par Alain Degoumois
15h07. Sophia est assise et consulte ses mails. Situé au 1er étage, son bureau est aménagée sobrement et ne contient que le strict nécessaire : un ordinateur, un téléphone, une webcam et deux petites armoires. C’est une chambre zen qui facilite le rangement et favorise un retour à l’essentiel. Les murs sont blancs. Le sol est habillé de lattes en bois.
Sophia n’est pas à proprement parler une personne extravertie. De nature plutôt discrète, elle n’a jamais véritablement pris le temps de dialoguer et d’échanger sur des sujets de fonds.
Par sujets de fond, elle entend des expériences qui sortent de l’ordinaire et qui font partie de sa vie intime. Elle évite d’en parler, peut-être par manque de courage, mais surtout parce que ces expériences font tout simplement partie intégrante de sa vie, et qu’elle n’éprouve en rien le besoin de les partager. Et puis, elle n’a pas à se justifier de quoi que ce soit. C’est sa vie…
Il lui arrive d’expérimenter une sorte de communion harmonieuse avec la vie et l’univers. Elle a l’impression de faire Un avec la vie en générale. Elle ressent alors que tout est parfait et à sa juste place : du moindre branchage, aux plus hautes montagnes…
Il y aurait effectivement le langage poétique pour décrire et exprimer avec des mots ce type d’expérience, parce que seul le langage poétique est à même d’exprimer cela avec suffisamment de précision et de conviction.
Au cours de ces expériences, elle a l’impression qu’une jonction se crée entre le corps physique et le corps de l’Univers, entre le cœur physique et le cœur de l’Univers… Du moins c’est en ces mots qu’elle conçoit ce type d’expérience.
Mais l’exprimer par des mots reste difficile. Et l’essentiel n’est pas de l’exprimer au travers de mots mais d’en témoigner au quotidien, dans l’ordinaire de la vie. Car c’est bien là que se niche l’extraordinaire…
Sophia a de plus en plus besoin de témoigner au monde d’une lumière qui se fait jour en elle. Elle a l’impression qu’une fenêtre s’ouvre et que son cœur s’épanouit de gratitude. Cette lumière n’a cependant rien d’éblouissant ou de grandiloquent. C’est une lumière douce et aimante qui n’impose rien, mais fait de toutes choses un appel à l’amour.
Pour témoigner de cette lumière elle a simplement besoin de son corps. C’est pour cela qu’elle le respecte et le considère comme un temple. Et même si cette métaphore a une connotation religieuse, Sophia ne se prétend d’aucune obédience religieuse. Elle a et elle est sa propre religion. Enfin, ce n’est pas vraiment une religion, c’est plutôt une philosophie universelle, une ligne de conduite qui l’invite simplement à vivre en accord avec son cœur.
Un cœur qui lui souffle : deviens qui tu es !
Et ce que lui souffle son cœur, fait de sa vie une prière. Parce qu’en vivant en accord avec son cœur, toutes choses de par le monde s’habillent de sens, même les épreuves difficiles qu’elle a traversé. Avec le temps, elle a appris à percevoir en toutes choses une beauté et une lumière. Elle a pris conscience que toutes choses sont interconnectées et liées. Du grain de sable aux étoiles, toutes les formes de vie sont imbriquées. Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas.
Sophia se remémore une émission radio traitant des fractales. En résumé, cela disait que les fractales reproduisent à l’infini les mêmes structures, le même ADN et qu’en fin de compte tout est composé des mêmes éléments de bases mais à des échelles et des niveaux de conscience différents…
Perdue dans ses réflexions, Sophia ressent une présence douce et bienveillante. Un frisson de fraicheur parcourt son échine dorsale et une grande paix inconditionnelle l’envahit. Cela ressemble à un souffle. Mais pas un souffle physique comme le vent, c’est plutôt un souffle d’âme.
Elle ferme les yeux.
– Bonjour, se dit-elle pour elle-même…
Un murmure lui parvient :
– Si tu savais combien nous t’aimons…
Sophia goute profondément cet instant. Elle a l’impression que le temps s’arrête. Elle ferme les yeux, des larmes mêlées de gratitude et de joie s’écoulent sur sa joue. ..
… Au même instant dans l’hémisphère sud en Australie, et avec une synchronicité parfaite, un enfant ému par la beauté d’une fleur sous le soleil couchant se met à rire. Son rire porte au monde une prière silencieuse qui monte très haut dans le ciel et allume des oraisons de joie dans l’univers…
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