Omraam Mikhaël Aïvanhov
Sur le pilier central de l’Arbre séphirotique, Iésod se trouve au-dessus de Malhouth, et Tiphéreth au-dessus de Iésod. De cette disposition, nous pouvons déduire que, pour descendre jusqu’à Malhouth (la Terre), la lumière de Tiphéreth (le Soleil) doit passer par Iésod (la Lune).
Ici, Malhouth représente symboliquement le monde physique, Iésod le monde psychique et Tiphéreth le monde spirituel. Alors, qu’arrivera-t-il si le monde psychique n’est pas dans un état de pureté qui lui permet d’être traversé par la lumière du monde spirituel?…
Malheureusement, c’est ce qui se produit avec beaucoup de gens: ils se plaignent de ne ressentir aucun bienfait de leurs pratiques spirituelles; ils prient, ils méditent, ils se lient au Ciel, mais ils ont l’impression que cela ne les aide pas; ils se sentent aussi indécis, désorientés, faibles; quelquefois même ils pensent que leur situation est pire qu’avant. C’est tout simplement que cette lumière à laquelle ils s’efforcent de se lier rencontre en eux des couches impures formées par leurs pensées et leurs sentiments désordonnés, mal maîtrisés.
Alors, non seulement la lumière ne passe pas, mais il se produit exactement le même phénomène que lorsque les rayons du soleil tombent sur un tas d’immondices: ils accélèrent la putréfaction. A travers une vitre transparente les rayons du soleil viennent nous éclairer, mais quand ils doivent traverser des couches d’impuretés, ils produisent des fermentations accompagnées d’odeurs nauséabondes. Si vous voulez devenir un bon réceptacle de la lumière divine, que votre cœur soit comme un cristal transparent, sinon vous savez maintenant ce qui vous attend. Tant qu’on n’est pas décidé à faire un véritable travail de dépouillement, de purification, il vaut mieux ne pas s’approcher de la lumière de la Science initiatique.
Je vous préviens, car il sera inutile ensuite de faire porter sur elle la responsabilité des troubles que vous allez ressentir. Ce sera votre faute, exclusivement votre faute. Lorsque vous aurez véritablement commencé le travail avec Iésod, la lumière de Tiphéreth circulera en vous, et c’est cette lumière qui vous permettra de comprendre la réalité des choses et de vous orienter correctement. Tant que vous ne possédez pas cette lumière intérieure, vous êtes obligé d’avoir recours aux autres, vous dépendez d’eux pour la conduite de votre vie; et comme il n’est même pas sûr que leurs idées et leurs jugements vous éclairent vraiment, vous êtes à la merci d’opinions contradictoires.
La véritable richesse, c’est d’arriver à posséder cette lumière qui vous permettra de découvrir vous-même la vérité sans avoir toujours besoin de consulter les autres. Vous demanderez: « Et sans même avoir besoin de consulter un Maître, un Initié? » Oui, pourquoi pas? Si vous êtes capable de les égaler, ou même de les dépasser, pourquoi pas? Bien sûr ce sera long, ce sera difficile, mais l’intelligence cosmique n’a écrit nulle part que vous deviez toujours rester limité, dépendant. Il n’a jamais été interdit à un disciple d’égaler son Maître ou même de le dépasser. La voie vous est ouverte, et c’est même peut-être la seule qui vous soit vraiment ouverte.
Personne ne peut vous empêcher de progresser dans la lumière. Sinon pourquoi Jésus aurait-il dit: « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait »?
Pour parcourir la région de Iésod, plus que pour toute autre, le disciple a besoin d’un guide. Mais une fois qu’il a dépassé Iésod, le chemin est libre et il peut avancer seul, car il est parvenu aux régions de la lumière qui donne la véritable clairvoyance. Il ne faut pas s’y tromper, la véritable clairvoyance est celle qui permet de voir la réalité du monde spirituel, c’est-à-dire de capter, de comprendre ce qui existe de plus subtil dans la nature et dans l’âme humaine. L’autre clairvoyance, qui consiste à voir les événements passés ou à venir, ou bien les esprits du monde astral, n’a rien d’extraordinaire. Tout le monde ou presque peut l’acquérir par certains exercices, par l’absorption de drogues, mais ces moyens ne mènent pas très loin et ils présentent même de grands dangers pour le psychisme.
La seule clairvoyance à rechercher, c’est celle qui peut faire de vous un prisme de cristal qui laisse passer la lumière du Ciel. C’est de cette clairvoyance que parlait Jésus quand il disait: « Bienheureux les cœurs purs car ils verront Dieu. » Dans la séphira Iésod, Dieu est nommé El Haï, c’est-à-dire Dieu vivant. Dans Iésod, Dieu se manifeste donc comme créateur et distributeur de la vie, mais de la vie la plus pure, celle qui vient d’en haut, de la Source, cette vie qui jaillit, nettoie et purifie tout sur son passage, car le premier travail de la vie justement est de rejeter les éléments impurs qui s’opposent à son élan.
Et comme Dieu est présent dans toutes les séphiroth, « voir Dieu » signifie donc aussi recevoir les bénédictions de toutes les séphiroth, c’est-à-dire la science de Hod, la grâce de Netsah, les splendeurs de Tiphéreth, la force de Gébourah, la générosité de Hessed, la stabilité de Binah, la sagesse de Hohmah et enfin la toute-puissance de Kéther. Chaque séphira correspond à une vertu divine et vous pouvez travailler soit avec l’une, soit avec l’autre, mais en restant bien conscient que vous n’arriverez à rien si vous n’avez pas d’abord travaillé avec Iésod. Tous ceux qui veulent obtenir les qualités et les pouvoirs des autres séphiroth sans avoir fait préalablement un travail avec Iésod sont de toute façon arrêtés, et ils stagnent dans les marécages du plan astral où ils ne rencontrent qu’illusions, déceptions et tourments. Alors, décidez-vous à mettre la pureté à la base de votre existence, avant le savoir, avant la richesse, avant le pouvoir, et un jour vous aurez plus que ce savoir, plus que cette richesse, plus que ces pouvoirs. Il a existé dans l’histoire des hommes et des femmes qui n’avaient lu aucun livre, qui n’avaient jamais fait d’études, ils travaillaient seulement sur la pureté, et un jour ils ont commencé à manifester toutes les autres qualités: la sagesse, la clairvoyance, le pouvoir de guérir… Parce qu’il n’y avait plus en eux de couches opaques, il n’y avait plus d’écrans, et toutes les richesses du Ciel pouvaient les pénétrer.
Iésod est le commencement de la vie psychique, et dans ce sens on peut dire que la magie commence avec la séphira Iésod. La véritable magie est dans nos pensées, nos sentiments. Nous n’avons pas besoin de baguette, de pantacles ou de talismans, tous nos pouvoirs magiques sont dans la puissance de la vie psychique; c’est pourquoi la Lune, qui appartient à la sphère de Iésod, est l’astre de la magie. Celui qui veut posséder la véritable force magique doit commencer par purifier son monde psychique. Il faut comprendre la pureté comme la plus grande force magique, car c’est par Iésod que nous accéderons aux Mystères.
Omraam