L’intimidation est l’une des formes de violence les plus insidieuses puisqu’elle est généralement plus subtile donc plus difficile à déceler par les adultes en autorité. Elle s’apparente à la violence psychologique et va des paroles blessantes aux menaces et au rejet.
En ce sens, on doit départager l’intimidation des chicanes entre enfants; l’intimidation est généralement répétitive et ciblée vers des enfants plus vulnérables. L’intimidateur utilise plusieurs moyens afin de faire peur et d’établir son emprise sur un ou des enfants.
L’intervention auprès des victimes
Que faire si mon enfant est victime d’intimidations ou de violences par un ou plusieurs autres enfants?
ÉCOUTER!
Bien des enfants attendent longtemps avant de dévoiler à leurs parents qu’ils sont victime d’intimidation ou de violence. La honte et la peur des réprimandes les incitent trop souvent à subir leur sort en silence. Avant toute chose, il est donc primordial d’écouter attentivement l’enfant sans donner de conseils, sans dramatiser ou banaliser ni émettre de jugement de valeur concernant l’enfant et son agresseur. Au delà des faits, aidez-le à exprimer ses émotions et ses pensées. Dans certains cas, un suivi psychologique peut être nécessaire. On doit aussi prendre le temps de consoler l’enfant, lui permettre de pleurer un bon coup s’il en a besoin et prendre un peu de temps avant de penser aux solutions.
À ÉVITER :
« Tu aurais dû faire ceci ou cela! »
« La prochaine fois fait ceci, cela… »
« Il va falloir que tu apprennes à te défendre davantage! »
« Ben voyons, ce n’est pas si grave! Laisse les faire et ne t’occupe pas d’eux! »
« C’est inacceptable, le prof ne fait rien, je vais y aller moi et il va voir ce petit…. »
« Ça, c’est sûr ce sont des enfants qui n’ont pas de parents! Des voyous… »
« Mais non, ne pleure pas, pense à autre chose. »
« Laisse-le faire! Ignore-le! »
À FAIRE :
« Ho! C’est vraiment dommage ce qui t’arrive, raconte-moi comment c’est arrivé. »
« Ouais, ça a dû être vraiment difficile. Comment te sentais-tu? (…) Tu as dû te sentir humilié. »
« Et maintenant, comment te sens-tu? (…) As-tu peur qu’ils recommencent? »
« C’est correct de pleurer, moi aussi j’aurais beaucoup de peine si ça m’arrivait. Prendrais-tu un bon chocolat chaud? »
PRENDRE POSITION CONTRE LA VIOLENCE!
Plus tard, lorsqu’il s’est complètement vidé le cœur et se sent un peu mieux, il est temps de revenir sur la situation. À ce moment, il est très important de prendre position contre la violence et signifier clairement à l’enfant qu’il n’a pas à tolérer qu’on lui fasse du mal, même verbalement. Le rassurer en lui disant qu’on trouvera ensemble une solution pour que ça cesse.
- Allez chercher ses solutions avant de proposer les vôtres.
- Ne jamais encourager un enfant à tolérer une situation de violence ni à se venger.
- D’autre part, il importe d’aider l’enfant à faire la part des choses car certains d’entre eux éprouvent parfois des difficultés à bien faire la différence entre une querelle ou une situation d’intimidation, entre une blague et des moqueries, entre un ami qui n’a pas envie de jouer avec lui aujourd’hui et du rejet, etc.
- Dans le cas de taxage (racket) et de violence physique majeure, il est important, de communiquer avec l’école ou avec les parents de l’agresseur. Les services de police devraient aussi être avisés et une plainte portée.
- Si on choisit d’aviser l’école, il est important d’impliquer l’enfant victime dans les démarches afin de lui redonner du pouvoir sur la situation. On doit absolument, comme parent, résister à la tentation de défendre soi-même l’enfant ou de faire soi-même les démarches pour faire cesser l’intimidation. On doit redonner le pouvoir à la victime en l’impliquant dans les décisions et en l’aidant à s’affirmer lui-même sinon la situation risque de se répéter et il sera toujours démuni devant les attaques des autres.
- Dans certains cas, une rencontre de plan d’intervention scolaire peut être pertinente.
- Lui apprendre à se défendre sans utiliser la violence : avoir une posture et un regard fermes, répliquer par des phrases courtes et cinglantes ou par l’humour, refuser d’être l’ami de celui qui nous a manqué de respect, etc.
- Travailler avec l’enfant sa posture, son regard et le ton de voix qu’il utilise lorsqu’il répond à ses intimidateurs afin qu’il dégage de l’assurance.
- L’idéal, c’est de faire des mises en situation avec l’enfant afin d’illustrer l’impact de diverses attitudes et afin qu’il s’exerce. Il sentira par ailleurs que vous prenez son problème au sérieux.
L’AIDER À SE FAIRE DES AMIS
Il est connu que les intimidateurs ont davantage tendance à s’en prendre aux enfants timides et isolés. Pour l’aider à se faire des amis, il peut être intéressant de lui montrer les habiletés de prise de contact (comment aller vers les autres, proposer un jeu, etc.) et l’accompagner dans ses premières expériences. Encouragez-le à inviter des amis à la maison ou dans les activités familiales. S’il a quelques alliés à l’école, il se sentira moins vulnérables et sera plus enclin à s’affirmer et se défendre.
L’intervention auprès des intimidateurs
Ceux qui intimident le font rarement sans raison. Et ce n’est pas quelques mesures punitives ou une suspension de quelques jours chez lui, qui suffiront à convaincre un intimidateur de cesser des comportements qui lui apportent pouvoir et considération de ses pairs. Ces jeunes et leur parents ont besoin de soutien professionnel afin de mieux cerner les raisons qui motivent l’enfant et entreprendre un travail afin d’aider le jeune à mieux répondre à ses besoins sans utiliser la violence.
L’intervention auprès des témoins !
Souvent les jeunes, témoins de violence psychologique, ne savent pas comment réagir devant la situation. Souvent par insouciance, parfois parce qu’ils ont peur de devenir eux-mêmes victimes, ils se rangent fréquemment du côté de l’agresseur. Plusieurs d’entre-eux en vivent par la suite une profonde culpabilité ou tout au moins un malaise persistant. La violence, même lorsqu’elle ne nous est pas destinée, laisse des traces.
- Sensibiliser les jeunes au vécu des victimes et à comment ils se sentiraient eux-mêmes s’ils étaient le personne ciblée.
- Encourager les jeunes à ne pas cautionner des comportements qu’ils jugent inadéquats, ne serait-ce qu’en riant des mauvaises blagues.
- Proposer aux témoins de simplement laisser entendre, par leur attitude non verbale, qu’ils considèrent les intimidateurs comme « insignifiants »
- Leur enseigner à soutenir les victimes en leur glissant de temps à autre, un mot d’encouragement « Ne t’en fais pas, il aime bien se trouver bon ! Ne l’écoute pas ! »
Puisque les enfants et tous les intervenants manquent d’information sur le sujet, la trousse d’intervention NON à l’intimidation comprenant le livre « Non à l’intimidation, j’apprends à m’affirmer », destiné aux enfants ainsi que le guide d’intervention pour adultes et le programme d’animation, tous trois publiés aux édition midi-trente, sera un outil particulièrement efficace afin de lui enseigner l’affirmation de soi et les habiletés sociales.
SOS Nancy a aussi mis sur pied le programme « Non à l’intimidation, j’apprends à m’affirmer », qui comprend une formation pour les enseignants et intervenants, une conférence destinée aux parents et des ateliers pour les élèves.
Le programme est disponible aux écoles qui désirent offrir aux parents, au personnel scolaire et aux élèves des outils efficaces afin d’aider les enfants à développer des aptitudes sociales d’affirmation de soi qui les aideront à faire face au rejet et à l’intimidation.
Source: http://lasolutionestenvous.com