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par Lydia
Dans ce monde de dualité, tout peut basculer d’une minute à l’autre, la mort est au bout du chemin et on ne sait pas quand elle nous tombera dessus. Voilà le contexte dans lequel nous arrivons lorsque nous venons expérimenter l’incarnation. Nous entrons dans un monde où les énergies sont polarisées, étirées à l’extrême. Notre propre constitution en tant qu’humain divin est complexe et contradictoire.
Tout nous montre, à travers nos sens, la société, que nous sommes individualisés et séparés de l’extérieur. L’autre est un ennemi potentiel dont il faut nous protéger. Toute la société est organisée selon ce principe d’insécurité, de division et de hiérarchie.
Tout naturellement, quand nous grandissons, nous rentrons dans le cadre afin d’être intégré. Malgré tout, malgré le confort matériel, malgré notre compréhension accrue de l’humain et le fait que nous rangions tout par catégories selon des critères de valeur définies par nos croyances, notre cœur nous crie qu’il souffre et qu’il a besoin d’amour.
Selon nos préférences mais surtout nos blessures, nous allons construire notre personnalité par attraction/répulsion établissant ainsi un modèle à suivre. Nous passons notre vie à nous conformer à nos croyances qui évoluent au fil des expériences. Si nous rencontrons le succès, si notre image colle au modèle, nous allons croire que nous contrôlons notre vie mais nous ne sommes malgré tout pas satisfaits et continuons de poursuivre un idéal, nos rêves, toujours à la recherche de quelque chose de nouveau pour alimenter notre curiosité et notre besoin d’expansion. Malgré ces bonheurs éphémères et superficiels, quelque chose en nous murmure, essaie de nous ramener au cœur, de nous rappeler notre origine divine, notre essence vitale, sa nature, notre vraie nature.
Il faut pourtant qu’une crise nous bouscule suffisamment, remette en question notre façon d’être pour que nous nous tournions vers notre cœur. Il faut que nous soyons terrassés, que la personnalité soit choquée, ébranlée pour que nous soyons à l’écoute de notre monde intérieur. Que la vie nous ramène à vivre des situations difficiles pour que nous osions ou soyons obligés de nous remettre en question.
Au niveau sociétal c’est le même processus qui nous amène à constater que nous faisons fausse route. Il nous a fallu arriver à la limite de l’extinction pour oser douter de la pertinence du capitalisme et de la croissance. Accumuler les incarnations pour comprendre que la personnalité n’est pas ce que nous sommes en vérité et que ses stratégies sont destructrices.
Nous nous rebellons contre les injustices du monde alors qu’elles ne sont que la projection de notre propre comportement vis-à-vis de notre monde intérieur. Nous sommes arrivés à comprendre que le cœur est intelligent et qu’en le suivant, nous trouvons la joie, la paix et la liberté mais nous ne sommes pas encore capables de le vivre. Du moins nous tentons de le comprendre à travers notre vision duelle, par notre intellect. Le problème c’est que sa vision se limite au jugement, à la comparaison, à la classification en «bien » et « mal ». Cette notion induit un comportement automatique d’exclusion qui perpétue l’idée d’être isolé, séparé du reste du monde. Là encore, c’est la projection de ce que nous vivons en dedans.
Nous savons que nous avons le pouvoir de choisir l’objet de notre focalisation, de porter notre attention sur ce que nous préférons et ainsi d’agir sur notre humeur, nos émotions, de ne plus les subir mais de les susciter. C’est une vérité que je ne conteste pas mais qui continue de nous maintenir dans le mental et ses stratégies.
L’ego est très utile mais il est radical et excessif. Comme sa façon de concevoir la vie se base sur la notion de prédation, de division, sur la peur et les moyens de la traiter par exclusion, la sensation de manque, d’incomplétude et d’isolement amplifient à mesure qu’on avance sur le chemin de l’introspection.
Quand on comprend que notre bien-être est conditionné par nos croyances, on va naturellement faire le tri dans celles-ci comme nous continuons de regarder et de raisonner à partir de l’ego. Nos aspirations à faire notre place dans le monde seront détournées pour nourrir notre besoin d’évolution. On délaissera peu à peu l’aspect matériel des choses pour se tourner vers la spiritualité. Mais, on continue encore de se fixer un modèle, un objectif selon les stratégies de l’ego. On n’est plus le guerrier qui défend son territoire mais on endosse le costume du guerrier de lumière.
L’ego spirituel ou Soi supérieur vient diriger notre vie en écartant celui qui sera désormais qualifié d’ego inférieur. Disons plutôt qu’on va s’identifier à l’aspect intérieur qui a des « buts élevés » comme on se plait à dire. Cet aspect qui selon l’entendement du mental est supérieur, est perçu comme un maitre que l’on va suivre.
Mais tant que notre foi repose sur des croyances, on s’identifie à l’aspect de soi qu’on pense meilleur. On continue de trier, d’évincer, de vouloir afficher un comportement supposé être le bon. Tout ceci n’est qu’un enfermement, un déconditionnement puis un reconditionnement. L’énergie qui dirige est encore celle de la peur, et les réponses sont toujours celles qui divisent, excluent et rejettent.
Peu à peu dans le désir de transparence que les énergies de la source amplifient par ses ajustements énergétiques cosmique et terrestre, on voit que ces stratégies ne nous mènent pas au bonheur. Alors on accusera l’ego spirituel de la même façon qu’on a condamné le petit ego.
Malgré tout, quelque chose en soi continue de nous amener à revenir au cœur, à essayer de voir avec ses yeux. Quand en plus on expérimente l’accueil de ce qui est, qu’on goûte la paix et la joie subtile, on comprend que la solution est dans l’acceptation de ce qui est.
Mais la compréhension n’est pas la guérison. Au contraire, bien souvent elle nous amène à vouloir contrôler encore plus et ainsi nous enferme et nous divise intérieurement. Nous sommes divisés entre la connaissance de nos capacités et le constat douloureux de nos limites.
Vivre à partir du cœur est totalement inconnu pour nous. Nous avons une idée de l’amour et du cœur qui nous empêchent de le connaitre vraiment.
La seule façon de savoir c’est de s’y loger, d’en faire l’expérience en soi.
On passe d’une compréhension logique basée sur la peur à une sensation de paix et de joie qui donne envie de s’abandonner à l’intelligence du cœur.
Le mental ne peut pas comprendre la logique du cœur. Même si on a libéré bon nombre de peurs, celle de l’inconnu demeure. Nous sommes arrivés au stade ou nous comprenons comment nous fonctionnons, où nous voyons les stratégies de l’ego. On comprend que l’enfant intérieur a besoin de guérir, que l’identification à l’ego nous éloigne du cœur, que les autres nous renvoient nos croyances inconscientes.
Mais ça n’est pas parce que l’intellect comprend que l’enfant intérieur guérit. Au contraire, très souvent la division intérieure amplifie dans ce décalage entre l’enfant et l’adulte, entre la volonté mentale et les vagues émotionnelles.
Même si les prises de conscience permettent d’évoluer, la phase essentielle au processus de guérison, c’est l’amour, la façon dont nous acceptons le décalage entre la compréhension et l’action.
C’est notre capacité à accepter nos limites, la dualité, le caractère fortement opposé des aspects intérieurs qui guérit, et ça se réalise dans l’intimité de notre cœur.
Le mental pense que l’équation compréhension et volonté de changer est suffisante pour guérir. Ce qui n’est pas faux cependant l’ingrédient essentiel reste l’amour vrai de soi, c’est cette énergie qui guérit. Malgré tout, on continue de vouloir changer en éliminant ce qui ne correspond pas au modèle que notre intellect a élaboré. Ce qui redouble les attentes, les exigences, la pression et amplifie le jugement.
Selon mon expérience le véritable changement réside dans la capacité à s’abandonner, à oser prendre le risque de suivre l’élan du moment, quel qu’il soit, sans porter aucun jugement.
De cette façon on lâche l’idée même de se forger un modèle. Bien que ce soit une fonction utile du mental pour se diriger dans le monde, se projeter, réaliser des projets…elle sabote le processus de guérison.
Les icônes continuent de diriger notre vie en coulisse, dans tous les domaines. L’idéal du couple éternel continue de conditionner les relations mais ça n’est que la projection de ce à quoi nous aspirons depuis des siècles, la fusion entre l’humain et le divin, l’enfant et l’adulte, le masculin et le féminin. Nous aspirons à retrouver l’unité, cet état d’être connu autrefois et lors du passage entre mort et vie. Cette mémoire active en nous s’est matérialisée, projetée naturellement dans cette dimension duelle et sa manifestation est la famille, le couple et sa progéniture. L’intuition est interprétée par le mental, l’étincelle divine traduite selon la vision dichotomique, distorsionnée de l’ego.
La difficulté actuelle, c’est d’avoir foi en soi, en sa capacité de faire preuve de patience envers nos difficultés, nos exigences et de laisser le cœur harmoniser le tout. Lâcher l’idée que ce sont nos actions qui permettent la guérison puisqu’en fait c’est exactement le contraire.
Le besoin de contrôle est légitime mais il révèle bon nombre de peurs qu’il faut pouvoir accueillir. Nous devons apprendre à revenir au cœur en toute circonstance et c’est ce retour qui nous guérit et nous libère.
Le cœur ne force rien parce qu’il sait que le temps n’est pas compté. La vie nous donne maintes occasions de revenir au centre et j’ai bien l’impression que c’est sa raison d’être. Chaque émotion nous pousse à réagir, selon la logique du mental. Ce n’est ni bien ni mal, c’est comme ça, c’est la fonction de l’ego qui n’a pas à être remise en question. C’est ce qui nous permet de choisir mais cette fonction peut être utilisée pour revenir au cœur où on va élargir sa vision.
Sans même chercher à savoir ce que le cœur nous montrera et quel action nous poserons, le seul fait de revenir au cœur nous libère de la vision duelle et casse le réflexe de jugement. Le mental/ego ayant pour fonction de protéger l’individu en le coupant de son ressenti, de son cœur en fait, semblera opposer une résistance mais il ne fait qu’exprimer nos peurs, du changement, de l’inconnu, de l’échec, du rejet…
En revenant au centre, au cœur, en goûtant la paix qu’on y trouve, les peurs diminuent et nous préparent à accueillir les prochaines vagues avec plus de confiance, de facilité. La résistance de l’ego sera moins forte à mesure qu’il sera en confiance.
On ne peut d’ailleurs pas lui reprocher son comportement puisque celui-ci nous permet de tracer le chemin qui mène au cœur, de créer les circuits neuronaux qui nous permettent de passer avec aisance de la dimension de l’ego à celle du cœur.
Dans ce cheminement, l’ego aussi est amené au cœur et petit à petit, leurs visions se superposent, leurs natures s’associent, se complètent et s’équilibrent dans cette rencontre.
Peu à peu on lâche l’idée que la transformation se réalise par l’action dans la matière parce qu’on fait l’expérience du changement énergétique en soi, qui se réalise par la grâce. C’est peut être le sens de ce terme « action de grâce », le mouvement vers le cœur, le divin.
Vous pouvez diffuser ce texte à condition d’en respecter l’intégralité, de ne rien modifier (sauf correction des fautes d’orthographe), de citer l’auteur : Lydia Féliz, ainsi que la source : http://lydiouze.blogspot.fr et ces trois lignes. Merci
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