Diana Peabody offre ses conseils pour le maintien d’une bonne santé hépatique
LE FOIE est un des organes les plus importants du corps. Sans lui, la vie est impossible. Le foie agit comme usine de filtration pour l’organisme. Les matières premières — tels les nutriments, l’alcool, les plantes médicinales et les médicaments — sont absorbées à partir de l’intestin et passent dans le foie, où elles sont assimilées, transformées, entreposées, détoxifiées et transportées vers le reste du corps. Le foie travaille fort pour nourrir les cellules, transformer les médicaments contre le VIH et d’autres infections et détoxifier les substances nocives. Afin de maintenir une fonction optimale, le foie doit être bien nourri et protégé de l’endommagement.
Chez les personnes vivant avec le VIH/sida (PVVIH/sida), le foie subit souvent des stress additionnels en raison des effets toxiques de certains antirétroviraux, ainsi que de la présence d’une hépatite et/ou de l’utilisation de substances intoxicantes. L’un des signes avertisseurs d’un trouble du foie ou de dommages hépatiques est une élévation du niveau des enzymes du foie, que l’on peut déceler à l’aide d’un test sanguin. Toutes les PVVIH/sida, notamment celles sous traitement antirétroviral, devraient faire vérifier leurs taux d’enzymes hépatiques de façon régulière, d’autant plus que les lésions du foie ne sont souvent décelées que lorsqu’elles sont déjà relativement avancées. Les maladies du foie peuvent entraîner la malnutrition qui, à son tour, risque d’accélérer l’endommagement du foie.
Que l’on cherche à protéger la santé de son foie ou à en améliorer l’état, il importe avant tout de se nourrir aussi bien que possible. Les conseils suivants peuvent vous aider à maintenir une bonne fonction hépatique :
1 Essayez de vous abstenir de boire de l’alcool si vous souffrez d’une maladie du foie (hépatite). L’alcool est extrêmement toxique pour le foie et les recherches indiquent qu’il peut accélérer la progression des maladies hépatiques. L’alcool peut également aggraver les effets secondaires des antirétroviraux et accroître le risque de lésions hépatiques. Les drogues à usage récréatif peuvent avoir le même effet et devraient être évitées aussi.
2 Faites-vous vacciner contre les hépatites A et B et tâchez d’éviter les pratiques comportant un risque d’infection par l’hépatite C, telles que le partage de seringues et de dispositifs pour usage nasal comme les pailles, les billets et les renifleurs.
3 Atteignez et maintenez un poids santé. Être trop mince ou trop gros n’est pas bon pour le foie.
4 Maintenez de généreuses réserves de masse maigre (muscles). Le VIH et l’hépatite risquent tous deux de provoquer la fonte des tissus musculaires. Incorporez des exercices de musculation réguliers (marche, course à pied et exercices avec poids et haltères) dans votre programme de santé.
5 Consommez suffisamment de protéine. La protéine fournit le matériau nécessaire à la fabrication de nouvelles cellules, à la réparation des tissus et au maintien du système immunitaire. Pour les personnes ayant le VIH et/ou l’hépatite, l’apport quotidien recommandé est de 1 à 1,5 grammes par kilogramme de poids corporel (une personne pesant 70 kg a donc besoin de 70 à 105 grammes de protéine par jour). Essayez de consommer deux à trois portions de viande maigre (bœuf maigre, poisson ou poulet) ou d’alternatives (beurre d’arachide ou tofu), ainsi que deux à trois portions de produits laitiers à faible teneur en gras ou de lait de soja chaque jour. Dans les cas de maladie hépatique avancée, il est possible que l’apport de protéine doive être modifié ou restreint en raison d’une maladie appelée encéphalopathie. Cependant, il ne faut pas réduire sa consommation de protéine à moins que ce soit absolument nécessaire, et jamais sans l’avis de son médecin. Il est également utile de consulter une diététiste.
6 Consommez suffisamment de calories pour économiser les protéines. Si votre apport calorique quotidien est insuffisant, les protéines seront détournées de leurs fonctions essentielles afin de produire de l’énergie. La plupart des personnes vivant avec le VIH et/ou l’hépatite ont besoin de 30 à 40 calories par kilogramme de poids corporel par jour (une personne pesant 70 kg a besoin de 2 100 à 2 800 calories par jour). Vous pouvez vérifier votre apport calorique dans le site Web à l’adresse www.caloriescount.com.
7 Choisissez des grains entiers, des fruits et des légumes (tels que les betteraves et les artichauts) et évitez les aliments transformés, le sucre et les breuvages sucrés. Certains médicaments anti-VIH sont susceptibles de provoquer une résistance à l’insuline, ce qui rend difficile l’utilisation correcte des nutriments, notamment les sucres. Le fait de réduire sa consommation de glucides simples (sucres et féculents) aide l’insuline à mieux fonctionner, ce qui contribue à maintenir la glycémie (sucre sanguin) à l’intérieur d’un écart idéal et à prévenir le diabète. Quoi qu’il en soit, les aliments mentionnés ci-dessus sont les plus nutritifs.
8 Consommez des matières grasses avec modération et privilégiez-en les « bonnes », comme les huiles d’olive et de canola, les noix et les graines, plutôt que les graisses saturées dont regorgent les produits laitiers et les produits d’origine animale. La modération consiste à réduire sa consommation d’aliments riches en matières grasses, telles les fritures, mais non pas à restreindre toutes les matières grasses parce qu’elles constituent une importante source de calories.
9 Prenez une multivitamine pour prévenir les carences. Si vous avez une maladie du foie, évitez les fortes doses de vitamine A ou de caroténoïdes (bêta-carotène) parce qu’elles peuvent être toxiques pour le foie.
10 Évitez les suppléments de fer à moins qu’ils soient prescrits par votre médecin pour traiter une carence. Si le foie fonctionne mal, le fer peut s’accumuler et devenir toxique pour le foie. Un taux élevé de fer risque également de nourrir certaines bactéries infectieuses et d’interférer avec les traitements par interféron contre l’hépatite. Si votre foie est en bon état, une multivitamine contenant du fer serait inoffensif. Sinon, choisissez-en une qui est exempte de fer.
11 Approvisionnez votre corps en antioxydants. Les antioxydants sont des composés qui protègent l’organisme contre des molécules très actives appelées radicaux libres. Si les niveaux de radicaux libres s’accroissent, ils risquent d’endommager des tissus et d’accélérer la destruction du foie chez les personnes atteintes d’hépatite. Ce processus peut donner lieu à une déplétion du glutathion (GSH), un important antioxydant qui se loge dans les cellules du foie. Des doses quotidiennes de vitamine C, de vitamine E et de sélénium fourniront un apport suffisant d’antioxydants. La N-acétyl-cystéine (NAC) et l’acide alpha-lipoïque sont des antioxydants qui contribuent à la fabrication du glutathion et qui semblent jouer un rôle protecteur dans le foie. (Voir l’encadré pour connaître les doses quotidiennes des antioxydants.)
12 La S-adénosyl-méthionine (SAMe) est un acide aminé sous forme de supplément qui aurait des propriétés guérisseuses pour le foie. Dans le cadre d’études menées chez des sujets séronégatifs atteints de maladie hépatique, ce supplément a donné lieu à des améliorations sur le plan des taux d’enzymes hépatiques et de bilirubine (produit de dégradation) et a atténué la fatigue, la jaunisse et les démangeaisons. On a également constaté une amélioration de la qualité de vie. La dose recommandée est de 800 à 1 600 mg par jour. Cependant, on en sait peu sur les interactions susceptibles de se produire avec les médicaments anti-VIH, et des études de laboratoire ont montré que la SAMe favorisait la croissance du champignon responsable de la PPC (pneumonie à Pneumocystis carinii). Il se pourrait que ce supplément s’avère intéressant comme traitement des maladies du foie mais on en sait toujours peu sur son usage contre l’infection au VIH. Si vous envisagez de prendre ce supplément, il importe d’en discuter avec un médecin spécialiste du foie (hépatologue).
13 Les plantes médicinales, tel le chardon-Marie (silymarine), s’utilisent couramment pour traiter les problèmes de foie et d’autres maladies. Sachez toutefois que certaines plantes médicinales sont toxiques pour le foie et d’autres interagissent avec les antirétroviraux. Renseignez-vous sur les avantages et les inconvénients de toute thérapie que vous envisagez d’essayer en tenant compte de votre situation personnelle. Vous pouvez vous renseigner sur les interactions médicamenteuses en consultant une excellente ressource d’Internet à l’adresse www.aidsmeds.com. Une fois rendu, cliquez sur “Check Your Meds” et entrez le nom de tous les médicaments, les suppléments nutritionnels et les plantes médicinales que vous prenez, ainsi que plusieurs aliments (tels que l’ail et le pamplemousse, deux causes connues d’interactions). Vous recevrez ensuite des renseignements sur toutes les interactions connues qui sont susceptibles de se produire.
Le dernier mot? Tout ce que vous ingérez exerce un effet sur le foie. Soyez donc conscient de ce que vous mangez et buvez ainsi que des médicaments et des suppléments que vous prenez. N’oubliez pas de discuter de tous vos projets de supplémentation alimentaire et d’exercice physique avec votre médecin. Faites votre possible pour maximiser les choses qui contribuent à votre santé et minimiser celles qui vous nuisent. Si votre foie est déjà endommagé et qu’il ait besoin de soins particuliers, consultez une diététiste qui s’y connaît en matière de VIH pour obtenir des conseils nutritionnels personnalisés. Et vive le foie!
Diana Peabody, RD, est diététiste clinicienne à la Oak Tree Clinic, une division du Children’s & Women’s Health Centre of British Columbia.
Illustration : Beverly Deutsch
Source: http://www.catie.ca/fr/
Vendredi 13 mars 2015 entre 20:00 et 21:00 (Paris) Corinne Lebrat
offre GRATUITEMENT à tous un soin vibratoire à distance pour le Foie