2015-09-03-oscarkeys-compressor

 

par Caroline Blanco

Question:

Bonsoir,

Je me suis emprisonné dans un carcan éducatif castrateur, je suis incapable d’avancer dans ma vie tellement mes liens sont serrés. J’aimerais me libérer de ces liens ainsi que des angoisses qui me figent dans une fibromyalgie que je ne veux accepter.

J’ai trois enfants, les deux plus jeunes viennent de perdre leur papa en août, je dois être forte pour eux et pour moi-même. Pouvez-vous m’aider s’il vous plaît ?

Réponse:

Bonjour N.,

Quelle qu’ait été votre éducation et votre expérience familiale, ce carcan éducatif castrateur et ces liens bien trop serrés n’appartiennent qu’à vous et ne font partie que de votre propre histoire. Vous me dites vouloir vous en libérer, mais êtes-vous consciente que cette libération que vous cherchez réside dans le lâcher prise. Ces liens bien trop serrés ne sont maintenus que par vous et c’est vous-même qui êtes en train de vous castrer…

J’imagine que cela peut faire un choc pour vous d’entendre ça, mais c’est la vérité et c’est ça que vous devez voir pour pouvoir être libre de vous-même.

La réponse est dans la question, tout est là… Lorsque vous dites: « J’aimerais me libérer de ces liens ainsi que des angoisses qui me figent dans une fibromyalgie que je ne veux accepter » , il y a cette volonté d’être libre, mais derrière, se trouvent des peurs, des angoisses face à cette liberté et c’est bien cela qui vous fige dans votre maladie. La solution est juste là, juste dans ce que « vous ne voulez pas accepter », la solution c’est cette maladie. Justement, en acceptant cette maladie cela peut vous permettre de ressentir et de voir à quel point la peur de la liberté est grande, à quel point vous serrez vous-même sans cesse les liens et à quel point vous vous castrer pour garder une sensation de sécurité. Mais tout ça, à travers l’acceptation et l’accueil de cette maladie, peut être vu clairement et cela peut alors se dissoudre. Tout ce qui est caché et qui n’est pas remonté à la conscience ne peut pas être libéré. Donc tant que vous ne verrez pas clairement ce qui se passe en vous, cela ne pourra pas être autrement. Et quand je dis d’accepter et d’accueillir la maladie, cela ne signifie pas que vous devez être contente d’avoir cette maladie, cela ne veut pas dire que vous devez « avoir envie » d’être malade. Accueillir, c’est simplement permettre à cette maladie qui est là (que vous le vouliez ou non) d’être ressentie, d’être entendue, d’être vécue. C’est simplement permettre à ce qui est et à ce qui arrive d’être là. Car, vous pouvez tout aussi bien ne pas le permettre, mais à part être dans une forme de résistance ou de combat destructeur, quelle serait la différence dans votre réalité?

Vous me dites également que suite au décès du papa de vos deux plus jeunes enfants, « vous devez être forte pour eux et pour vous-même », pourquoi? D’où vient cette idée? Qu’est-ce qui « veut » encore et qui serre les liens et castre par la force ce qui est là: la tristesse. Pourquoi cette tristesse ne pourrait-elle passe simplement se vivre? Quelle est cette peur qui croit devoir castrer le mouvement même de la vie, qui croit devoir se battre continuellement et ne rien accepter? Pensez-vous que la tristesse nécessite de la force? Et si oui, en quoi consiste cette force? Faut-il chasser la tristesse, la repousser, la nier? Ce ne sont pas des questions auxquelles j’attends une réponse, c’est simplement une investigation avec vous-même que je vous invite à faire.

Cette liberté que vous cherchez est juste là, elle a toujours été là. Jamais elle n’a été perdue, vous vous êtes simplement enfermée, vous vous êtes ligotées vous-même par peur de la vie. Cette vie incontrôlable, insoumise, surprenante et libre, vous l’avez perçue comme étant dangereuse et vous avez préféré vous enfermer que de vous laisser vivre par elle. Si maintenant vous êtes fatiguée de cette situation, alors ressentez cette fatigue intensément, permettez-vous d’être triste, malade et fatiguée, car cette réalité douloureuse est la porte d’entrée vers la liberté. C’est en prenant totalement conscience de ce qui est là et que vous ne souhaitez plus que vous pourrez vous permettre de tout lâcher pour enfin vous libérer.

Faites confiance à la vie, elle vous pousse toujours vers la liberté. La douleur n’a rien à voir avec elle, c’est seulement nous qui en résistant à ce qui est créons la souffrance. Si vous vous abandonnez à la vie, vous verrez que la liberté est là et qu’elle l’a toujours été.

Je vous souhaite beaucoup de courage pour traverser ces peurs qui maintiennent vos lien, car je sais que cela sera difficile, mais sachez que je n’ai aucun doute quant à la liberté qui vous attend.

Caroline

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