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par Bertrand Duhaime

On n’a qu’à observer les bêtes pour constater que c’est bien le mental, par le conditionnement moral ou religieux, qui a amené l’être humain à en faire l’objet de ses plus étranges tabous.  Mais on dira que les bêtes sont moins que l’espèce humaine, d’où celle-ci doit se tirer de son animalité et se hisser à un niveau supérieur, oubliant que c’est l’homme qui s’est ainsi prononcé sur la valeur des animaux, ignorant que, dans l’Économie de la Pyramide cosmique, un rôle fonctionnel en vaut bien un autre.  Pourtant, de l’avis des Sages, à moins de confusion, la sexualité ne représente qu’une fonction comme une autre, qui comporte des besoins qui devraient être satisfaits aussi facilement que l’on respire, que l’on mange, que l’on boit, qu’on se fabrique des vêtements ou qu’on se construit une maison.  Car tout ce qu’on tient à cacher dans le domaine relève moins des bonnes mœurs et de la pudeur que d’un sentiment de culpabilité profond qui en fausse toute la dynamique.

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Mais, par vénération de la virginité des saintes femmes, dans les religions, on préconise la chasteté, la définissant comme, dans un esprit de modération et une quête de salut, la nécessité de s’abstenir des plaisirs de la chair hors du mariage ou, dans le mariage, comme un effort de continence hors du but de la procréation.  C’est ignorer qu’à trop s’imposer de privations qui relèvent de l’ordre de la nature d’un être, celui-ci s’expose à des dépravations secrètes, à l’illuminisme, cette étrange fuite désincarnante et déséquilibrante dans l’Esprit, voire à la folie.  À force de se priver des plaisirs légitimes, un être s’expose à chercher l’annihilation de son être dans le néant plutôt que son accomplissement dans la Lumière.

Qu’on se le dise, la sexualité comporte quatre fonctions.  Une fonction de plaisir qui motive, en fournissant une compensation licite, par la libération des tensions, à travers les aléas de la vie.  Comme l’a dit un Maître, si le Créateur n’avait pas inclus le plaisir dans l’acte sexuel et l’acte de nutrition, bien des êtres oublieraient de songer à la reproduction de l’espèce et de s’alimenter, ce qui ne pourrait avoir que des conséquences fâcheuses, voire fatales, autant pour l’individu que pour la collectivité.  Elle comporte encore la fonction évidente de reproduction, celle sur laquelle les religions ont le plus insisté.  Elle comporte aussi une fonction d’échange magnétique permettant d’équilibrer ses polarités par le contact avec un pôle inversé.  Enfin, dans la continence bien comprise, elle comporte une fonction de régénération et de transmutation de l’être par l’épargne des énergies qui permet de transmuter ce qui est de l’ordre du physique, donc de la densité.  Car l’énergie sexuelle, qui n’est rien d’autre que l’énergie vitale activant le centre sexuel et forçant, par économie, l’ouverture des centres supérieurs, permettant la montée de Kundalini, qui sert d’ascenseur de la conscience vers les plans supérieurs.  Dans son vécu, un être peut recourir à la sexualité pour l’une ou l’autre de ces fonctions, comme il peut les cumuler.  Par exemple, au lieu de s’adonner à l’acte sexuel de manière simplement bestiale, alors qu’il aspire à assurer son lignage, il peut recourir à la galvanoplastie spirituelle et au tantra yoga pour inclure toutes les fonctions de la sexualité.

En spiritualité, la chasteté définit moins la continence sexuelle que l’état d’esprit par lequel un être choisit de se garder pur de toute pensée néfaste.  Quant à la virginité, elle représente moins le refus de l’acte sexuel que son accomplissement dans l’amour et la pureté d’intention.  C’est ce qu’on comprendra lorsque, un jour, on acceptera la version des évangiles dits apocryphes, retranchés du Christianisme, que la Vierge Marie a conçu huit autres enfants, à part Jésus, qui était leur aîné.  D’une part, il est impossible que le Créateur ait créé une potentialité humaine, du reste commune à tous les règnes, qu’il aurait interdit d’explorer.  D’autre part, le bien et le mal n’existent pas en eux-mêmes, ils ne résident que dans l’abstention d’un acte vital ou dans le recours abusif à un acte.

N’a-t-on jamais remarqué que les Maîtres légitimes, qui ne comprennent pas forcément les fanatiques religieux, notamment les prudes rigoristes et les ascétiques moines, n’abordent à peu près jamais le sujet de la sexualité, à moins d’être interrogés sur le sujet avec insistance?  N’a-t-on également jamais noté qu’ils ne parlent jamais de ce sujet de manière méprisante, culpabilisante, n’y trouvant ostensiblement nul scrupule ni scandale.  Car ils savent qu’on peut ramener tout enseignement éthique à un principe métaphysique fondamental qui dit: un peu de tout sans abus.

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Bien sûr, cette maxime n’invite pas un être à tenter de tout essayer dans une seule vie, ce qu’il ne parviendrait pas à faire, mais à accepter d’expérimenter dans le juste milieu tout ce dont il a envie ou tout ce qui correspond à son rôle fonctionnel.  Car la connaissance, qui mène à plus d’être, passe par l’expérience personnelle.  Nul ne peut dire vraiment connaître ce qui n’est pas passé à travers lui.  Hors l’expérience personnelle, un être ne peut accéder au savoir, devant se contenter de spéculer sur des croyances qu’il doit reconnaître, non comme des faits, mais comme des hypothèses.

La sexualité bien menée reste l’un des actes les plus nobles et les plus enrichissants de l’expérience humaine.

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