41DCRZHMF

DISPONIBLE ICI – Cliquer l’image

Auteur Ivan Illich

BON RESUME DU LIVRE « UNE SOCIETE SANS ECOLE » D’IVAN ILLICH, PAR DAVID CAYLEY :

« L’obligation scolaire pour tous, écrit Illich, produit des effets exactement inverses à ce que ses promoteurs prétendent poursuivre.      Par exemple, c’est un article de foi au sein de la communauté éducative que la scolarité promeut l’égalité des chances à la manière d’un ascenseur social ; Illich, lui, en parle comme d’une machine à produire des exclus. L’école étant par définition une hiérarchie pyramidale, qui centre les aspirations sur les plus hauts degrés mais rejette la majorité au bas de l’édifice. Il en découle non seulement que la plupart ne peuvent réussir, mais, pis encore, que ceux qui échouent s’estiment fautifs de n’avoir pas su saisir ce passeport pour une meilleure intégration. Ainsi les pauvres d’hier deviennent des recalés, dont l’infériorité se justifie par leur scolarité déficiente.

Entre autres effets pervers du système scolaire, Illich relève encore ses nombreux impératifs institutionnels qui découragent en fait l’apprentissage, son découpage sans fin du savoir en chaînes et en bloc arbitraires, et l’illusion qu’il répand que tout apprentissage valable découle d’un enseignement. Il soulève aussi la question de savoir comment une institution aussi contre-productive peut exercer un tel monopole sur la diffusion et l’acquisition du savoir : pourquoi, face aux carences de l’école, est-ce toujours plus d’école que l’on réclame ? Qu’est-ce donc qui rend les gens aveugle — ou indifférent — au contraste évident entre ce qu’ambitionne ce système et ce qu’il produit en fait ?

A ces questions, Illich répond en définissant la scolarité comme un « rituel », c’est-à-dire une activité qui dégage un mythe suffisamment puissant pour dissimuler ses propres contradictions. Mais l’école est, selon lui, un rituel, d’une espèce sans précédent : si toutes les sociétés ont eu leurs danses de la pluie et leurs rites d’initiation, aucune n’a possédé un rituel qui se prétendît de portée universelle, la voie unique vers un but assigné à chacun.
L’instruction, prétend Illich, est devenue une religion mondiale, faisant remonter ses origines à la toute première institution qui ait présenté ses cérémonies et son ministère comme l’unique voie vers le salut : l’Église catholique. »

David Cayley

Une société sans école

Commentaires de Francesco Colonna Romano au sujet de ce livre

LA CRITIQUE « ILLICHIENNE » DU SYSTÈME SCOLAIRE, ET UNE POSSIBLE ALTERNATIVE

« Vouloir assurer l’éducation universelle par l’école représente un projet irréalisable ; les chances de réussite seraient plus grandes si c’était là l’affaire d’organismes orientés dans la direction inverse de celle prise par l’école d’aujourd’hui.

En effet, il ne suffit pas de vouloir modifier l’attitude des maîtres face aux élèves, ni d’avoir recours à un matériel pédagogique, électronique ou non, sans cesse plus encombrant, ni encore de vouloir étendre la responsabilité du pédagogue jusqu’à lui permettre d’envahir la vie privée de ses « disciples ».

Ces efforts-là ne sauraient conduire à l’éducation universelle. »

ivan-illich2

Ivan Illich

Ce qui suit constitue des notes prises à la lecture du livre de Ivan Illich Une société sans école(Deschooling Society, 1971), essentiellement des premiers chapitres.
Ce sont des idées délicates (supprimer l’école !), contre lesquelles on a spontanément une réaction de rejet. Pourtant, si on lit le livre, on est converti, on se demande comment on a pu se faire avoir jusque là à tel point. J’espère parvenir un peu à faire comprendre ces idées, et si ça ne suffit pas je revendique toute les fautes et la responsabilité.

Encore une remarque : en première lecture, on peut penser que Illich est encore un utopiste qui parle d’une société idéale et demande de tout changer. Cependant, contrairement à tous les révolutionnaires usuels, les idées d’Illich ont de fascinant qu’on peut les appliquer graduellement, chacun dans son petit coin, sans attendre que tous le fassent. Ce qui permet de faire un premier pas vers le grand changement, et incitera les autres à suivre.
C’est ainsi, qu’il faut bien comprendre que supprimer les écoles primaires où l’on apprend à lire et écrire n’est pas la priorité de Illich, ce sont les dernières qui disparaîtront. Par contre, au niveau supérieur, chacun peut de son côté choisir de privilégier la compétence réelle au diplôme, chercher à apprendre de la bonne façon, moins insister sur les programmes imposés, etc…

1) L’INSTITUTIONNALISATION DES VALEURS

On confond de plus en plus valeur (éducation, santé, sécurité) et service institutionnalisé (école, hôpital, police), si bien qu’on assimile par exemple éducation et temps passé à l’école, compétence et diplôme.

L’institutionnalisation des valeurs conduit à la pollution du milieu physique, la ségrégation sociale et un sentiment d’impuissance. Et ce processus s’accélère car les besoins non-matériels sont alors perçus comme une demande accrue de biens de consommation et d’institutions.

Le remplacement d’un besoin fondamental par une demande en bien de conso conduit à une nouvelle définition de la pauvreté : ne pas avoir accès aux biens produits par l’institution, alors qu’on n’en sentait pas le besoin auparavant (ex : mourir chez soi, faire 3 ans en moins de scolarité). L’institution crée une dépendance, si bien qu’on ne peut plus s’en passer. En plus on se méfie de tout apprentissage qui ne passe pas par l’école (vouloir apprendre par soi-même).

Le mécanisme de la contre-productivité : l’institution détruit ou dévalorise les capacités productives autonomes (qui ne passent pas par elle), si bien que les gens sont obligés de faire appel à elle.
Comme le service fourni par l’institution n’a pas la qualité et convivialité de celui autonome (puisqu’il est déshumanisé), on ressent un malaise et une insatisfaction que l’on cherche à combler par une consommation accrue du bien institutionnalisé (c’est le seul qui reste). Ceci entretien le mécanisme de la contre-productivité.

2) INEFFICACITE DE L’ECOLE

Si on y réfléchit, les apprentissages importants (parler, une langue étrangère, goût de la lecture) proviennent de circonstances aléatoires ou extra-scolaires. Bien sûr, si quelqu’un souhaite pour un impératif personnel quelconque acquérir un savoir nouveau, il y a des moyens de lui donner (ex : répétiteur), il sera très motivé, et ça reviendra moins cher. Si on a besoin d’un savoir préalable à une activité, faut-il devoir justifier comment on l’a acquis ? (Actuellement on oblige les gens à passer par l’école).

Aux USA, il faudrait plus que doubler le budget pour assurer des conditions convenables d’enseignement primaire et secondaire, selon les éducateurs (le supérieur c’est pire). L’idéal de scolarité obligatoire et égalitaire est irréalisable, ne serait-ce que par manque de fonds. De plus, l’Etat donne plus (10 fois aux USA, plus dans PVD) aux plus riches qu’aux pauvres (car les impôts des pauvres servent à financer une partie des études longues des riches, partiellement subventionnées par l’Etat).

En en 1956 le diocèse de New-York doit former des éducateurs parlant l’espagnol. On fait appel par radio à des immigrés de Harlem (sans études), avec une formation d’une semaine pour utiliser un manuel de langues. Les résultats sont excellents.

On manque de profs car on exige d’eux d’être passés par école. Des études montrent que les artisans ou hommes de métier enseigneraient mieux. De même, beaucoup de jeunes se révèlent meilleurs que des profs qualifiés pour faire connaître la science (astronomie, plantes, technologie). Il s’agit de séparer l’acquisition d’une compétence professionnelle (répéter des gestes en situation) de l’éducation culturelle (initiative et créativité), de nature différente et souvent opposée, alors que l’école prétend présenter les deux simultanément.

Donnée : pour apprendre une langue occidentale, ça coute 500 dollars, alors que les 12 ans de scolarité coutent 15000 (et ça permet tout juste d’avoir un emploi de balayeur).

On croit que échecs de l’école prouvent que l’éducation une tâche coûteuse et très complexe.

Le vrai but, réalisable, c’est donner à tous des possibilités éducatives égales. A ne pas confondre avec scolarité obligatoire (ce serait comme confondre salut et Eglise).

3) LES MEFAITS DE L’ECOLE

L’école apprend aux gens que toute promotion sociale doit passer par elle, et leur inculque la hiérarchie. Encore plus dans les pays où les gens ne profitent pas d’une scolarité prolongée. De fait, l’école permet rarement l’ascension sociale, si bien qu’elle trompe les pauvres en leur promettant les bienfaits de l’éducation obligatoire, elle les décourage et les dissuade de prendre en main leur propre éducation. Elle disqualifie famille, loisirs, politiques comme moyens d’apprentissage, et crée une séparation artificielle entre ce qui est scolaire et non, qui est classé comme dénué de tout intérêt éducatif.

Les pays avec moins de scolarité obligatoire se sentent plus pauvres, culpabilisent (manipulation) (alors que « être pauvre », PNB, etc sont des indicateurs plus abstraits, les gens savent moins ce que ça veut dire).

Marx défend le travail des enfants, car selon lui l’éducation des hommes ne peut se faire que dans le monde du travail. Les empêcher de travailler, c’est les priver du principal bénéfice du travail, l’éducation. L’aliénation pédagogique est pire que l’aliénation économique.

En son nom on fait de la discrimination (par exemple à l’entrée d’un centre d’enseignement, on demande d’avoir des diplômes préalables). Il faut empêcher qu’un citoyen ne puisse trouver un travail simplement parce qu’il n’a pas des études (éventuellement inutiles pour ce travail), études qui auront été faites par d’autres avec des financements publics.

Embauche et ascension sociale ne se font plus sur compétences (vraie instruction), mais de plus en plus uniquement sur la durée des études.

Il faudrait interdire de fonder une décision sur la scolarité, comme on le fait pour la race, le sexe et les idées politiques.

Le vrai critère doit être celui des compétences réelles. On pourrait remplacer la sélection par les études par une période d’essai.

L’enseignement moderne ne donne pas un esprit critique, il rend passif et monopolise l’individu. On lui fait de moins en moins confiance.

Certaines professions se servent des études pour y empêcher l’accès à tous : enseignement, journalisme, pharmacie…

4) LA SOLUTION DE REMPLACEMENT

– Rendre à la vie sociale, au travail, au loisir leur valeur éducative.
– Encourager le partage de connaissance et l’accès aux moyens éducatifs (dont les entreprises, les machines, etc.)
– Donner aux gens la possibilité d’apprendre ce qu’ils veulent et ce dont ils ont besoin, plutôt que de les contraindre à un programme tout fait.

Paulo Freire
L’éducation ne changera pas le monde
elle changera la personne qui changera le monde
Paulo Freire parvient au Brésil à apprendre à lire et écrire à des adultes analphabètes en 40 heures de cours, à condition d’utiliser les mots d’un problème qui les touchait directement (ex : la gestion d’un puit, des revendications politiques, etc). Avant de commencer l’enseignement il se renseigne sur de tels problèmes locaux, et enseigne en premier à lire ces mots.

Il y a deux types d’apprentissage :
La compétence professionnelle, et la culture.
L’éducation traditionnelle les associe, à tort.

–  La compétence professionnelle s’apprendrait mieux avec un technicien qui se contente de faire une démonstration.

–  La culture s’acquiert en groupes de pairs, par l’échange et la recherche commune.

Comment procéder ? :

–   Mettre en place des réseaux éducatifs, grâce à l’ordinateur et à des éducateurs spécialisés pour mettre les gens en relation suivant leurs besoins et intérêts, les guider si nécessaire et les conseiller dans leurs recherches.

–  Créer ensuite des lieux d’échange et réunion.

–  Donner des crédits éducatifs, utilisables à tout âge, et pas seulement pendant l’enfance, permettant de faire appel au services de conseillers ou de ressources éducatives, et ce à n’importe quel âge. On pourrait gagner de tels crédits en transmettant à son tour son savoir ou en les achetant.

5) PHENOMENOLOGIE DE L’ECOLE

Définition de l’école adoptée ici :

Lieu où l’on rassemble des être humain d’un âge donné autour d’enseignants. Ils y sont soumis à une présence obligatoire et à la nécessité de suivre certains programmes. Pour cette étude, il ne faut pas définir école par éducation, car justement on veut pouvoir dissocier les deux.

A) L’AGE SCOLAIRE

Ce qui se trouvent dans les établissements scolaires sont regroupés par âges, assumant que les enfants doivent être à l’école, où ils apprennent, et c’est le seul endroit où ils peuvent le faire.

Or la notion d’ »enfant » est une idée nouvelle datant de la bourgeoisie et du capitalisme. L’Église considérait qu’à 7 ans on a liberté et raison.
Problème : la majorité des être humains ne veulent pas du droit à l’enfance ou ne peuvent l’obtenir pour leur progéniture auquel cas ils en sont frustrés.

Cette notion d’enfance est fixée par la loi, avec l’âge spécifique de la scolarité sans quoi, il n’y aurait plus d’ »enfance ». Pourquoi faut-il consacrer la plus grande part des ressources scolaires à cet âge spécifique, en excluant les 4 ans avant, et surtout la période après ?
C’est l’école et elle seule qui nous apprend que les enfants sont les seuls à pouvoir y être éduqué. Au nom de quoi on met des êtres humains dans une catégorie à part : les enfants, et cette ségrégation nous permet de les faire se soumettre à l’autorité d’un maître.

B) DES MAITRES ET DES ELEVES

On a l’axiome que l’éducation est le résultat d’un enseignement. Or où apprenons-nous l’essentiel (parler, penser, aimer, sentir, jouer, se débrouiller, travailler) ? A l’extérieur, ou par le simple fait de participer au rituel de l’école, mais pas par les maîtres. Ces derniers deviennent même un obstacle à l’apprentissage : n’envoie-t-on pas les enfants à l’école pour qu’ils soient protégés de ce qu’on apprend dans la rue ? La plupart des gens passent les examens en ayant recours au par cœur, aux lectures hâtives, à la débrouillardise, avec l’espoir d’une carrière ou la menace. Bien des adultes ont un regard attendri vers la période de l’enfance et attribuent avec le recul leurs connaissances aux maîtres ; ils s’inquièteraient pourtant de la santé mentale de leur enfant qui se précipiterait chez eux pour raconter ce que chaque professeur lui a appris.

C) UNE PRESENCE A PLEIN TEMPS

L’école exige de ses adeptes leur présence à plein temps, et les confie à un maître qui joue à la fois les rôles de gardien de l’institution (en transmettant les règles), censeur des moeurs (définit les bonnes et mauvaises façons de se comporter) et thérapeute (se croit autorisé à examiner et connaître la vie personnelle de chacun).      Il a donc à la fois le pouvoir de juge, d’idéologue et de médecin des âmes (que les constitutions veillent normalement à séparer), alors même que les élèves lui sont confiés à plein temps.

L’école veille à ses règles en instituant une morale et une culpabilité pour ceux qui les enfreignent, elle maintient l’enfant à l’écart de la réalité quotidienne en l’enfermant dans un milieu primitif, magique, et d’un sérieux mortel.

Mais attention, réformer l’école, ce n’est pas seulement réformer l’institution, c’est surtout aller à l’encontre du « programme occulte », la formation de l’élèves aux préjugés, au sentiment de culpabilité et à la ségrégation que définissent les critères scolaires (supériorité de certains, infériorité des autres).

D) LE RITE DU PROGRES

Un universitaire a coûté à l’état beaucoup plus (350 fois) en Amérique Latine qu’un citoyen moyen, et la plupart du temps il va mettre son savoir au service des riches de ce monde. D’ailleurs, les universitaires sont formatés pour s’entendre entre eux mieux qu’avec les compatriotes qui ne sont pas allés à l’école.

L’université n’accorde la possibilité de contester qu’à ceux qu’elle a déjà partiellement formatés, et contrôle leurs actions par le monopole qu’elle a des ressources éducatives. Bien sûr, au sein de l’université il y a des conditions plus favorables qu’à l’extérieur (temps, possibilité de réunion, accès aux informations), mais l’université n’accorde ces privilèges qu’à ceux qu’elle a précédemment initiés à la consommation et persuadés de la nécessité de quelque enseignement public et obligatoire.

Source: http://mata-marie2.blogspot.fr/