entree_dans_la_lumiereOmraam Mikhaël Aïvanhov

« Que la lumière soit ! »

D’après le récit de la Genèse, c’est au moment où Dieu a prononcé ces mots que la création a commencé. Cela signifie- t-il qu’aucune lumière n’existait auparavant? Et comment le Verbe divin a-t-il pu la créer? C’est là encore que le tableau de l’Arbre séphirotique, l’Arbre de la Vie, nous aide à comprendre.

Avant que Dieu ne dise: « Que la lumière soit! » cette réalité que nous appelons la lumière n’existait que sous une forme que nous ne pouvons pas concevoir: Aïn Soph Aur. Et la « parole » de Dieu, qui n’a évidemment aucun rapport avec ce que nous pouvons, nous, appeler parole, n’est qu’une façon d’exprimer l’idée que, pour créer, Dieu a projeté quelque chose de Lui- même. C’est cette projection qui était Lui, mais une forme nouvelle de Lui, que nous appelons la lumière. Dire que Dieu a « parlé » signifie qu’il a eu la volonté de se manifester. Vous pensez que c’est très difficile à comprendre… Non, prenons un exemple de la vie quotidienne. Vous avez une idée, mais où est cette idée? Où la situer? Est-ce qu’on peut la voir et la localiser quelque part dans votre cerveau? Non. Et on est obligé de reconnaître aussi qu’on ne sait pas de quelle matière elle est faite. Mais au moment où vous exprimez cette idée par la parole, déjà on commence à percevoir son existence. Et enfin, quand vous agissez conformément à cette idée, elle s’incarne dans la matière, elle devient visible. La parole est un intermédiaire entre le plan de la pensée pure et celui de la réalisation dans la matière. Vous avez là une image du processus de la création.

Maintenant, si on rapproche la phrase de la Genèse: « Dieu dit: Que la lumière soit! » et la première phrase de l’Evangile de saint Jean: « Au commencement était le Verbe et le Verbe était avec Dieu et le Verbe était Dieu », on comprend mieux encore ce rapport qui existe entre le Verbe et la lumière. La lumière est la substance que le Verbe divin, le premier-né de Dieu, a fait apparaître pour devenir la matière de la création. Vous direz que lorsqu’on regarde les pierres, les plantes, les animaux et même les humains, on ne voit pas qu’ils sont faits de lumière. Oui, parce que cette lumière en eux s’est condensée au point d’en devenir opaque. Et si on oppose généralement matière et lumière, c’est parce qu’on ignore que ce que l’on appelle matière est en réalité de la lumière condensée.

La Kabbale enseigne que Dieu a créé le monde par condensations successives. Pour sortir de cette immensité, de cet abîme insondable, de cet espace sans limite à travers lequel II était répandu, Aïn Soph Aur, l’Absolu, l’inconnaissable s’est imposé des limites, puis débordant de ces limites II a formé un réceptacle qu’il a rempli de ses émanations. Ce réceptacle, c’est Kéther, la première séphira. Kéther est la première manifestation d’Aïn Soph Aur, le non-manifesté. A partir de là on peut dire que toute la création n’est qu’une succession de jaillissements et de débordements de la lumière originelle. Kéther en débordant a formé Hohmah: Hohmah est comme un récipient qui s’est rempli de l’eau de Kéther. En débordant elle s’est déversée dans Binah, Binah dans Hessed, Hessed dans Gébourah, Gébourah dans Tiphéreth, Tiphéreth dans Netsah, Netsah dans Hod, Hod dans Iésod et Iésod dans Malhouth. Et au fur et à mesure qu’elle est descendue pour former de nouveaux mondes, l’émanation divine est devenue de plus en plus dense. Mais c’est toujours la même quintessence qui crée sans cesse de nouvelles forces, de nouvelles couleurs, de nouvelles mélodies, de nouvelles formes… D’émanation en émanation Dieu a créé toutes les séphiroth et c’est ainsi que la vie continue à couler de la Source infinie.

« Au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu et le Verbe était Dieu… En Lui était la vie et la vie était la lumière des hommes. » Pour que Kéther fasse jaillir la vie, il faut qu’elle la reçoive de plus haut. Elle la reçoit de Aïn Soph Aur, Aïn Soph Aur de Aïn Soph, et Aïn Soph de Aïn, l’absence qui attend le moment de devenir présence…

Il existe donc une relation ininterrompue entre l’Absolu et Dieu manifesté, et c’est ainsi que quelque chose de nouveau s’introduit sans cesse dans l’univers.

L’univers est une création continue et sa matière augmente et se transforme sans cesse. Comment s’établit ce contact entre l’Absolu et Dieu manifesté? Nous n’en savons rien. Oui, et que le Seigneur me pardonne de m’enfoncer dans de telles questions, car il faut oser avouer que personne ne sait rien sur ce point. Alors, direz-vous, pourquoi en parler? Parce que, dans la mesure où nous sommes créés à l’image de Dieu, à l’image de l’univers, quelque chose en nous qui échappe à notre conscience peut saisir quelques parcelles de cette réalité…

La vie n’est qu’un transvasement d’énergies, c’est pourquoi on trouve aussi dans la tradition kabbalistique l’image du fleuve de la vie qui jaillit de la Source divine et descend pour alimenter toutes les régions de l’univers.

De Kéther à Malhouth les séphiroth sont les vases sacrés que remplit la Source inépuisable de la vie. L’arbre et le fleuve sont donc deux images complémentaires qui traduisent le jaillissement et l’écoulement de la vie. Vous direz: « Mais l’arbre prend racine en bas, alors que le fleuve prend sa source en haut. » Oui, dans notre monde matériel les arbres ont leurs racines en terre, mais l’arbre cosmique prend racine en haut.

Reprenons maintenant l’image du fleuve, en gardant toujours à l’esprit qu’il ne s’agit justement que d’une image destinée à traduire un aspect de la réalité. Mais la réalité elle-même est beaucoup plus complexe et il faut donc, pour la comprendre, y introduire de nouveaux éléments.

Puisque les séphiroth sont réparties sur trois piliers, cela signifie que le fleuve de vie ne s’écoule pas en droite ligne de haut en bas. Nous l’avons vu, de part et d’autre du Pilier central se dressent le Pilier de la Clémence polarisé positivement et celui de la Rigueur polarisé négativement. En passant d’une séphira à l’autre, l’émanation divine change donc de polarité. Ce qui explique que tout en se succédant les unes aux autres, les séphiroth paraissent de nature opposée. A Hohmah par exemple qui représente l’harmonie, l’amour universel, succède Binah qui représente la rigueur implacable des décrets divins. A cette intransigeance de Binah, succède la clémence de Hessed, à la clémence de Hessed, l’audace combative de Gébourah, etc. Et comme chaque séphira correspond à un attribut divin, à une vertu divine, c’est ce qui explique que les adjectifs que l’on applique à Dieu soient aussi différents et apparemment contradictoires: miséricordieux, terrible, doux, jaloux, fidèle, vengeur… Ils expriment les caractères opposés des deux piliers.

Omraam
Depuis http://herosdelaterre.blogspot.ca/

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