Patrick

 

par Lydia

Ce matin, j’ai la visite du ramoneur. Je n’ai pas rallumé le poêle mais comme il a chauffé jusque dans le milieu de la nuit, il fait bon dans l’appart. Être soi-même et spontané rend la relation aux autres beaucoup plus simple et fraternelle que lorsqu’on est dans un jeu de manipulation.

On n’en est pas conscient mais la plupart de nos actes sont motivés par ce besoin de plaire. La séduction découle du besoin de tester son pouvoir. Tant qu’on croit qu’on est petit et impuissant, on va naturellement rechercher l’approbation des autres et tenter de les rallier à nos convictions.

Mais quand on découvre la puissance de l’amour, de la pensée, tout change.

On continue de jouer des jeux mais on devient conscient du manège et peu à peu, on se détache des rôles.

Je suis encore beaucoup dans l’extravagance, dans la mise en scène, le spectacle, mais je suis consciente que ça n’est qu’un jeu et comme mon bien-être ne dépend plus de la réaction, de l’approbation extérieure, quitte à jouer, je m’amuse à être vraie. Enfin je découvre qui je suis à mesure que je libère la dépendance aux produits. Les masques tombent d’eux-mêmes et je n’attends plus de retrouver qui j’étais dans l’enfance, qui j’aurais pu être s’il n’y avait pas eu ce drame de l’inceste.

 

Le pardon a eu un effet guérisseur et une de ces facettes, c’est l’abandon des « et si… ». Les regrets, l’amertume ont continué de gérer ma vie, en coulisse. Longtemps, je me suis dit que si je n’avais pas été plongée dans la peur, j’aurais pu développer mes capacités et avoir aujourd’hui un métier qui soit à la mesure de mon potentiel.

Sans m’en rendre compte, je continuais de nourrir le rôle de la victime et c’est en apprenant à revenir au moment présent que petit à petit, j’ai libéré ces croyances qui n’avaient de valeur que vis-à-vis de ce monde. Ce monde qui met le mental sur un piédestal, qui focalise son attention sur l’apparence, sur le superficiel, sur l’illusion…

Alors oui, ce que j’ai vécu même si ce fût dramatique, m’a préservé de l’aliénation, de l’identification au mental, à l’ego. Mais je ne vais pas encore spéculer sur les « si » puisque depuis l’espace serein du cœur, tout est bien, parfait.

Il est clair que j’aurais été incapable de penser de cette façon 10 ans en arrière.

Il m’a fallu près de quarante ans pour sortir de ce drame, pour voir les aspects « positifs » de la situation et être en mesure de dire « oui » à ce qui est.

Tant qu’on refuse, qu’on résiste, tant que le pardon n’est pas total, on va continuer de nourrir le drame et ce, même en étant conscient d’être un humain divin.

Et d’ailleurs, ce qui nous empêche très souvent d’accomplir le pardon, c’est qu’on n’ose pas dire ce que l’on pense au divin en soi.

Se pardonner à soi-même, pardonner à son âme d’avoir choisi ces circonstances dramatiques, libère l’énergie d’amour en soi.

Évidemment si l’idée qu’on se fait du divin est définie par les religions, les croyances en une autorité supérieure et même si on se réfère à la bible, à l’ancien testament, on aura du mal à oser s’adresser à son âme.

Ce dieu vengeur et sanguinaire est une création humaine, un père fouettard qui note les bonnes et les mauvaises actions puis qui rétribue selon la capacité de l’individu à se soumettre à sa volonté.

Le décor est posé pour faire de l’humain, un esclave servile et nourrir l’inconscience. L’idée de vengeance, l’esprit de division, la peur, l’impuissance et tout ce qui est refoulé va amplifier et gérer le quotidien de la personne qui pensera être victime du système, de l’injustice, de dieu et du diable…

Je dois dire que je ne me suis pas gênée pour dire à mon âme, toute la colère, tout ce que j’avais sur le cœur à propos de ce choix. Et je n’ai pas été changée en statut de sel !

Tant qu’on s’imagine que le divin est une autorité à l’image de celle des humains qui ont du pouvoir, on reste un enfant soumis à l’intérieur. Et pour faire bonne figure, on va jouer les rebelles, les adultes on va jouer les grands ou ceux qui acceptent avec sagesse, la justice de ce dieu fabriqué de toutes pièces et totalement inhumain, dans le mauvais sens du terme. Ce fayotage ne fait que nourrir la colère intérieure, le sentiment d’injustice, l’idée de punition et de récompense, l’irresponsabilité, tout en situant le divin tellement loin de soi qu’il semble intouchable.

Et pourtant, si on écoute la vie en soi, si on focalise son attention sur le cœur, au milieu de la poitrine, si on se calme, on peut sentir l’énergie de la paix et entrer dans un espace illimité où rien ne peut nous affecter.

Bien sûr, ça demande de lâcher les vieilles croyances construites sur la peur et l’idée de manque. Et même en étant simplement logique, il est évident que le divin ne peut pas raisonner comme le fait un humain. Toutes les images, les concepts, les interprétations de la source, du divin, naissent dans l’esprit des humains et sont proclamées par des êtres considérés comme l’élite. Qu’on-t-ils de plus que les autres ? Juste un mental plus développé capable de dominer les autres. Ils sont formés dès l’enfance à être des gagnants, des stratèges, des spéculateurs, des menteurs. Puis leur charisme ne repose que sur la force de conviction, leur crédibilité est nourrie par notre sentiment d’impuissance.

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