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Extrait de « C’est votre vésicule biliaire qui vous parle »

La parole est à votre vésicule biliaire :

Mon lieu de résidence

Je réside cachée sous le foie, collée à l’un de ses segments (le IVe pour les spécialistes). On me décrit en forme de poire. Les anatomistes disent que je suis logée dans le lit vésiculaire et crée ainsi une empreinte vésiculaire sous la partie droite du foie.

Je ne suis pas bien grande puisque je ne mesure pas plus de 10 centimètres. Ma paroi est mince, je suis facilement identifiable par ma couleur verte alors que le foie est brun-rouge.

Je possède une paroi fine, mais constituée d’une fine couche de muscles lisses. Je suis donc capable de me contracter doucement.

Je ne suis pas très épaisse car je suis destinée à récolter une partie de la bile fabriquée par les cellules du foie, et ma contenance n’excède pas 50 millilitres quand le foie en fabrique 1000 par jour.

La bile sort des cellules du foie pour être « récoltée » par les canaux biliaires les plus petits à la périphérie du foie. Ces canalicules rejoignent, à droite comme à gauche, un plus grand canal nommé canal biliaire droit ou gauche selon qu’il draine le foie droit ou le foie gauche.

Les 2 canaux se réunissent en un canal commun.

C’est sur ce canal commun, latéralement à droite, que je me greffe par un canal spécifique que les chirurgiens appellent le canal cystique (du grec kustis qui veut dire vessie ou poche ).

La canal biliaire au delà de mon implantation est nommé cholédoque, que l’on peut décomposer en deux mots grecs : kholê qui signifie bile et dokhos pour « qui conduit ».

Il arrive que je n’existe pas dans votre abdomen, mais c’est très rare : seulement dans environ 1 cas sur 20 000 naissances. On ne connaît pas bien les causes de cette absence. On a évoqué un virus ou une bactérie qui m’atteindrait quand je commence mon développement pendant votre vie embryonnaire.

On parle alors d’agénésie de la vésicule biliaire, ce qui signifie que je ne me suis pas développée pendant ma vie intra-utérine. Dans ces cas, il y a souvent dans les canaux biliaires formation de calculs dès la période néonatale. On parle de lithiase ou de boue du cholédoque, car c’est dans ce canal que la bile a tendance à se concentrer. Très tôt, chez le nourrisson, il faut déboucher le canal de la bile sinon il y a risque d’une insuffisance grave du foie qui met la vie en danger.

Vous voyez, le foie a besoin de moi, je le lui rappelle !

Comment me repère-t-on ?

Normalement on ne peut pas me toucher en palpant le ventre, sauf quand je suis nettement augmentée de volume, très remplie de bile et donc sous tension. On me perçoit alors sous le rebord des côtes inférieures, à droite. Le clinicien dit qu’il touche le fond de la vésicule biliaire. Cette palpation doit être douce car elle peut être douloureuse, surtout si je suis enflammée ou infectée.

C’est surtout quand la bile ne peut s’écouler vers l’intérieur de l’intestin que j’en stocke davantage. J’augmente alors mon volume, et dans le même temps la bile stagne dans le foie. Des pigments biliaires passent dans le sang et vous devenez jaune. Voilà comme s’explique la jaunisse qu’on appelle « ictère ».

Les raisons pour lesquelles la bile est bloquée sont diverses : ce peut être une hépatite virale ou médicamenteuse par gonflement des cellules du foie qui souffrent ; un calcul qui obstrue le canal biliaire principal ou le cholédoque ; une tumeur du canal lui-même ou une tumeur qui enserre le canal quand il traverse le pancréas. Cette tumeur vient donc le plus souvent du pancréas.

On me repère très bien par échographie abdominale, en passant le capteur qui envoie les ultrasons et les récupère sous les côtes inférieures à droite. L’examen est très simple, totalement indolore.

Le scanner ou l’IRM quand c ’est nécessaire me révèlent aussi parfaitement et permettent de visualiser en même temps le foie, l’estomac, le pancréas, la rate et leurs vaisseaux respectifs.

À quoi est-ce que je sers ?

Je suis capable de stocker de la bile et même de la concentrer. Je suis considérée comme un petit réservoir de bile. Ma fine couche musculaire me permet de me contracter quand c’est nécessaire pour participer à la digestion des graisses, mais il ne faut pas trop m’en demander. Si vous saviez comme je suis délicate, vous penseriez à moi et vous éviteriez de vous gaver d’aliments gras plus ou moins mélangés à du sucre.

La bile est un liquide jaune-verdâtre – la plus belle est jaune d’or –, légèrement épais et composé de mucus, de pigments et de sels dits biliaires, de cholestérol et de sels minéraux où domine le calcium.

Quand le bol alimentaire a dépassé l’estomac, arrivant dans le duodénum (nom relatif au fait que sa longueur est équivalente à douze travers de doigt), je me contracte par mécanisme réflexe lié à des hormones digestives. Je me vide en général progressivement dans le duodénum et participe, avec le liquide fabriqué par le pancréas, à la digestion des graisses alimentaires.

Le pancréas et moi travaillons en très bonne entente avec le foie quand vous ne me fatiguez pas trop avec vos viandes grasses, mayonnaise, moutarde, ketchup trop sucrés [1]. Et vos desserts, en particulier glacés, pleins de crème et de sucre !

Je vous rappelle le double rôle du pancréas : équilibrer le taux du sucre dans le sang par ses deux hormones (insuline et glucagon) et, par son liquide pancréatique, participer avec moi à la digestion des graisses.

Les modes alimentaires hypercaloriques, avec trop de sucres et trop de gras (en particulier graisses trop cuites [2]) forcent le foie, mais aussi le pancréas et favorisent la formation des calculs biliaires.

Je sais que je ne vous suis pas aussi indispensable que le foie ou le cœur…

Mais si vous devez me faire enlever, c’est que vous m’ avez maltraitée. Les chirurgiens réalisent alors la cholécystectomie. C’est une petite opération que je n’aime pas trop parce que je vais disparaître.

Évidemment, quand je suis remplie de boue (on parle de sludge en anglais, c’est-à-dire boue ou sédiment) ou de cailloux, depuis les tout petits qu’on appelle microlithiase jusqu’à la macrolithiase , cela ne se passe pas bien pour vous ni pour moi. Les germes s’entassent dans la bile, ce qui explique l’infection. Voilà comment je m’infecte facilement.

Si vous comprenez bien comme vous me maltraitez, vous ferez plus attention.

Donc si l’on doit vous enlever le petit organe que je suis, moi, la vésicule biliaire, je n’en suis pas responsable. C’est que vous avez pris de mauvaises habitudes alimentaires, ou que vous avez une susceptibilité génétique. Ces mauvaises habitudes ou la génétique sont seules ou ensemble responsables de la constitution de boue biliaire et progressivement de calculs dans la vésicule biliaire.

Au Canada, la lithiase biliaire impose 130 000 hospitalisations et 80 000 ablations de vésicule, soit 6 à 7 fois plus qu’en France ou en Angleterre. La cholécystectomie est donc à la deuxième place parmi les interventions chirurgicales le plus souvent réalisées au Canada et aux États-Unis après les hernies.

Article intégral ici…

MARDI 7 JUILLET 2015  de 20:00 à 21:00
SOIN COLLECTIF : CŒUR & VÉSICULE BILIAIRE
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par Corinne Lebrat
Participation libre – CLIQUER ICI POUR LE RECEVOIR