par Agnès Emma
Tout couple traverse à l’occasion une zone de conflit. Parler de ce qui ne va pas ne résout pas toujours le problème. Au contraire, on réagit sur la défensive, on contre-attaque avec toutes sortes d’arguments ou de critiques. Et si l’utilisation excessive du pronom « tu » menait tout droit à la dispute ou à un silence électrique?
Quand nous ressentons une insatisfaction, nous avons tendance à pester naturellement contre l’autre. Ce que nous souhaitons, c’est que notre conjoint(e) nous parle, nous écoute et/ou coopère. Bonne nouvelle pour vous! Notre partenaire le fait, à condition de se sentir respecté(e). Voyez en quoi privilégier le pronom je au lieu du pronom tu prévient l’indifférence et les disputes.
7 raisons de passer du tu au je
1) Faire preuve de maturité en se responsabilisant
A utiliser le pronom je autant que possible, notre conjoint(e) se sent respecté(e) et en plus, nous gagnons en sagesse ;).
Tu … es responsable quand mon monde s’écroule
Supposons que nous ressentons une insatisfaction. Quand nous utilisons le pronom tu, c’est souvent pour poursuivre sur un reproche. « Tu fais ça mal », « tu m’énerves », » tu me fais du mal », « tu n’ es pas à la hauteur ». Utiliser le pronom tu revient à dire que l’ autre est responsable de notre malheur et de ce que nous ressentons.
En fait, cette attitude de rechercher le responsable nous suit depuis l’enfance. Hé oui, il y a bien un responsable qui bouleverse notre bonheur. Ce responsable, c’est l’autre. Quel mensonge à nous-même. Et surtout, quelle pression pour notre conjoint(e).
En privilégiant le pronom je, nous respectons le choix de notre conjoint(e)
Peut-être bien que notre partenaire agit et que son comportement ne nous est pas favorable. Mais, si notre conjointe fait telle ou telle chose, c’ est parce qu’il ou elle en éprouve le besoin, pire peut-être que l’autre n’a pas le choix d’agir autrement. Notre conjoint(e) agit pour son bonheur ou pour son intérêt personnel. Peut-on vraiment lui en vouloir pour ça?
En privilégiant le pronom je, nous assumons et gérons nos émotions
Êtes-vous d’accord si je vous dis que chacun des partenaires est responsable de son propre bonheur? Prenons un exemple. Notre conjoint(e) et en retard. On se plaint de l’ennui ou de la perte de temps à l’ attendre tout début d’après-midi. Mais minute. Nous nous sommes ennuyés. Nous avons perdu notre temps. Contrairement à ce que nous avançons avec hargne, nous ne subissons pas la négligence de l’ autre.
Nous choisissons de faire d’une attente non désirée un moment qualité ou de rumination. Nous aurions pu faire quelque chose pour nous pendant l’ attente. Nous aurions pu lire ou tout simplement faire 5 minutes de méditation ;). Nous aurions même pu faire un peu de social en entamant la conversation avec la personne âgée d’en face qui, elle aussi, attend.
Supposons que nous avons rendez-vous à 12h. Il ou elle arrive à 12h30. Quand notre conjoint(e) arrive, place aux reproches et à la dispute. « Pourquoi tu es en retard? Tu n’arrives jamais à l’ heure. Oui, chéri(e) est en retard. Mais peut- être a-t-il ou elle rencontré son meilleur ami d’ enfance sur la route. Tout le monde s’ arrêterait.
Les avantages à reconnaitre la responsabilité de ses émotions:
Notre conjoint(e) est reconnaissant(e) d’être en relation avec quelqu’un qui assume ses émotions. Ce genre de maturité est recherché chez un ou une partenaire. En plus de se trouver chanceux, il ou elle se sent respecté(e). L’autre nous rend l’ appareil en prêtant attention à ce que nous disons.
2) Faire de notre partenaire un homme ou une femme libre
Ce qui nous met sur la défensive, c’est de se sentir opprimés, enchainés, soumis par l’élu(e)! On écoute difficilement Monsieur le Dictateur ou Madame l’Impératrice.
Change ou je pourrais te quitter. Beau chantage affectif.
En fait, parler en tu, c’ est inviter notre partenaire à mettre un terme à ce que nous considérons comme ses défauts. En fait, en employant le pronom tu, nous avons tendance à critiquer les faits et gestes de l’autre. Parce que ses comportements nuisent à notre bonheur, nous disons tout simplement que ses comportements ne sont pas bons.
Nous disons à l’ autre de cesser d’agir de telle ou telle manière, sauf si son but est de faire notre malheur. Bon, parfois nous ne lui disons pas directement. Nous faisons des sous-entendus. Si l’ autre nous aime, l’ autre devra faire très très attention la prochaine foi. Sinon…
Jacques Salomé nous dirait ici que ce genre de demande est une forme de terrorisme. En fait, ce n’ est pas juste. Notre conjoint(e) n’a-t-il ou elle plus le droit d’ agir comme il le souhaite? Votre conjoint(e) doit-elle agir en fonction de vos désirs à chaque minute de la journée?
Nous irritons l’autre à utiliser le pronom tu. Pourquoi? Parce que nous mettons l’ éclairage sur ses comportements. Nous jugeons, critiquons et évaluons sans cesse. En fait, nous avons toujours quelque chose à critiquer et à faire observer chez l’autre. Il y a tellement de choses à changer, à améliorer chez l’ autre!
Pour nous écouter et coopérer de bon coeur, notre conjoint(e) a besoin de se sentir libre. L’autre a besoin de sentir qu’il ou elle peut être lui ou elle-même sans être constamment jugé(e) et dénigré(e). Notre conjoint(e) doit sentir que nous l’acceptons et l’aimons pour ce qu’il ou elle est. Evitons de parler en tu et d’ évaluer notre conjoint(e) à tout bout de champ.
3) Mieux comprendre notre besoin
Utiliser le tu revient à ne pas donner de l’importance à notre besoin
Quand il y a un conflit de couple, on a tendance à être catégorique. Nous sommes de toute bonté. C’est l’autre qui a encore beaucoup à apprendre. C’ est la faute de l’autre et puis c’est tout. Alors on s’obstine. On persévère dans les reproches. On se dispute et puis ensuite on se calme. On se résout. On fait avec l’ autre et ses défauts!
Mais vous savez, les crises de couple sont l’occasion d’approfondir la relation. Pourquoi? Parce que nous sommes en présence de besoins contraires ou insoupçonnés. La crise dans le couple est donc une opportunité de mieux se connaitre.
Sauf qu’en utilisant le pronom tu on tire nos nerfs, notre frustration sur l’offenseur. Avec cette attitude, on se concentre sur les 1001 gestes de l’ autre qui font notre malheur. Ce comportement nous éloigne l’un de l’autre. En fait, on dresse le portrait du monstre avec qui l’on vit et on délaisse le plus important. Nous n’écoutons pas notre besoin qui crie en nous. Si nous ne prêtons pas attention à notre besoin, nous ne saurons pas quelle solution est la mieux adaptée.
Au contraire, privilégier l’utilisation du pronom je nous pousse à l’ introspection. Cette attitude nous invite à mettre un mot sur notre ressenti. Je … ressens quoi? J’ai besoin de quoi? En fait, n’oublions pas qu’il y a conflit quand nos besoins n’ est pas entendus. Quand nous utilisons le pronom je, nous sommes sur le bon chemin pour trouver ce dont nous manquons. Nous savons quoi demander à l’ autre. Nous savons quoi faire pour retrouver notre équilibre.
4) Obtenir l’ attention de notre partenaire
Pour que notre conjoint(e) nous parle, nous écoute, ou nous propose des solutions , laquelle des formules suivantes est la plus efficace d’ après vous?
Tu es toujours en retard ou j’ ai attendu tout l’ après-midi ?
Personnellement, juste à imaginer mon conjoint me dire la première phrase m’irrite . Un(e) conjoint(e) qui se sent irrité(e) ne coopère pas. Sur la défensive, qui le fait? Il ou elle ne nous écoutera jamais véritablement si nous le critiquons. Oui, il ou elle fait semblant de nous écouter. Mais son intention n’est pas l’écoute ni la recherche de solutions. Il ou elle fait semblant d’écouter pour en finir.
Parler de nos émotions pour interpeller notre partenaire
Au lieu d’irriter notre partenaire avec des reproches, nous le sensibilisons à ce que son comportement a suscité en termes d’ émotion chez nous. Notre partenaire nous écoute davantage pourquoi? Parce que nous ne le diminuons pas. Nous faisons part d’une frustration que nous avons ressentie. L’ autre se met naturellement à notre place. Sur son visage se dessine une mine empathique. Bref, notre partenaire nous fait plus facilement des excuses et nous propose une solution.
5) Réduire la tension entre les conjoints
Supposons que notre conjoint(e) fasse quelque chose qui nous frustre. Notre premier réflexe est de trouver le ou la responsable et de l’ accuser. A peu de chose près, on traite l’autre de tous les noms. Parler en je nous transforme instantanément en Dalai Lama.
Alors que nous étions prêts à assassiner notre conjoint(e), notre frustration envers notre conjoint(e) diminue net. Pourquoi? Parce que notre partenaire n’ est plus notre cible. Notre esprit n’ est plus focalisé sur ce qu’il a fait ou pas mais, mais sur ce que nous ressentons à l’ intérieur de nous. Bref, notre partenaire est moins victime de nos foudres.
Finalement, privilégier le pronom je est la formule gagnante pour prévenir les disputes. Parler en je est un moyen de faire preuve de respect envers notre conjoint(e). On maitrise la tension autour du sujet sensible. En plus, cela nous permet de sonder notre coeur à la recherche du besoin précis.
Et vous,
Utilisez-vous le pronom je ou tu ?