrement à l’Esprit et à l’Énergie subtile.  Ainsi, évitant de juger de quoi que ce soit et de condamner, elle tente de donner un sent à tout.

Ne vaudrait-il pas la peine qu’on se pose  la bonne question à savoir que, si on néglige le corps, comment pourra-t-on le sublimer ou le spiritualiser pour l’amener avec soi, immortel, dans l’aventure de la Grande Expérience éternelle?  La spiritualité invite simplement à quitter le paradis terrestre artificiel de l’Illusion pour accéder au Paradis terrestre de la Réalité.  Pour la majorité des êtres humains, la prochaine étape du périple évolutif, c’est le Royaume de Dieu, soit le Paradis terrestre, non, encore, le Centre éthéré de la Source unique.

La maxime première de la spiritualité, c’est : ((Connais-toi toi-même à l’intérieur de toi-même afin de découvrir le Ciel et les dieux et de te découvrir leur égal.))  L’expression ((le Ciel et les dieux)) renvoie à la maîtrise de tous les plans de la Conscience cosmique.  Quand un être monte une échelle, les barreaux inférieurs ne disparaissent pas du fait qu’il monte plus haut pour la gravir entièrement.  Seulement, en s’élevant plus haut, il perçoit les diverses réalités d’une manière différente, agrandie, en venant à en faire un autre usage.  La spiritualité amène simplement à accorder plus d’importance à l’essentiel qu’à l’accessoire, au réel qu’à l’illusion, à l’éternel qu’au transitoire.

 

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