par Alain Degoumois
Pour dérouler ensemble ce fil nous allons, dans un premier temps, parler du temps physique.
Une heure de ce temps est composée d’un espace de 60 minutes, constituée d’une symphonie de 3600 secondes qui s’enchaînent et se succèdent sur la partition rythmique d’un temps mathématique…
Là ou la lumière s’affranchit de plus d’un milliard de kilomètres dans l’espace, entendez par là qu’elle voyage à la vitesse approximative de 1 milliard km/h, une aiguille franchit péniblement quelques millimètres sur un cadran de plomb.
Une heure de temps, ce n’est rien, et pourtant… Une heure de temps fini permet des séquences infinies… Elle porte le temps de l’espoir, des rires, son lot de paradoxes, son flot de pleurs et toutes les fleurs du possible…
Ce temps est celui des causes et des conséquences, des actions et des réactions. Le temps des expérimentations et des déductions… Le temps de faire et de défaire… Le temps de refaire et de parfaire…
Un temps qui passe et que l’on ne rattrape plus. Un temps passé et révolu…
C’est un temps ou, souvent, on attend. On attend ce qui vient. On attend l’amour, l’argent, la célébrité, la réussite et le bonheur.
Parce qu’on est dans l’attente, le passé et le futur gravitent autour du présent sans jamais le rencontrer. Le présent devient cet incontournable que l’on ne rencontre jamais. Le présent devient un éternel abonné absent…
On attend que le temps nous offre quelque chose qui se traduit souvent sous forme de nombres. Et plus on a de nombres en sa faveur, plus le temps mathématique semble nous combler.
C’est un temps déposé et imposé par les grandes institutions de raisons et de consommation. Un temps pétri sur les forges de la rentabilité et des certitudes. Un temps maitrisé et disséquée sous le scalpel des aiguilles chirurgicales de la rentabilité ; un temps frappé d’arrogance, élevant les vertus de la toute puissance économique.
C’est le temps de gagner ou de perdre, d’engranger ou de dépenser. Le temps de prendre pour soi ou de laisser aux autres. C’est le temps de profiter et de consommer encore un petit peu plus.
C’est un temps qui sépare et individualise, qui fractionne pour mieux étendre sa chape de plomb. Un temps qui plombe les relations humaines, un temps qui sépare et divise pour mieux régner.
C’est un temps à rattraper pour ne pas perdre… de temps. Parce que ce temps doit être comblé par quelque chose ou quelqu’un. Parce que ce temps doit rapporter quelque chose ou quelqu’un. Il doit être habillé de quelque chose ou de quelqu’un pour occuper notre attention.
C’est un temps à battre et à combattre. Toujours plus haut et toujours plus vite. Des manipulations boursières aux performances sportives, en passant par le quotidien de nos vies, ce qui compte c’est de réduire le temps. Alors on essaye de réduire le temps, les marges, les gens, les idées… Et de réductions en réductions, nous faisons de nos vies, une vie au rabais…
Drôle de paradoxe tout de même : plus on réduit le temps, plus il semble qu’on le gagne ! A ce jeu-là, on aurait gagné à le faire disparaître. Mais le temps ne disparaît pas comme cela. Il ne se laisse pas faire. Il ne se lasse pas de nous glisser entre les doigts pour nous montrer son caractère immuable !
Et lorsqu’on ne sait plus comment tuer le temps, il devient celui qu’on doit abattre, pour justement tuer le temps…
Mais ce temps-là est entrain de s’étioler comme pétales de cendres sur le parterre du renouveau…
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