par Bertrand Duhaime
La fuite rappelle l’action de tenter de se soustraire à quelque chose de pénible ou de dangereux ou d’échapper à ses responsabilités. Un être peut fuir dans l’esquive, dans la solitude, dans la rêverie, dans une marotte, dans la densité, dans l’activisme, dans l’Esprit, ce qui écarte de ses responsabilités telles qu’elles sont de s’accomplir à travers la prise des leçons salutaires ou la découverte des solutions pertinentes.
Dans la fuite, un être cherche forcément une soupape de sécurité et un moyen de se donner du plaisir ou de s’éviter un déplaisir. Celle-ci écarte de la compréhension de sa réalité, comme de ses droits et de ses devoirs. Il gagne donc se demander ce qu’il tente de sauver dans ce rejet, car c’en est un. Généralement, il s’agit bien simplement de la vie. Mais ce qu’un être fuit lui court après. Fuir, c’est, jusqu’à un certain point, cultiver sa lâcheté, manquer de responsabilité vis à vis soi-même. Au fond, personne ne peut se fuir: il peut tout au plus retarder son évolution, payant d’autant de souffrances. Il y a deux êtres à qui on ne peut échapper: à Dieu et à soi-même. En fait, on ne peut pas davantage échapper à ses responsabilités, parce qu’elles finissent toujours par rattraper celui qui les a négligées, souvent en lui imposant un lourd tribut.
Qu’on se le dise : il faut cesser de se mentir à soi-même. Ces deux êtres, Dieu et soi-même, on les amène partout avec soi dans un repli de sa conscience. Il faut s’appliquer courageusement à faire face aux événements, là où on se trouve, avant de songer à explorer d’autres aspects ou d’autres environnements de la vie. Il faut affronter bravement et intelligemment la vie partout où l’on passe. Quand ça va mal dans la vie, ce n’est pas le temps de lâcher: c’est plus que jamais le moment d’agir. Il faut en profiter pour se demander ce qui se passe, chercher où et comment le pouvoir en soi est entravé. Tous les gens luttent pour quelque chose. Ce motif est plus ou moins précis ou conscient selon les sujets. Certains luttent contre le pouvoir, l’envie, l’injustice, la jalousie, la haine, le mal.
D’autres recherchent la gloire, le prestige, la renommée, la réussite financière, l’avancement social, la paix familiale, une bonne carrière, une existence confortable. Certains se projettent dans le passé, d’autres dans le futur: la majorité coure contre la montre. Chacun se cherche une responsabilité, veut se sentir utile, performer, se savoir indispensable. Voilà autant de moyens de se disperser. La seule démarche utile, c’est d’apprendre à se connaître pour s’unifier, s’accomplir. Tout le reste, c’est de la fuite. On fuit en agressant, en jugeant, en blâmant, en subissant, en réagissant, en se comportant comme une victime, en s’écrasant, en s’effaçant. Il faut savoir occuper sa place et toute sa place puisque ce que l’on fuit continue à grandir ou à se renforcer.
En spiritualité, on parle d’abord de la fuite vers le bas, qui consiste à oublier sa quête évolutive pour se plonger résolument dans son rêve mondain et matériel et à s’extérioriser à outrance dans l’exploration des phénomènes, donc des apparences. Alors, l’être ne s’occupe plus que de connaître du plaisir, de s’enrichir, d’augmenter ses biens, de réussir dans sa carrière, d’être connu et reconnu, d’affectionner et d’être affectionné, (car il ne cultive pas de relations d’amour, rien que des relations utilitaires, ce qui fait jusque d’une personne un objet jetable), d’accomplir, de faire, de performer, de concurrencer. Il oublie d’apprendre à être. Dans la peur constante de la mort, il cherche à s’ériger ici-bas un paradis plus ou moins permanent, selon son degré de longévité.
Puis il y a la fuite vers le haut, dite la fuite en Dieu, qui correspond à une tentative d’échapper aux conditions terrestres, une préoccupation qui amène à négliger ses besoins fondamentaux. Il peut encore s’agir d’une fuite dans l’imaginaire, qui est le summum de l’illusion. Autant le matérialisme pur est une erreur, autant la spiritualité désincarnée est une aberration. L’expérience intérieure n’accomplit pas grand chose dans la substance de l’être, elle contribue simplement à éveiller le goût de l’idéal.
En vérité, chez un chercheur, le fait de détenir la vision subtile, d’être médium ou d’avoir vécu une illumination n’est pas une attestation de sa sagesse et n’a rien accompli de profond dans sa chair, à part de lui avoir inculqué le désir d’expérimenter l’inexprimable, dont il ne saura jamais oublier l’attrait. Les exercices spirituels mettent en communication avec l’Esprit, les exercices psychiques développent l’âme, les exercices mentaux affinent l’intelligence, les exercices physiques améliorent les performances du corps. Ce n’est qu’en travaillant dans la matière qu’un être peut la transmuter. Mais la matière contribue à l’ illuminer, car elle est de l’Esprit, bien sûr cristallisé, mais quand même de l’Esprit. Ce n’est qu’en unissant le haut et le bas qu’il peut s’accomplir, pas en œuvrant uniquement en haut ou en bas. Il faut garder en mémoire que l’être humain sert de Pont cosmique entre l’Esprit et la Matière. Fuir dans la spiritualité, au sens de fuir dans la Lumière ou de fuir en Dieu, soit fuir vers le haut, ne conduit nulle part. Pour s’illuminer, nul ne gagne à fuir dans la Lumière divine, il doit plutôt devenir Lumière de Vie. Or la Lumière de Vie, aussi appelée Orgone vivant et vibrant ou Particules adamantines, représente la fusion du Ciel et de la Terre ou de l’Essence et de la Matière, ce qui est le destin de l’espèce humaine, le Joyau de la Création.
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