RQQMTMI7Z1-compressorJ’entends souvent ce commentaire de frustration ou de déception, que ce soit de la part de parents, d’enfants adultes, d’amis ou de conjoints. « J’ai tout fait pour lui/elle/eux (mes enfants, mes parents). Et maintenant, il/elle/ils m’ignorent! Quelle ingratitude! »

Oui il nous arrive tous de vouloir tellement bien faire pour les autres que nous nous épuisons à beaucoup donner. Trop, même. Nous allons parfois jusqu’à prendre l’autre en charge, à penser pour lui, à vouloir le protéger de tout, à lui faire des cadeaux, des surprises, des petits soins, des services à n’en plus finir.

Nous donnons sans compter, ce qui, en soi, est très bien. Sauf qu’en donnant constamment sans compter, nous ne voyons pas que l’autre n’a peut-être pas besoin autant de ce que nous lui offrons. Ou qu’il profite peut-être de notre bonté. Ou qu’il veut peut-être être laissé seul et s’assumer lui-même. Ou qu’il se sent peut-être tellement en dette envers nous que cela déséquilibre la relation et y crée un malaise.

« J’ai tout fait pour lui », cela ressemble aussi à « j’étouffais pour lui ». Nous risquons en effet d’étouffer l’autre dans ce qu’il est, ce qu’il veut et ne veut pas, nous envahissons son espace parce que nous croyons bien faire. Et nous nous étonnons d’être rejetés, par l’instinct de survie de l’autre.

À force de concentrer toute notre attention sur l’autre, nous ne portons plus attention à ce que nous ressentons, nous, à nos besoins. Nous ne percevons pas la petite déception qui se pointe au tout début, qui se transforme peu à peu en frustration, puis en irritation, puis en colère et en rancune. Puis un jour peut-être, nous explosons et compromettons cette relation.

Nous avons oublié d’être à l’écoute de nous-mêmes, de notre cœur, des besoins de notre âme. Nous allons parfois jusqu’à nous renier pour nous faire aimer de l’autre personne. Tout cela se passe souvent inconsciemment, évidemment. Mais si nous avons le courage de regarder les relations où nous sommes le plus frustrés, c’est souvent celles où nous avons donné beaucoup et peu reçu.

Ne cherchons pas à être aimés pour ce que nous faisons, mais pour ce que nous sommes.

Si nous croyons qu’en en faisant plus pour l’autre, nous serons plus aimés, nous nous embarquons dans une spirale sans fin où nous aurons toujours l’impression que nous devons faire plus, plus encore pour « maintenir » l’amour de l’autre. Et si nous avons l’impression que l’autre nous aime moins si nous en faisons moins, c’est que ce n’est pas de l’amour. C’est une relation « commerciale » : je te donne, tu m’aimes, je ne te donne plus, tu ne m’aimes plus. Et ça ressemble drôlement à du chantage.

Si nous aimons beaucoup donner, nous devons apprendre à recevoir aussi. Si nous sommes à l’écoute de nos besoins, si nous respectons nos limites, nous pouvons donner sans compter, parce que nous pouvons nous donner à nous aussi et accueillir ce que l’autre a le goût de nous offrir.

Notre amour pour l’autre doit aussi se traduire dans l’autonomie et l’espace que nous lui laissons pour faire ses choix, et même ses erreurs parfois.

Donnons, mais recevons aussi. L’équilibre est sain dans toute relation.

Aimons en étant, plutôt qu’en faisant.

Car la meilleure manière d’aimer, c’est d’être aimant. Pas de tout faire pour l’autre.

Pas besoin de décrocher la lune!

Diane Gagnon

Source: http://lasolutionestenvous.com/