par Caroline Blanco

Le premier pas, c’est de voir qu’on est rien. Qu’on n’est pas celui qu’on croit être. Qu’on n’est pas ce corps, cette personne, cette identité qui pense être en train de vivre sa vie en faisant des choix, en agissant, en évoluant, …

Voir l’évidence même de cette vérité, plonge ce personnage que vous croyiez être dans le néant total. Non seulement il n’a plus aucune existence propre, mais il est vu qu’il n’en a jamais eu une. Tout ça n’était qu’un rêve, une illusion.

Lorsque cela est vu de façon authentique, il n’y a plus personne pour le voir. Il peut rester l’apparence d’un personnage continuant encore à vouloir s’accrocher à une forme d’existence, mais lorsque cela est clairement vu, le phénomène même de ce personnage essayant de survivre ne peut plus qu’apparaître dans le rêve. Il est vu pour ce qu’il est et ne peut plus jamais être cru. Aucune des pensées, idées ou compréhensions qu’il croit parfois encore avoir ne peut jamais plus être vu pour autre chose que des pensées, idées et compréhensions apparaissant au sein du rêve et n’ayant aucune véracité.

Lorsque ce premier pas est fait, il faut parfois encore un certain temps pour que se dissolvent tous les anciens conditionnements encore actifs et que la désidentification au personnage soit totale. Lorsque l’éveil est, une grosse partie de ceux-ci se dissolvent instantanément, mais il reste souvent encore des conditionnements cachés qui n’ont pas encore étés vu. L’étape suivante, pour autant que je puisse parler d’étape, consiste à ce que chacun des conditionnements émergeant à la conscience soit accueilli. Alors, dans l’espace du cœur, les uns après les autres, ils pourront se dissoudre intégralement.

Pour dire vrai, cette dissolution des conditionnements dans le cœur commence souvent bien avant l’éveil. À la lumière du soleil le fruit mûri doucement et lorsqu’il est mûr alors il tombe et se décroche de ce qu’il croyait être : l’arbre. Mais après, encore faut-il qu’il soit mangé complètement pour voir qu’il n’est même pas ce fruit.

Alors, lorsqu’il ne reste absolument plus rien de « lui », la réalité de ce qu’il est peut émerger et hors de cette première vision qu’était « je ne suis rien », peut alors apparaître une vérité plus grande : « Je suis TOUT ». Et si je suis tout, alors  il n’y a plus que « Je suis ».

Dans cette nouvelle réalité, l’Être prend alors conscience d’être, tout simplement. La présence, la vie, « ce qui est » est goûté intensément, mais personne n’est là pour le goûter. La vie se vit elle-même dans un mouvement absolu.

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