par Nicolas-Emilien
Développement personnel par-ci ! Développement personnel par-là ! Développement personnel par là-bas ! Développement personnel par ici ! Si vous lisez encore et toujours des livres pour mieux vivre, mieux respirer, être heureux, trouver l’amour, rencontrer le bonheur, voire même pour apprendre à vivre dans un but précis et une volonté de vous transformer, alors vous êtes en quête de vous-même. Au fil des décennies, les noms des auteurs changent, mais ils répètent inlassablement à leur façon ce que d’autres ont dit avant eux. Avec plus ou moins de substance, avec plus ou moins d’intensité, ils se racontent encore et encore. Ils sont la continuité d’une chaîne universelle d’âmes, d’esprits et de cœurs.
Il en va de même des formations du soir, du weekend, d’une à deux semaines. Les professeurs qui vous expliquent comment bien-vivre ont des visages différents de ceux d’hier mais des visions similaires. Un si grand mal-être règne dans nos sociétés qu’ils sont aujourd’hui innombrables à prêcher pour le pouvoir de l’instant présent et celui de la pleine conscience. Chacun et chacune partant de son parcours personnel vous explique pourquoi lui ou elle a le pouvoir de vous changer tout en vous indiquant que vous êtes la clef de ce changement. Et il y a même des conférences, des séminaires et des stages intensifs pour devenir ce rêve qui vous glisse entre les mains depuis si longtemps. Mais le manque de vous-même ne peut se combler que par vous-même. Car vous détenez la clef qui ouvre le cœur de votre aventure humaine. Et personne ne peut tourner cette clef à part vous.
Alors vous vous dites : « Magnifique ! Encore un livre sur l’éveil, encore un écrit sur le bien-être, sur l’écoute empathique, active, sincère… sur l’intelligence du cœur, un roman initiatique ou sur la pleine conscience ». De leur côté, les magazines surfent sur les vagues des conseils à n’en plus finir en vous indiquant quelles postures adopter dans telle situation, quoi penser face à telle expérience, comment faire quand… quoi dire… que ressentir… Tous vous disent comment devenir les créatifs de vos vies et les rédacteurs de vos existences. Vous sortez de votre lecture, de votre séance énergétique de groupe, de votre formation en plein air… et vous vous dites : « Mais, c’est bien sûr ! », « Je le savais ! », « J’en étais sûr j’avais quelque chose de bloqué ! », « Je me sens super bien ! », « Enfin ! Je vis ! », « J’aime les autres ! », « Elle a tellement raison ! », « C’était génial ! Vivement la prochaine fois ! »… Et puis dès que la porte se referme derrière cette étincelle de lucidité, tout redevient comme avant. Néanmoins, ces sursauts de conscience vous mettent l’eau à la bouche.
C’est ainsi ! Oui, chacune de vos rencontres est à vous car elle détient ce que vous êtes au moment de la rencontre. Chacune d’elles vous raconte ce que vous voulez entendre. Chacune d’elles détient la vérité. C’est normal ! Après tout, c’est pour cela que vous êtes là. D’ailleurs, c’est aussi pour cette raison que nous nous rencontrons à travers ces lignes. Bien sûr, ce livre vous auriez pu l’écrire. Bien sûr, ce discours vous auriez pu le prononcer. Bien sûr, ces applaudissements auraient dû être pour vous. Vous les aimez tant ! C’est naturel ! Ils sont à vous ; ils sont de vous. C’est pour cette raison que vous vous enflammez, que vous partez dans tous les sens ; vous êtes à la fois le créateur et le narrateur de votre expérience.
C’est étrange n’est-ce pas !? Je vous comprends, moi aussi j’en ai épuisé des lectures, des stages, des formations avant de réaliser que je devais arrêter de gesticuler dans tous les sens pour trouver un monde meilleur. J’ai couru jusqu’à ce que je réalise que tout ce qui vient à nous est à nous. Car tout ce que nous expérimentons est une création pure de notre esprit. J’ai le regret de vous informer que la connaissance de soi ne s’achète pas. Elle ne demande point d’effort, ni même de pratique. Elle est simplement le fruit de nos observations de tout ce qui se passe en nous et autour de nous. Soyez comme face à un miroir, à la fois votre propre maître et votre propre disciple. Cela demande du temps, de la patience, de la délicatesse, de l’attention et la capacité à rester seul pour mieux s’entendre respirer. La vie s’appréhende par nos propres explorations, par nos propres perceptions et nos propres découvertes. Il n’y pas de recette miracle ou de guide pratique.
Malgré cette prise de conscience, je me souviens que, pendant quelques mois, j’ai continué à chercher, comme par réflexe, dans telles ou telles lectures ou formations une solution à mon manque d’enracinement. L’offre est gigantesque. Elle est à la mesure de nos errances mentales. Vous aussi, peut-être ? Malgré votre compréhension, vous continuez à chercher, à courir, à quémander de l’attention et de l’amour. Laissez-moi vous murmurer à l’oreille que ce n’est pas la timidité, le manque de confiance, la modestie, la douleur, notre passé, qui nous retiennent scotchés derrière les pages en papier ou virtuelles des autres, devant la scène et les discours des autres ; c’est la peur. C’est uniquement la peur qui nous empêche d’être ce que nous devons être. Nous avons peur de nous révéler au grand jour face aux autres. Nous avons peur de nous tenir debout dans la responsabilité de nos choix, de nos pensées et de nos actes. Nous avons peur de réaliser que nous possédons tout à l’intérieur de notre être pour jouir de chaque instant. Nous avons peur de ne plus dépendre de rien, ni de personne pour exister. Nous avons peur de ce que nous pourrions découvrir en étant maîtres de notre âme et de notre esprit. Alors nous nous jetons corps et âme dans des lectures romanesques spirituelles, dans des formations sur l’apprivoisement de nos maux ou des conférences sur le mieux-vivre. Nous plongeons entièrement dans des conversations que nous trouvons sur l’Internet dès qu’elles abordent le thème de l’éveil ou de la conscience.
Si tel est votre cas, alors votre illusion est de penser que les autres détiennent une vérité, un talent, un don ou une connaissance qui vous échappe. Les autres sont vous ; vous êtes les autres. Ce n’est que par ce travail de déconstruction que vous pourrez, dans la paix et la lumière, entendre votre propre voix. À partir du moment où nous cessons de lutter pour nous extraire de notre propre somnolence, en nous reposant sur telle personne ou telle pensée, notre esprit s’assoupit et nous nous endormons dans la croyance d’être vivants.
Cessons de courir après le bonheur. Il n’est qu’un invité qui vient sans prévenir. Dès que nous pensons le saisir, il disparaît. En suivant les mots, les pensées et le chemin d’un autre, nous ne faisons que simuler encore et toujours notre vie. C’est la raison pour laquelle nous devons lire, écouter, observer et participer sans attente et sans envie. Nous devons cesser, tels des enfants, de vouloir saisir et nous accaparer ce qui est en face de nous ou qui vient à nous. Lorsque nous n’aurons plus envie de prendre mais de donner, alors nous serons libres. Libres d’apporter notre rime sans l’approbation ou le consentement d’autrui, juste pour notre plaisir et celui des autres. Car seule la force de l’amour brise la chrysalide pour libérer un autre nous-même. Rassurons-nous, cet autre est déjà présent. Il est le reflet de tout ce qui procure un immense bien-être en nous et autour de nous. À chacune et à chacun de libérer la lumière qui est en elle et en lui. L’éveil est la récolte d’une vision éclairée.
Nicolas-Emilien
Source: http://nicolas-emilien.com/