AgnesBosMasseron

Agnès Bos-Masseron

Les enfants ne savent-ils pas poser en un instant tous les poids devant la simple beauté d’un éclair de vie ?

Quelles que soient les situations, les relations, adopter l’innocente neutralité d’un nouveau-né qui s’émerveille. Car l’être nouveau-né ne perçoit que la beauté du plus sain. C’est cela, n’est-ce pas, l’innocente neutralité. Ne plus entrer en relation avec la vie depuis les points de vue, les concepts, les jugements, les a priori. Ne pas projeter une couleur, quelle que soit la couleur, sur l’innocente transparence.

L’invitation s’applique à l’art de la vie. L’invitation s’applique aussi à l’art de l’amitié, car l’amitié est un art. Être ouvert, pleinement offert à la divinité de l’ami depuis l’innocente transparence, sans induire la moindre trace de jugement, d’a priori, le regard rivé sur l’innocente transparence, le regard rivé sur la divinité de l’ami.

Cela n’empêche pas l’art de la relation, de l’échange, l’art même du positionnement. Le positionnement se fait au sein de l’innocente transparence. Le positionnement n’est plus déterminé par quelque a priori, par quelque compréhension colorée par quelque concept ou croyance où l’on croit détenir le vrai et l’on défend le vrai. Le vrai est l’innocente transparence. Le vrai est le divin reconnu dans chaque bribe de création.

L’on dit que j’ai ramené l’art de l’action-dévotion. C’est cela l’action-dévotion, sur la base de l’innocente transparence, reconnaître le Divin et tout Lui offrir en jaillissement de joie. Car éternelle est la joie de la vie, loin du sérieux des jugements et des a priori, où cela devrait être comme l’on croit que cela devrait être. Et cela n’est jamais comme l’on croit que cela devrait être, et l’énergie se crispe. Se fondre dans ce torrent d’amour-silence.

Ne plus baser son comportement sur les croyances. Être écoute du chant du cœur, et dans cet éternellement nouveau qu’est le chant du cœur, est le juste milieu. Ne pas porter ce soi-disant poids du soi-disant passé, ne pas projeter les soi-disant poids du soi-disant futur. Maintenant, être le feu de l’union, car le feu de l’amour est le feu de l’union, le feu du un.

Certaines croyances ou certains fardeaux illusoires voudront peut-être faire croire qu’ils pèsent encore et empêchent ou voilent, l’invitation est à la dévotion. Lorsque viennent ces soi-disant croyances, soi-disant savoirs ou soi-disant fardeaux, étreignez-les de la puissance de la joie. C’est cela la dévotion. La dévotion n’est pas d’adhérer à un fardeau de passé et de viser à offrir une bribe de soi à quelque divin, quelque part enfoui au cœur du cœur, la dévotion est le choix conscient, permanent et éternel d’offrir l’étreinte de joie, ananda. Le corps alors est flamme vivante.

Il en est de même pour l’expérience de vie. Vous vous souvenez, l’une des bases est de simplifier. Simplifier à bien des niveaux, simplifier vos quotidiens, vos rythmes, simplifier vos encombrements, simplifier vos croyances et vos attachements, simplifier vos regards.

Ne pas approcher la vie du bout de son champ d’énergie depuis les préjugés, des attentes ou des savoirs, étreindre la vie, et étreindre ces mêmes croyances qui murmurent de soi-disant impossibles ou de soi-disant pas encore, « un jour peut-être, n’est-ce pas, je serai grand ». Il n’est pas question de grandir, mais de retrouver l’éternelle innocence.

Voyez, une autre spirale, la spirale descendante des croyances qui enferment, des préjugés, des a priori, des savoirs carrés, des poids que l’on croit ne pas pouvoir lâcher ; la spirale ascendante du choix maintenant d’être dévotion.

Être dévotion est étreindre la puissance de la joie. Être dévotion est être relation, rencontrer par l’attention avec tendresse et vénération la joie, rencontrer avec tendresse et vénération le silence, le plein, non par une expérience qui ne serait qu’un reflet ou une autre boîte, mais depuis cet infini.

N’oubliez pas, tout en étant les êtres de perfection que vous aspirez à devenir, vous êtes aussi des aspirants. Dans le point de neutralité innocente, la vision est vaste, holistique. Tout est inclus. Vous regardez encore les situations depuis un angle seulement. Vous vous accrochez à cet angle, oubliant que l’art de la relation est d’être ouvert au plus holistique.

Il est vrai, votre vision s’élargit, ne pas prendre une vision plus large pour la vision vaste et holistique. Ainsi, par intention de service à l’authentique, vous déposez les a priori, les croyances ou les jugements, et vous tournez vers l’innocente transparence, le juste milieu. Ainsi vous honorez la vie. Là vous offrez le poids de l’attention, là est votre ancre. Et lorsque surgissent de vieux masques ou de vieilles croyances, étreignez-les dans la puissance de la joie par dévotion.

Il est réel que la joie s’anime par de simples jeux, il est réel que rien ne peut barrer l’accès à la joie, sauf l’entêtement qui fait s’accrocher à de vieux modes de comportement, de vieilles croyances ou de vieilles compréhensions. Ainsi vous vous autonourrissez.

Simplifiez. Simplifiez la relation de cette partie qui se croit encore personne, avec sa propre transparence. Simplifier peut se faire en entrant dans le mode du jeu. Jouer pleinement le jeu de la joie, non cette joie conditionnelle, mais ananda.

Ne retenez rien. Acceptez d’être l’étreinte de joie offerte à chaque situation de vie. Acceptez d’être le regard rivé sur le juste milieu, l’innocente transparence. Et riez de ces masques qui voudraient vous faire croire que peut-être il reste quelque poids, quelque attache ou quelque accroche. Les enfants ne savent-ils pas poser en un instant tous les poids devant la simple beauté d’un éclair de vie ?

Source : http://anandamath.free.fr